Un éventail agité frénétiquement devant son visage, Adeline, 42 ans, entonne un cantique au milieu de centaines d’autres fidèles. Elle est venue du Blanc-Mesnil assister, dimanche dernier, à la consécration – un acte rituel où l’on voue un édifice à Dieu – de la nouvelle église Saint-Jean-XXIII, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
Adeline, qui appartient à la très croyante communauté haïtienne, apprécie ce nouveau lieu de culte « beau et simple ». « La religion nous permet de nous rattacher à quelque chose », glisse-t-elle en souriant. Autour d’elle, une majorité de catholiques issus de tous les continents. Tous les dimanches, ce sont eux qui emplissent les églises de Seine-Saint-Denis, alors que le diocèse recense « au total autour de 3 000 baptêmes par an (moyenne stable depuis plusieurs années)avec une diminution des baptêmes des enfants de moins d’un an au profit de baptêmes plus tardifs (enfants plus grands, adolescents et adultes) ».
Autant de fidèles accueillis dans 117 églises et chapelles. 76 églises, soit les deux tiers, ont été construites après 1905, année de la séparation de l’Église et de l’État, et sont donc gérées par l’association diocésaine. Les autres édifices religieux du département appartiennent aux communes ou à l’État, comme la basilique de Saint-Denis. « C’est une des particularités de notre diocèse, la majorité des églises lui appartiennent, ce qui alourdit sa charge financière », souligne-t-on au diocèse.
Comme pour chaque rénovation et construction d’édifice religieux, il peut compter sur l’aide des Chantiers du Cardinal. Grâce à ses collectes, l’association a soutenu le projet de Clichy, à hauteur de 800 000 euros. Mgr Delannoy a cependant lancé un nouvel appel aux dons, dimanche, pour boucler un budget dépassant les 3 millions d’euros.
Elle remplace la salle de prière, rasée pour le T4
En Seine-Saint-Denis, les Chantiers du Cardinal avaient également contribué à hauteur d’un million d’euros à la construction de l’église Saint-Paul-de-la-Plaine, à Saint-Denis. C’était il y a neuf ans. « Les constructions sont exceptionnelles dans la région car l’Île-de-France est plutôt bien dotée en édifices religieux. Aujourd’hui, il s’agit plutôt d’entretenir l’existant ou de réaliser des centres paroissiens ou des extensions. Cela dépend des besoins », précise l’association.
Le nouvel édifice de Clichy n’est pas à proprement parler un nouveau lieu de culte puisqu’il remplace la salle de prière Saint-Jean-XXIII, rasée pour faire passer le tramway T4. L’indemnité d’expropriation a permis de financer en partie la construction, complétée par de nombreux dons de fidèles. Il a fallu attendre trois avant que les paroissiens ne la découvrent.
Le nouveau bâtiment se singularise par son architecture contemporaine. Habillé de parements de bois clair et de parois vitrées, il a été conçu par les architectes Philippe et Olivier Roux, dans un style minimaliste. Ils voulaient que l’église « fasse penser à une étable ». Elle devait par ailleurs répondre à la fois à la spiritualité et à la sobriété énergétique de l’époque. De grands volets ajourés protègent ainsi les façades de bois.
La croix qui surmonte l’édifice indique qu’il s’agit bien d’un lieu de culte catholique, comme, sur la façade, la (très discrète) inscription « Église Saint-Jean Jean XXIII, pape de 1958 à 1963 ». Ses 650 mètres carrés abriteront le culte mais aussi une communauté de religieuses à l’étage.
Ce dimanche, plusieurs centaines de fidèles, prêtres, diacres et autres membres du diocèse ont assisté à la cérémonie, une minorité à l’intérieur de l’édifice, à la suite de l’évêque du diocèse de Saint-Denis-en-France, Mgr Pascal Delannoy. Les autres étaient à l’extérieur, à l’ombre des grands chênes de la forêt de Bondy, les yeux rivés sur l’écran géant qui retransmettait la célébration eucharistique.
Cet écrin est aussi un sanctuaire dédié à la Vierge Marie et le lieu du pèlerinage le plus ancien de France, vieux de huit siècles. Chaque deuxième dimanche de septembre, il rassemble quelque 2 000 fidèles. Pendant la célébration, Mgr Delannoy a rappelé la légende, ou le miracle, qui entoure ce site.
Un lieu de pèlerinage depuis le XIIIe siècle
En 1212, l’insécurité est grande dans la forêt de Bondy qui recouvre la région. « Sur le chemin, trois marchands angevins sont détroussés par des brigands et ligotés à des chênes. Ils ne doivent leur salut qu’à un ange envoyé par la Vierge Marie pour les délivrer », a conté l’évêque. Cette intervention divine fera naître une source qui coule toujours. C’est avec cette eau qu’il a procédé dimanche à l’aspersion des fidèles en passant dans les rangs avec le goupillon.
En remerciement de ce « miracle », les marchands feront édifier, au XIIIe siècle donc, la chapelle Notre-Dame-des-Anges. C’est à ses côtés qu’il a été décidé de construire l’église Saint-Jean-XXIII.
Maria, de la communauté tamoule (Sri Lanka), fait partie de l’équipe d’animation paroissiale. Elle y fera le catéchisme toutes les semaines. Après trois ans de chantier, des messes célébrées dans la petite chapelle et des fidèles éparpillés dans plusieurs églises, elle savoure le moment « de se retrouver tous ensemble ».
2023-09-13 10:00:00
1699755800
#SeineSaintDenis #nouvelle #église #bois #ravit #communauté #catholique #Cest #beau #simple