James Webb détecte, en moins de cinq minutes, une immense colonne de vapeur d’eau émergeant d’Encelade

Déjà en 2005, la sonde Cassini de la NASA avait observé comment des particules glacées s’échappaient dans l’espace sous la forme de « jets », des jets qui émergeaient de fissures profondes dans la surface glacée d’Encelade. Mais les nouvelles données révèlent que le matériau atteint beaucoup plus loin dans l’espace cette fois qu’auparavant, à une distance équivalente à plusieurs fois le diamètre de la lune de Saturne, qui est de 504 km.

“C’est énorme”, a déclaré Sara Faggi, astronome planétaire au Goddard Space Flight Center de la NASA à Greenbelt, Maryland, lors de la conférence. Le chercheur a déclaré que tous les détails de la découverte seront publiés “très bientôt” dans un article scientifique.

Un lieu de vie ?

Encelade intrigue les astronomes depuis des années car c’est l’un des rares “mondes océaniques” du système solaire, ce qui en fait l’un des meilleurs endroits pour rechercher la vie en dehors de la Terre. Plusieurs décennies d’observations et de mesures ont déjà révélé que sous l’épaisse couche de glace à sa surface, d’environ 30 à 40 km d’épaisseur, Encelade abrite un vaste océan qui l’entoure complètement.

La découverte récente de preuves indiquant la présence d’évents hydrothermaux au fond de l’océan, similaires à ceux trouvés sur Terre, fait penser aux scientifiques que ces eaux pourraient être un refuge approprié pour la vie. Et pas seulement sous une forme microbienne, mais même à partir d’animaux plus complexes.

La matière océanique émanant des geysers d’Encelade, principalement à travers des fractures appelées “tiger stripes” autour du pôle sud de la lune, constitue ainsi un lien direct avec cet écosystème extraterrestre potentiel. Les panaches observés par Cassini contenaient des particules de silice qui ont probablement été transportées du fond marin par de forts courants. Cassini a survolé ces panaches à plusieurs reprises, mesurant des grains de glace et des produits chimiques bénéfiques pour la vie, tels que le méthane, le dioxyde de carbone et l’ammoniac.

En moins de cinq minutes

Mais il a fallu James Webb, à plusieurs millions de kilomètres d’Encelade, pour découvrir quelque chose que la mission Cassini, de son siège au premier rang, n’a pas vu. La sensibilité des instruments du nouveau télescope, en effet, a pu capter les particules projetées dans l’espace par des geysers à une distance de la lune qui a surpris les scientifiques.

C’était le 9 novembre dernier lorsque James Webb a brièvement “jeté un coup d’œil” sur Encelade, collectant des données pendant seulement 4,5 minutes. Peu de temps, mais plus que suffisant pour révéler la présence d’une énorme et glaciale colonne de vapeur d’eau projetée dans l’espace depuis la surface. Dans le futur article annoncé par Faggi, la quantité exacte d’eau expulsée et la température à laquelle elle se trouve seront connues.

Jmes Webb, explique Faggi, a également analysé le spectre de la lumière solaire se reflétant sur Encelade et a trouvé des preuves de nombreux produits chimiques, y compris de l’eau et d’autres composés qui pourraient indiquer une activité géologique ou biologique dans l’océan de la lune saturnienne. Et nous avons bien d’autres surprises”, a annoncé le chercheur.

nouvelles observations

Au cours des prochains mois, selon la liste des observations qui seront effectuées lors de la deuxième ronde de travaux du télescope spatial, James Webb se concentrera à nouveau sur Encelade, et cette fois il le fera beaucoup plus longtemps. Leur objectif sera de trouver des composés chimiques et organiques associés à l’habitabilité, comme le peroxyde d’hydrogène. Avec les données récemment révélées, celles obtenues dans un avenir proche seront définitives pour le développement d’une future mission pour atterrir sur Encelade et l’explorer, pour la première fois, “in situ”.

D’autres lunes glacées de notre système planétaire recevront également l’attention du télescope spatial. Au cours de la même conférence, en effet, le scientifique planétaire Gerónimo Villanueva, du Goddard Space Flight Center, a rapporté que James Webb avait également détecté du dioxyde de carbone sur la lune de Jupiter Europa. Quelque chose de vraiment excitant, car le carbone et l’oxygène sont deux composants essentiels à la vie sur Terre. La NASA lancera une mission sur Europe l’année prochaine pour explorer plus en détail ce monde océanique. “C’est définitivement une nouvelle ère dans l’exploration du système solaire”, a déclaré Villanueva.