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Toxoplasmose : dangereux pour les fœtus, pas besoin de se séparer de son chat

Toxoplasmose : dangereux pour les fœtus, pas besoin de se séparer de son chat

Toutes les femmes enceintes en ont déjà entendu parler, le dépistage sérologique étant obligatoire pour elles en France. La toxoplasmose, maladie assez fréquente et souvent bénigne — sauf pour les fœtus, d’où cette surveillance renforcée des futures mamans — vient d’un parasite que l’on rattache souvent au chat, pour la simple et bonne raison qu’il en est un hôte très fréquent. A quel point est-ce dangereux ? Faut-il se débarrasser de son félin ? On démêle le vrai du faux.

Rappelons d’abord de quoi on parle : le toxoplasma gondii, un parasite microscopique qui peut se développer dans les muscles et le cerveau de tous les animaux à sang chaud, et qui touche souvent des petites bêtes, comme des souris et des oiseaux, qui ont la particularité… d’être les proies des chats.

Une fois ingérés, les toxoplasmes vont se développer dans l’intestin de celui-ci, et être éliminés via les selles. Si l’herbe souillée est ingérée par des vaches, par exemple, la viande de ces dernières sera alors contaminée, et l’homme qui la mangera avec… Idem pour les fruits et légumes en contact avec de la terre souillée par des selles de chat.

À quel point est-ce dangereux ? En 2013, quatre biologistes de l’université de Californie à Berkeley ont publié une découverte étonnante et inquiétante. Les souris infectées par toxoplasma gondii perdent leur aversion pourtant innée et très marquée pour leurs prédateurs félins ! Dans certains cas, ce changement comportemental persiste même après un parasitage, lorsque l’inflammation liée à l’infection devient indétectable. « Il est possible que t. gondii provoque un changement permanent dans le cerveau lors d’une infection aiguë », concluent les chercheurs.

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Or, les humains sont, tout comme les souris, des hôtes intermédiaires de t. gondii. Entre un tiers et la moitié de la population humaine mondiale est infectée par le parasite, qui se loge dans les cellules de notre cerveau. En 2016, il était estimé qu’environ 32 % de la population adulte française était concernée, la grande majorité du temps sous une forme latente ne causant pas de symptômes apparents.

Se pourrait-il alors que des changements comportementaux se manifestent également chez les humains infectés par le parasite ? Que nous ayons, comme les souris, développé des tendances favorables à la reproduction de t. gondii, par exemple un attrait pour la compagnie des chats ?

Il est bel et bien démontré que t. gondii influence subtilement notre système immunitaire, lui permettant de prospérer dans notre organisme sans pour autant affecter significativement notre santé. « La régulation étroite de la réaction inflammatoire permet d’éviter qu’une réponse trop faible n’entraîne la mort de l’hôte, ou qu’une réponse trop forte n’empêche l’invasion », expliquent les chercheurs ayant contribué à la compréhension de ce phénomène, auteurs d’un article paru dans la revue Cell en 2016.

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De façon plus controversée, d’autres chercheurs établissent un lien entre la toxoplasmose et certains troubles psychiatriques, en particulier la schizophrénie, les troubles bipolaires, ou certaines tendances à l’agressivité. Une étude de 2015 pointe par exemple une prévalence de la toxoplasmose supérieure à la moyenne chez les personnes atteintes de schizophrénie et de troubles obsessionnels compulsifs.

Mais, à l’heure actuelle, les mécanismes derrière cette corrélation apparente ne font l’objet d’aucun consensus scientifique. La même année, une étude parue dans PLOS One concluait d’ailleurs à l’inverse, à partir d’un échantillon de 837 Néo-Zélandais dont 28 % ont été testés positifs à la maladie.

« Corrélation n’est pas causalité, et ce n’est certainement pas une raison pour se débarrasser de ses chats, déclarait ainsi Royce Lee, professeur de psychiatrie et de neurosciences comportementales à l’Université de Chicago, coauteur lui-même en 2016 d’une étude sur le lien entre toxoplasmose et agressivité. Nous ne comprenons pas encore les mécanismes impliqués : il pourrait s’agir d’une réponse inflammatoire accrue, d’une modulation directe du cerveau par le parasite, ou même d’une causalité inverse, selon laquelle les individus agressifs auraient tendance à avoir plus de chats ou à manger plus de viande pas assez cuite. »

Impossible donc, à l’heure actuelle, d’affirmer que la toxoplasmose influence de façon notable notre santé mentale… ni qu’elle est responsable de notre vénération pour les matous. Pour autant, l’infection par ce parasite n’est pas toujours sans danger. Les personnes infectées pendant ou juste avant la grossesse peuvent transmettre le parasite au fœtus, qui risque de développer des maladies du système nerveux et des yeux. Près de 3 000 cas de toxoplasmose congénitale ont ainsi été diagnostiqués depuis l’instauration de la surveillance en 2007 par le Centre national de référence sur la toxoplasmose.

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La maladie est parfois mortelle pour les personnes immunodéprimées (atteintes de sida, d’un cancer ou greffées), car elle peut réactiver des infections anciennement acquises. L’Anses recommande à ces catégories de la population d’adopter des gestes simples de prévention. Le parasite pouvant être présent dans la viande crue ou peu cuite, les huîtres, palourdes et moules, ainsi que sur les légumes ou les fruits insuffisamment rincés, il est recommandé de se laver souvent les mains lors de la préparation de ces aliments et de les cuire suffisamment.

Si vous habitez avec un chat, il est souhaitable de laver quotidiennement son bac à litière à l’eau bouillante, des parasites pouvant se trouver dans ses excréments. Et bien entendu, la crainte de la toxoplasmose ne devrait jamais motiver l’abandon de son animal de compagnie.
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