Alors que la demande de gaz est en baisse, la France a augmenté ses importations de gaz naturel liquéfié, en même temps qu’elle s’est détachée du gaz russe, devenu indésirable depuis le début de la guerre en Ukraine. Il se trouve toutefois que le gaz liquéfié importé par la France vient aussi de Russie…
La France a suspendu les acheminements de gaz par pipeline, mais a augmenté ses importations de GNL, transporté par navire, notamment depuis la Russie. Les volumes importés par bateau ont ainsi augmenté de 41% entre janvier et septembre 2023 par rapport à la même période en 2021. Cela fait de la France le plus grand importateur de GNL en Europe. La Russie est en ce moment le deuxième plus gros fournisseur de GNL de l’Hexagone, derrière les États-Unis.
1,68 milliard de mètres cubes de GNL russe livré en 2022
Après avoir été refroidi à une température de -161°C, le gaz est transporté par voie maritime depuis l’usine de Yamal, un immense complexe de liquéfaction de gaz situé au cœur du cercle polaire arctique russe. En route vers le terminal méthanier de Montoir-de-Bretagne en Loire-Atlantique, l’hydrocarbure est acheminé par de grands bateaux brise-glaces. Selon l’IEEFA, 1,68 milliard de mètres cubes (bcm) de GNL russe ont été livrés sur les côtes françaises en 2022, avec 0,89 milliard de m3 supplémentaires entre janvier et juillet 2023. Le groupe de réflexion rapporte que les transbordements de Yamal vers Montoir-de-Bretagne ont augmenté de 150 % par rapport aux niveaux de 2021, et 2023 devrait poursuivre cette tendance à la hausse.
En 2022, le coût de l’importation de GNL en France a atteint un niveau sans précédent (environ 32 milliards d’euros). Par ailleurs, la France est le premier récepteur de GNL sur le continent européen, tous fournisseurs confondus. En outre, la France développe activement sa capacité d’importation de gaz naturel liquéfié pour distribuer ce carburant largement utilisé dans le monde entier. Un exemple récent de cet effort est l’inauguration du terminal flottant GNL de TotalEnergies, Cape-Ann, le 26 octobre dans la rade du Havre. Ce navire-usine innovant est capable de recevoir du GNL provenant d’autres navires, de le chauffer, puis de l’injecter dans le réseau de transport de gaz à terre.
En 2022, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont dépassé celles par pipeline en France, atteignant 369 TWh contre 266 TWh par tuyaux. Cependant, cette augmentation se produit malgré une réduction de la demande de gaz dans le pays, due à des facteurs tels que des conditions météorologiques plus clémentes et des changements d’habitudes liés à la hausse des prix de l’énergie et à l’efficacité énergétique promue par les autorités.
La consommation annuelle de gaz naturel en France se situe entre 37 et 43 milliards de mètres cubes au cours des dix dernières années, malgré les fluctuations économiques. En 2023, l’utilisation des terminaux méthaniers français a diminué par rapport à l’année précédente. Cette tendance se répercute en Europe, remettant en question la nécessité des 143 milliards de mètres cubes de nouvelles capacités d’importation de GNL prévues d’ici 2030.
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