2024-03-03 15:33:09
La tendance se concentre principalement sur les produits de la marque française Sephora, d’où son nom : les médecins mettent en garde contre les conséquences sanitaires et psychologiques pour les « Sephora Kids ».
Dans les clips, des jeunes de huit à douze ans posent devant le miroir, les cheveux bien attachés, et imitent des tutoriels de maquillage en exhibant leurs nouveaux produits cosmétiques. Comme de grandes influenceuses beauté, les « Sephora kids » testent des produits de marques de luxe, comme des crèmes hydratantes à 76 dollars (70 euros). “Comment ces petites filles peuvent-elles dépenser autant en soins de la peau ?”, a commenté une vendeuse de Sephora à propos des clips pour enfants sur Tiktok.
Produits totalement inadaptés à la peau des enfants
Les dermatologues ne croient pas à l’utilisation de crèmes et de lotions sur la peau des enfants. Les ingrédients tels que le rétinol ne leur conviennent absolument pas. Le dermatologue américain Danilo Del Campo en voit les conséquences dans sa pratique. «Les visites chez le médecin en raison de réactions cutanées provoquées par une mauvaise utilisation des produits ont augmenté», dit-il. “De nombreux influenceurs jouissent d’une plus grande confiance que les médecins. Et la plupart des parents ne sont pas conscients des risques.”
Avertissement des conséquences psychologiques
Le médecin ne se préoccupe pas seulement de la peau endommagée. Certaines filles souffraient également d’une faible estime d’elles-mêmes. “Ils pensent qu’ils doivent corriger des défauts esthétiques qui n’existent pas”, dit Del Campo à propos de ses expériences avec les enfants.
Les vendeuses des magasins Sephora ne sont pas non plus satisfaites des nouveaux jeunes clients. Dans des vidéos, ils montrent des coiffeuses vandalisées avec des produits renversés. L’entreprise, qui appartient au groupe de luxe LVMH, n’a pas répondu aux sollicitations de l’agence de presse AFP.
Certaines mères considèrent les vidéos de leurs filles comme un jeu inoffensif. Le psychanalyste Michael Stora, spécialisé dans les comportements en ligne, accuse les parents d’utiliser de telles vidéos pour transformer leurs enfants en fétiches. Les filles dans les vidéos “ne jouent pas avec des poupées comme on pourrait s’y attendre à leur âge : ce sont elles les poupées”, dit-il.
Représentation stéréotypée des filles et des femmes
De son côté, Solène Delecourt, de l’Université de Berkeley, en Californie, critique le fait que les clips “contribuent à une représentation très stéréotypée des filles et des femmes sur Internet”. Delecourt étudie les inégalités sociales et a publié une étude dans la revue Nature en février qui révèle que les images en ligne renforcent les préjugés sexistes, en particulier à l’égard des femmes. Les vidéos « Sephora Kids » les inquiètent d’autant plus. “Il ne s’agit pas de femmes, mais de petites filles qui subissent déjà ces fortes pressions sociales”, précise Delecourt.
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