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L’impact de Helicobacter pylori sur le risque de maladie d’Alzheimer: étude de McGill

L’impact de Helicobacter pylori sur le risque de maladie d’Alzheimer: étude de McGill

Les pathologies gastriques, telles que les ulcères et les cancers de l’estomac, qui sont causées par la bactérie Helicobacter pyloriaugmentent le risque de développer la maladie d’Alzheimer, selon une étude observationnelle réalisée par une équipe de l’Université McGill et publiée ces derniers jours dans Alzheimer et démence, Le Journal de l’Association Alzheimer.

Les chercheurs de l’Université McGill s’intéressaient depuis quelques années à « l’hypothèse infectieuse ». Selon celle-ci, les infections qu’a eues une personne au cours de sa vie pourraient contribuer au développement de la maladie d’Alzheimer. Elles déclencheraient un processus inflammatoire qui favoriserait le dépôt de plaques amyloïdes dans le cerveau, caractéristiques de cette maladie neurodégénérative. Dans une étude précédente, ces chercheurs ont pu confirmer l’existence d’une association entre « le fardeau des infections antérieures et le développement de la maladie d’Alzheimer ». Mais parmi les diverses maladies infectieuses qu’ils ont examinées, la gastrite, une infection de la muqueuse de l’estomac, est apparue « plus fortement associée à la maladie d’Alzheimer » que les autres.

La gastrite étant causée par la bactérie Helicobacter pylori (H. pylori), ces scientifiques ont alors décidé d’étudier plus en détail ce possible lien entre H. pylori et l’alzheimer dans une population de plus de quatre millions d’individus âgés de 50 ans et plus. L’analyse des données de santé recueillies entre 1988 et 2017 auprès de cette population du Royaume-Uni a révélé qu’une infection symptomatique induite par cette bactérie accroît en moyenne de 11 % le risque de développer la maladie d’Alzheimer chez les personnes ayant franchi la cinquantaine. « Il s’agit d’une augmentation qui est modeste, mais qui est statistiquement significative, car on l’a décelée dans une grande population », affirme celui qui a dirigé l’étude, le D Paul Brassard, spécialiste en santé publique et en médecine préventive au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

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Les chercheurs ont également noté une variation de ce risque au cours du temps. En effet, le risque s’accroît jusqu’à l’atteinte d’un maximum de 24 %, dix ans après la manifestation clinique de l’infection par H. pylori. Ensuite, il diminue. « Cela veut peut-être dire qu’une décennie est le temps nécessaire pour induire un processus inflammatoire [notamment neuro-inflammatoire néfaste] ou l’érosion de la muqueuse gastrique qui compromettrait notamment l’absorption de la vitamine 12, dont un déficit est associé à la démence », avance le D Brassard.

Il ne suffit toutefois pas d’être infecté par la bactérie pour voir son risque d’alzheimer s’accroître, souligne le D Brassard. Il faut que celle-ci entraîne des symptômes cliniques, tels que des indigestions, des brûlures d’estomac, des ulcères ou un cancer gastrique. Or, ce n’est qu’environ 20 % des personnes qui sont porteuses de la bactérie qui vont finalement développer des signes cliniquement détectables.

On peut attraper H. pylori en consommant de l’eau ou des aliments contaminés. La bactérie peut également se transmettre d’une personne à l’autre par la salive. Au Canada, on estime que 20 à 30 % de la population est porteuse d’H. pylori. La prévalence de la bactérie est toutefois plus élevée chez les personnes âgées dont le système immunitaire est plus faible, chez les immigrants provenant de pays émergents, ainsi que chez les communautés autochtones qui vivent souvent à plusieurs sous le même toit, ce qui favorise la transmission intrafamiliale de la bactérie.

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Dans certains pays, comme la Chine, le Japon et la Corée, où la fréquence du cancer de l’estomac est particulièrement élevée, on expérimente un programme populationnel d’éradication de la bactérie H. pylori. On effectue des campagnes de dépistage de la bactérie, et quand une personne est infectée, on lui administre pendant 14 jours un cocktail d’antibiotiques qui élimine généralement la bactérie et qui prévient ainsi le développement d’un cancer gastrique.

Le rapport coût-bénéfice d’un tel programme a été démontré comme étant avantageux dans ces pays où le cancer de l’estomac est assez fréquent. Si le bénéfice s’avère intéressant pour les problèmes gastro-intestinaux, par ricochet, il pourrait également profiter à la population dans la prévention de la maladie d’Alzheimer, fait remarquer le D Brassard.

« Comme nous ne disposons toujours pas de traitements [efficaces] pour la maladie d’Alzheimer, on se concentre sur les facteurs de risque [qui sont modifiables] et sur les moyens de la prévenir », conclut-il.

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2023-12-22 08:01:07

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