Le patrimoine catholique en France continue de décliner, face à des enjeux culturels et sociaux majeurs. Les cathédrales, les églises et les monuments religieux ont longtemps été considérés comme des éléments fondamentaux de l’identité française et de l’héritage culturel. Toutefois, ces dernières années, plusieurs études ont mis en évidence un changement majeur dans la relation des Français avec leur patrimoine catholique. Les raisons de ce déclin sont variées et complexes, allant d’un faible taux de fréquentation des lieux de culte à une évolution du rapport des jeunes générations à la religion. Dans cet article, nous allons explorer les différentes causes et les conséquences de ce déclin sur le patrimoine catholique de France.
Autour de l’église Saint-Clément, située dans le quartier Viauville à Montréal, des clôtures de métal signalent que la structure du bâtiment est fragile. À l’intérieur, une énorme fissure orne le mur où s’appuyait un orgue Casavant qui a été vendu. Bijou de l’architecte Joseph Venne inauguré en 1902, l’église est fermée depuis 2009 et n’est même plus chauffée depuis trois ans, ce qui fait que le rude climat attaque le bâtiment, qui dépérit rapidement. Plusieurs infiltrations d’eau sont également visibles, ce qui montre bien que le bâtiment se détériore de l’extérieur. Face à cette situation inquiétante, un groupe de citoyens nommé Comité station Viauville souhaite sauver l’église Saint-Clément, qui était autrefois le centre du quartier.
Marc-André Robertson, membre du Comité, explique que l’action est urgente : « On s’est dit, il faut prendre le taureau par les cornes! ». Le Comité souhaite redonner à l’église une partie de sa vocation initiale, qui était de rassembler les gens d’un quartier. Pour Émilie Therrien, également membre du Comité, l’église doit redevenir le centre de Viauville : « C’est toujours au centre des villages, des villes et des quartiers. Les gens ont besoin d’un lieu où se rassembler ».
Le bâtiment de 3200 mètres carrés offre toutes sortes de possibilités : une vocation sportive est possible au sous-sol, autrefois utilisé pour des matchs de lutte. Dépourvu de colonnes, le rez-de-chaussée pourrait avoir une vocation culturelle ou même alimentaire. Pour Phyllis Lambert, l’architecte montréalaise qui est membre du comité, les caractéristiques exceptionnelles de Saint-Clément permettraient de la requalifier : « Ça peut être un lieu de plaisir ou de réflexion très important. Si ce n’est pas la religion, ça peut être la musique, des conférences. Un lieu où on échange des idées. »
Dinu Bumbaru, porte-parole d’Héritage Montréal, partage également cet avis : « Il y a à peu près 200 municipalités qui sont devenues propriétaires au Québec. C’est certainement pour profiter de cette construction qui offre des volumes intéressants. Il y a des choses à faire avec ça qui ne sont pas juste de la prière. » Cependant, le défi est colossal, car le Québec compte un grand nombre d’églises, de mosquées et de temples qui se détériorent à vue d’œil. Avec la pandémie, les pratiquants sont devenus encore plus rares dans les églises. Les revenus ont baissé encore plus, ce qui accélère les déboires des fabriques qui sont propriétaires des églises catholiques.
Les chiffres du Conseil du patrimoine religieux du Québec sont clairs : en 2020, 699 lieux de culte étaient en mutation, soit 25 % du total. Deux ans plus tard, en 2022, on en comptait 762, soit 28 % du total. Malgré les investissements de 25 millions de dollars de Québec pour la restauration et la requalification de bâtiments religieux, cela reste peu étant donné l’ampleur des besoins.
À Saint-Clément, une requalification pourrait coûter des millions de dollars. Le Comité Station Viauville tente donc d’impliquer d’autres partenaires financiers afin de préserver ce bel édifice. Les citoyens cherchent encore les fonds pour faire les études préliminaires essentielles à la réalisation de ce grand projet. Un défi auquel font face toutes les communautés qui tentent de sauvegarder leur patrimoine religieux.
