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La doxy-PEP : une avancée majeure dans la prévention des IST

La doxy-PEP : une avancée majeure dans la prévention des IST

Des chiffres plus que parlants pour la doxy-PEP. Une dose unique de doxycycline, un antibiotique, prise après un rapport sexuel non protégé, a réduit de moitié l’incidence de la syphilis précoce et de la chlamydia chez les hommes gays et bisexuels et les femmes transgenres à San Francisco, ont annoncé lundi les responsables de la santé de la ville lors de la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI) à Denver.

Des résultats porteurs d’espoir alors que ces dernières années, les Etats-Unis connaissent une hausse importante des cas d’infections sexuellement transmissibles (IST) à travers le pays.

« Une sorte de pilule du lendemain contre les IST »

Cette stratégie préventive, baptisée doxy-PEP, a fait l’objet d’une campagne de prévention ciblée lancée en octobre 2022 par les services de santé publique de la ville de San Francisco. Dans ce cadre, des hommes gays et bisexuels et des femmes transgenres ayant des antécédents d’IST ou ayant plusieurs partenaires sexuels se sont vus remettre de la doxycycline, cet antibiotique à large spectre fréquemment utilisé.

Comment ce traitement fonctionne-t-il ? La doxy-PEP, abréviation de « prophylaxie post-exposition à la doxycycline », « signifie que la prise de l’antibiotique doxycycline a lieu après le rapport sexuel non protégé, pour empêcher certaines IST. Il s’agit en quelque sorte d’une pilule du lendemain, mais pour les IST, expliquent les services de santé de la ville de New York, qui ont observé de près les résultats de cette expérimentation. Un rapport non protégé est un rapport oral, anal ou vaginal au cours duquel un préservatif n’est pas utilisé pendant toute la durée du rapport ».

Les participants ont ainsi reçu la consigne de prendre deux comprimés de 100 milligrammes de doxycycline dans les 24 à 72 heures suivant un rapport sans préservatif. Et en un an, les nouveaux cas de chlamydia et de syphilis précoce ont diminué de moitié.

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Endiguer les IST

« Ce n’est pas subtil, c’est très rapide et nous en voyons le début, pas la fin, s’est réjoui le Dr Hyman Scott, directeur médical de la Santé publique de San Francisco, dans une interview. C’est ce que nous souhaitons pour la prévention des IST ».

Et en pratique, « ce n’est pas souvent dans le domaine de la santé publique qu’il y a une concordance entre les données de surveillance au niveau de la population, les observations des services cliniques et les résultats des essais cliniques, et ce en même temps », a renchéri le Pr Landon Myer, président de la CROI 2024 et de l’Université du Cap, lors d’un point de presse.

Pour le Dr Nicolas Dupin, dermatologue-vénérologue responsable du Centre de santé sexuelle de l’Hôtel-Dieu (AP-HP), « le port du préservatif est le moyen le plus efficace de se protéger des IST. Mais la doxy-PEP constitue l’une des approches chimiques de la prévention des IST. Une partie de la population à risque n’utilise pas systématiquement le préservatif.

En outre, beaucoup de ces IST peuvent se contracter par contamination orogénitale : des rapports sexuels qui sont moins à risque de contracter le VIH, donc d’autant moins protégés au sein de ces populations. Ce qui fait de la doxy-PEP un outil intéressant de prévention ».

Et outre-Atlantique comme partout à travers le monde, il y a urgence à endiguer la progression des IST. Aux Etats-Unis, la syphilis, quasi éradiquée dans le passé, a atteint le taux de nouvelles infections le plus élevé jamais enregistré depuis 1950, ont indiqué en janvier les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC). « La syphilis est une IST très contagieuse, due à une bactérie, le tréponème pâle, qui touche surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) », indique l’Assurance maladie. Si elle se soigne très bien à un stade précoce avec un traitement antibiotique, en l’absence de soins, la syphilis peut à un stade avancé « affecter le cerveau, les yeux, le cœur », et provoquer « démence, cécité, surdité », voire « entraîner la mort », prévient l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

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« On manque de recul sur les risques d’antibiorésistance »

La doxycycline a l’avantage d’être bien connue, puisque cet antibiotique est utilisé depuis des années pour lutter contre de nombreuses infections, des infections urinaires en passant par l’acné. En revanche, « la doxy-PEP est une nouvelle façon d’utiliser cet antibiotique, nous ne savons donc pas s’il existe de possibles effets à long terme », soulignent les services de santé publique de New York. Et « nous ne savons pas encore si la prise de doxy-PEP affectera les “bonnes” bactéries de l’intestin, ni si d’autres bactéries à l’origine des IST ou d’autres infections deviendront résistantes [à cet antibiotique]donc plus compliquées à traiter », reconnaissent les responsables de la santé de la ville de San Francisco.

Alors à quand la Doxy-PEP en France ? « Je ne pense pas que les recommandations des autorités sanitaires aillent en ce sens pour l’instant, parce qu’il y a encore des inconnues sur le risque d’émergence d’une antibiorésistance, estime le Dr Dupin. C’est tout le problème que pose ce traitement, déjà qu’en France il y a une augmentation de la résistance de la gonorrhée aux cyclines [cette classe d’antibiotiques à large spectre] assez importante. Cela pose aussi la question des risques à long terme de potentiellement voir émerger une résistance de la syphilis, de la chlamydia ou d’autres germes à cette famille d’antibiotiques. Or, à ce jour, on manque de recul sur les risques éventuels d’antibiorésistance ».

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En revanche, poursuit-il, « sur le terrain, je vois certains de mes patients les mieux informés qui prennent déjà la doxy-PEP de manière autonome, en dehors d’un avis et de recommandations médicales ».

Pas ou peu d’effet par la vaccination

Parmi les autres pistes pour la prévention de ces IST : la vaccination et le traitement après contamination, explorées dans le cadre de l’essai DOXYVAC dont le Dr Dupin est coauteur. « Les résultats finaux de l’essai montrent l’efficacité en post-exposition de la doxycycline sur la réduction de la survenue des infections à chlamydia, de la syphilis et à un moindre degré des infections à gonocoques », précisent les auteurs, confirmant les observations en vie réelle à San Francisco. « En revanche, ils ne permettent pas de conclure sur l’efficacité du vaccin contre le méningocoque B sur le risque de survenue d’infections à gonocoques ». Cette vaccination « n’a qu’un effet marginal, c’est une déception », confie le Dr Dupin.

Mais les recherches scientifiques se poursuivent. Dans le cadre de l’essai « SY-DOXY » mené par l’AP-HP et coordonné par le Dr Dupin, « nous allons inclure 200 participants d’une vingtaine de centres de santé sexuelle de France métropolitaine, mais aussi de la Martinique et de la Réunion, pour chercher à démontrer que l’on peut aussi utiliser la doxycycline pas seulement pour prévenir mais aussi pour traiter la syphilis à un stade précoce ».

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2024-03-07 11:04:00

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