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Une nouvelle thérapie par ultrasons non invasive pour traiter la sténose aortique

Une nouvelle thérapie par ultrasons non invasive pour traiter la sténose aortique

France – Des chercheurs français ont développé une thérapie par ultrasons non invasive pour traiter certains patients atteints de sténose aortique. Dans une petite étude publiée dans La Lancette, ils ont démontré son efficacité[1]. Le Pr Emmanuel Messas, cardiologue et co-fondateur de la start-up Cardiawave, qui a mis au point le dispositif, en explique le principe à Paysage médical.

La sténose aortique calcifiée touche environ 5 millions de patients en Europe et 5 millions aux États-Unis. « La valve aortique est une porte entre le cœur et l’organisme. Avec l’âge, elle peut se calcifier et la surface d’ouverture de la valve se rétrécit. La surface habituelle est de 2 à 3 cm² et on observe un rétrécissement sévère quand elle est inférieure à 1 cm². Dans ce cas, une opération est généralement nécessaire, car il y a un risque d’insuffisance cardiaque ou de mort subite », explique le Pr Emmanuel Messas, cardiologue à l’hôpital Européen Georges Pompidou et co-fondateur de la start-up Cardiawave.

Pendant des années, le traitement consistait en un remplacement de la valve par une chirurgie cardiaque avec circulation extracorporelle. Une valve biologique ou mécanique était insérée à la place de la valve défectueuse.

Ensuite, le Pr Alain Cribier, cardiologue au CHU de Rouen, a développé en 2002 le TAVI (remplacement aortique par voie percutanée), qui a permis de remplacer la valve par une intervention sans ouvrir le cœur, en passant par les artères, ce qui a permis de réduire les risques.

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« Mais dans ces deux cas, nous remplaçons la valve. Cependant, 10 à 20 % des patients ont des contre-indications à ces interventions. Notre objectif a donc été de trouver une alternative pour ces personnes », raconte le Pr Messas.

Une spin-off de l’hôpital Européen Georges Pompidou et du laboratoire Physique pour la médecine Paris a été créée pour développer cette solution : la thérapie par ultrasons non invasive.

« Nous préservons la valve native, mais nous améliorons sa fonction d’ouverture en envoyant des ultrasons avec un dispositif qui s’applique sur le thorax. Cela se fait avec une échographie qui permet un guidage en temps réel. Les ultrasons créent un phénomène de cavitation. Ils génèrent des bulles qui, en oscillant, créent des ondes de choc et provoquent des micro-fractures sur le calcium de la valve. Cela la ramollit et lui permet de mieux s’ouvrir », détaille-t-il.

Nous préservons la valve native, mais nous améliorons sa fonction d’ouverture en envoyant des ultrasons avec un dispositif qui s’applique sur le thorax

« C’est une technique assez simple à réaliser. Il suffit de placer le dispositif sur le thorax, de bien le positionner et de lancer les ultrasons. Elle nécessite sept séances de 10 minutes, ce qui, avec le temps d’installation, porte le temps d’intervention à environ deux heures », décrit-il. « Les limites de la technique sont de deux ordres : parfois nous ne voyons pas suffisamment bien avec l’échographie et parfois la valve est trop calcifiée et nous ne parvenons pas à la traiter ».

Amélioration de la surface d’ouverture de 10 à 15 %

Dans une étude publiée dans La Lancette, 40 patients ont été traités par cette technique en France, en Hollande et en Serbie. « Nous avions des patients très graves, qui avaient en moyenne 83 à 84 ans. Ils avaient une surface d’ouverture d’environ 0,5 cm². Il s’agissait de patients pour lesquels aucune autre technique ne pouvait être utilisée. Nous avons obtenu une amélioration de la surface d’ouverture de 10 à 15 %, ce qui suffit pour améliorer les symptômes », explique le Pr Messas. Les patients traités ont déclaré une amélioration de leur qualité de vie et une diminution de l’essoufflement à l’effort. Après 6 mois, les chercheurs ont observé une amélioration de la surface d’ouverture valvulaire de 0,1 cm². « Nous avons modifié l’histoire naturelle de la maladie, car en général cela diminue de 0,1 cm² par an », se félicite le Pr Messas. Depuis la publication, 60 patients supplémentaires ont été traités en France, en Hollande et en Allemagne.

« L’avancée apportée par cette technique, c’est que nous préservons la valve native du patient et nous la réparons de manière non invasive », estime le cardiologue.

Les prochaines étapes sont d’obtenir un marquage CE et de lancer une étude de faisabilité précoce aux États-Unis. Les indications pourraient inclure non seulement les patients qui ont des contre-indications à la chirurgie, mais aussi ceux qui ont une valve trop calcifiée et qui pourraient d’abord bénéficier d’un traitement par ultrasons suivi d’un TAVI. Ce nouveau traitement pourrait également être proposé à des patients jeunes, afin de repousser autant que possible la chirurgie interventionnelle.

Le Pr Messas estime le nombre de bénéficiaires potentiels à environ 1 million de patients en Europe 1 million aux États-Unis.

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2023-12-19 12:02:51

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