Chez les personnes âgées subissant une résection élective d’un cancer de l’abdomen, le délire postopératoire (POD) semble entraîner de mauvais résultats chirurgicaux, selon une récente étude taïwanaise.
L’étude a inclus 345 patients (âgés de ≥ 65 ans, 59,7 % d’hommes), chez qui la POD a été mesurée à l’aide de la méthode d’évaluation de la confusion. Des évaluations du délire ont été effectuées quotidiennement. Le cancer colorectal était l’indication la plus répandue (51,9 %) et la majorité avait une maladie de stade I. Les participants ont subi une intervention chirurgicale pendant une durée médiane de 276 minutes et ont perdu un volume sanguin médian de 50 ml.
Dans l’ensemble, 19 patients ont développé une POD, ce qui donne un taux d’incidence de 5,5 %. Un des patients avait un délire de grade I, caractérisé par un état confusionnel aigu. Les 18 patients restants ont été classés en délire de grade II, qui faisait référence à un état de délire qui limitait les activités instrumentales de la vie quotidienne en plus d’un état confusionnel aigu.
Une analyse de régression logistique a révélé que les patients âgés de ≥ 75 ans étaient plus de deux fois plus susceptibles de développer une POD (rapport de cotes ajusté [OR]2,11, intervalle de confiance à 95 % [CI], 1.03–4.27 ; p = 0,045), tout comme ceux qui avaient un score d’indice de comorbidité de Charlson ≥ 3 (OR ajusté, 2,37, IC à 95 %, 1,01-6,65 ; p = 0,041). Une durée opératoire ≥ 420 minutes augmentait également la probabilité de POD (OR ajusté, 3,85, IC à 95 %, 1,06–13,9 ; p = 0,04).
À leur tour, les personnes atteintes de POD présentaient un risque plus élevé de résultats chirurgicaux indésirables, tels que le décès à 90 jours (OR ajusté, 4,2, IC à 95 %, 1,0-17,9 ; p = 0,041), le séjour en unité de soins intensifs (OR ajusté, 3,9 , 1,5 à 10,5 ; p = 0,008), réadmission à 30 jours (OR ajusté, 2,7, IC à 95 %, 1,1 à 9,7 ; p = 0,039) et séjour prolongé à l’hôpital (>14 jours : OR ajusté, 2,8, IC à 95 % , 1,0–8,1 ; p=0,037).