Thionville veut rentrer dans la Grande Boucle

Le souvenir demeure intact dans l’esprit de Pierre Cuny. En 1999, la caravane du Tour de France a stationné à Thionville. L’étape, en provenance d’Avesnes-sur-Helpe, avait livré un final explosif. Au terme d’un sprint exaltant, « Super Mario » Cipollini levait les bras au ciel en coupant la ligne d’arrivée : « Comment l’oublier ? », souffle le maire.

En 2019, il a tenté d’imiter le Transalpin en livrant une solide bataille pour faire revenir la Grande Boucle en ville : « Ce n’est pas passé loin… » Plus précisément à 198 km de la cité mosellane, du côté de Reims. En coulisses, l’ex-président de la région Grand-Est Jean Rottner plaidait pour la cause thionvilloise. À la photo finish, c’est finalement Arnaud Robinet, maire de Reims, qui a tiré le gros lot. De quoi asseoir la réputation de la cité des Sacres…

Esch-sur-Alzette dans la roue de Thionville ?

Cet échec consommé, le maire a décidé de se remettre en selle. Début 2024, il déposera une nouvelle candidature auprès de la société organisatrice du Tour de France, Amaury Sports Organisation (ASO). Dans son viseur, une arrivée ou un départ d’étape de l’édition 2025. Patrick Weiten, le président du Département, serait déjà dans la boucle.

Plusieurs facteurs expliquent le choix de cette échéance. Dans deux ans, Lille donnera le grand départ inaugural. Cette proximité géographique avec les Hauts-de-France permet d’envisager un crochet par la Moselle. Autre motif d’espoir : en 2025, Thionville sera en capacité d’absorber un évènement de cette envergure. Le complexe sportif Jean-Burger , flambant neuf, pourrait notamment se transformer « en centre de presse », imagine Pierre Cuny. Lequel n’exclut pas d’embarquer, dans sa roue, la ville luxembourgeoise d’Esch-sur-Alzette : « Je vais m’entretenir à ce sujet avec le nouveau maire. Sur le plan symbolique, associer nos deux villes de chaque côté de la frontière aurait de l’allure. »

110 000 € l’arrivée

Un écueil, toutefois, sur la route de cette quête : le coût de l’épreuve. En 2021, le montant s’élevait à 65 000 € pour un départ, 110 000 € pour une arrivée et 160 000 € pour un départ et une arrivée. Pour apprécier la dépense à sa juste valeur, il faut rappeler les retombées d’un passage du Tour de France. Si chaque année 200 villes candidatent, en moyenne, pour arracher un morceau du parcours, c’est avant tout pour la promesse d’un retour sur investissement à court terme. Hôtellerie, restauration, commerces : l’immense popularité de l’épreuve draine un public nombreux.

Le Tour assure un autre bénéfice : en termes d’image, difficile de faire mieux. Troisième évènement le plus diffusé au monde (derrière les JO et la Coupe du monde de football), la Grande Boucle génère une exposition médiatique sur le long terme. Que Thionville jouisse de son petit quart d’heure de gloire à l’échelle planétaire ne serait certainement pas pour déplaire à Pierre Cuny.