Son nom a retenti, samedi soir, au festival de la bande dessinée à Angoulême, et Marcello Quintanilha s’est retrouvé tout engourdi. « Quand on a attribué le Fauve d’or et que c’est mon nom qui a été cité, je n’y croyais pas en fait, parce que recevoir le Fauve d’or à Angoulême, c’est le point culminant de la carrière d’un auteur. »
Au téléphone, quelques jours après la cérémonie de remise des prix qui a récompensé son poignant, épique et solaire album Écoute, jolie Márcia, l’auteur brésilien n’en revient toujours pas. Avec son accent tout droit venu de Niterói, « une ville que personne ne connaît mais qui se trouve tout près de Rio de Janeiro », le dessinateur est heureux et tente d’analyser le choix du jury, qui, avec le Fauve d’or, a récompensé le meilleur album BD de l’année.
Sa carrière de dessinateur a commencé à 16 ans « Déjà en 2016, quand j’ai reçu le Prix du Polar à Angoulême pour mon bouquin tungstène, c’était incroyable parce que mes histoires, elles sont toujours basées sur la vie que j’ai connue au Brésil. Elles sont très brésiliennes et c’est étonnant pour moi que ces histoires parlent au public français et européen. »
Écoute, jolie Márcia n’échappe pas à la règle. Le récit, là encore, est très brésilien puisqu’on plonge dans la vie de Márcia, femme et mère courage. Márcia est infirmière et vit dans une favela à Rio avec son compagnon et sa fille de 16 ans, Jaqueline. La violence, la délinquance font partie de la vie quotidienne. En voyant sa fille adolescente mal tourner, Márcia décide de tout faire pour sauver Jaqueline. Écoute, jolie Márcia est un roman graphique haut en couleurs, en dialogues, en suspense, en sons. « Mais c’est un bouquin qui parle d’amour »résume Marcello dans un français presque parfait. « Tout l’enjeu du livre est de voir jusqu’où est prête à aller Marcia pour sauver son enfant. »
« Des histoires racontées dans une petite case » L’engouement de la critique et des fans de bande dessinée en Europe pour le travail de Marcello ne date pas d’hier. Aux éditions Çà et là, le dessinateur né en 1971 a déjà publié six albums. « Je dessine depuis toujours, continue Marcello. Je ne me rappelle pas d’un instant dans ma vie où je n’ai pas dessiné. C’est ma façon de m’exprimer. »
À 16 ans, il a présenté sa production à une maison d’édition de Rio, spécialisée dans la BD horrifique. « C’est une tradition très intéressante de la bande dessinée populaire au Brésil. » Passé par le dessin animé, il a commencé à travailler en Europe en dessinant sur la série Sept Balles pour Oxford. « C’est d’ailleurs grâce à cette série que je me suis installé en Europe, à Barcelone, parce que les deux scénaristes habitaient là. Depuis vingt ans, j’y habite aussi. »
Aujourd’hui, le travail de Marcello Quintanilha continue à étonner. Chaque album est différent du précédent. « J’essaye de réinventer un style à chaque fois. » Quand on lui demande de définir le style Quintanilha, l’intéressé fait un petit pas de côté. « Pour moi, ce n’est pas très important de donner un nom à mon travail, de définir un style. En brésilien, la traduction du terme bande dessinée, c’est littéralement : des histoires racontées dans une petite case. Et c’est exactement ce que je fais. »
« Écoute, jolie Márcia » de Marcello Quintanilha (traduction de Dominique Nedellec) aux éditions Çà et là. Samedi 26 mars de 15 h à 18 h, Marcello Quintanilha sera en dédicace exceptionnelle à la librairie Bédélire, 81, rue du Commerce à Tours.
2022-03-25 10:00:00
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