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une pépite de la région occitane qui s’autonomise

une pépite de la région occitane qui s’autonomise

Créée en 1979 à Flourens, dans la banlieue Est de Toulouse, la société Erems (Etudes et Réalisations Electroniques et Micro-Systèmes) travaille principalement pour le secteur spatial. Pour le compte de grands donneurs d’ordres et d’agences spatiales, il a développé des équipements électroniques et logiciels associés pour plusieurs centaines de missions de tous types satellites d’observation (Spot 6 et 7, PeruSat 1, Pleiades Neo, MicroCarb, Copernicus…), satellites de télécommunications (Eurostar 3000, Spacebus Neo, Eurostar Neo, Iridium Next…), des programmes scientifiques à bord d’engins spatiaux habités (sur la navette spatiale américaine, la Station Spatiale Internationale ou encore le laboratoire chinois Tiangong 2) et des sondes interplanétaires (Soho, Rosetta, InSight, Hayabusa 2, Solar Orbiter, BepiColombo…). La PME, qui a connu une forte croissance ces dernières années, a réalisé en mars dernier un chiffre d’affaires de 17 millions d’euros, essentiellement dans le spatial, dont plus d’un tiers provient des activités du New Space. L’entreprise compte désormais un peu plus de 170 salariés et se tourne de plus en plus vers l’export, c’est pourquoi elle sera présente cette semaine au 73e Congrès International d’Astronautique à Paris. Pour accompagner cette dynamique, d’importants travaux dans ses locaux vont bientôt débuter.

Erems est un fleuron de la région Occitanie. Ce dernier a-t-il toujours le vent en poupe ?

Force est de constater que, depuis plus de quarante ans, notre entreprise s’est toujours positionnée comme un acteur de la région Occitanie qui, en matière d’espace, est championne d’Europe, si l’on peut dire. Nous avons ici toute la chaîne de valeur, de la conception à l’intégration, avec la fabrication d’infrastructures, et avec des industriels qui savent faire appel à nous. Il y a une concentration géographique des compétences, avec des entreprises traditionnelles, mais aussi des start-up qui s’installent désormais dans la région, comme Exotrail ou Loft Orbital. Pour notre part, nous sommes très favorables à tout ce qui est coopération et concurrence internationale, donc export : c’est une de nos priorités.

Cela explique votre présence à l’IAC ?

Oui. Nous avons participé en avril dernier au symposium de Colorado Springs et nous ne pouvions pas manquer le meeting IAC qui se tient cette année à Paris. Nous avons donc un stand de 9 mètres carrés sur l’île de l’Aerospace Valley, avec de nombreux acteurs français du spatial, notamment toulousains. C’est vraiment un endroit idéal pour établir de nouvelles coopérations internationales.

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Quels sont les prochains équipements Erems à lancer ?

Nous sommes à bord du satellite franco-américain d’altimétrie Swot, qui doit être lancé en décembre avec un SpaceX Falcon 9. En collaboration avec TAS Belgium, nous avons construit la RTU (Remote Terminal Unit), qui est au centre de la gestion de toutes les interfaces du sous-système. Swot permettra de surveiller l’ensemble du cycle de l’eau, des lacs et rivières aux mers et océans. Nous venons également de livrer les calculateurs des deux télescopes Eclairs et MXT (Microchannel X-ray Telescope) qui seront fournis par le Cnes pour la mission franco-chinoise Svom. Cette mission sera lancée en juin prochain sur une fusée Longue Marche, et permettra de mesurer très finement les sursauts gamma dans l’Univers. Enfin, je voudrais mentionner notre implication dans le RIU (Remote Interface Unit) de la mission Mars Sample Return de la NASA et de l’Agence Spatiale Européenne. Cet équipement, qui nous a été confié par Airbus, rassemble toutes les interfaces des différents sous-systèmes de l’orbiteur européen ERO (Earth Return Orbiter), et active les sous-systèmes en fonction des ordres donnés par l’ordinateur de l’engin spatial : c’est, je dirais , le bras droit de l’ordinateur. Typiquement, nous sommes là sur de l’électronique de la plus haute qualité compte tenu des enjeux de la mission.

L’observation de la Terre reste un secteur important pour vous ?

Clairement. Nous avons beaucoup investi dans ce domaine depuis 2005, et fourni de nombreux équipements électroniques pour la flotte d’Airbus Defence and Space, qui s’est achevée l’an dernier avec les Pléiades Neo 3 et 4, en attendant la nouvelle génération CO3D (Constellation Optical 3D, prévue pour 2024), sur laquelle nous travaillons actuellement : nous préparons les équipements des quatre premiers modèles de vol de la constellation, à savoir l’électronique de proximité des capteurs vidéo, la gestion du contrôle thermique de l’instrument optique, puis un des équipements de traitement d’image numérique et de mémoire de masse très avancés et performants. Et c’est là qu’Erems a une très forte valeur ajoutée par rapport aux acteurs traditionnels, mais aussi aux startups : notre capacité à maîtriser tout le cycle de conception d’un équipement utilisant les nouvelles technologies, et surtout à les valider. Car il ne suffit pas d’avoir la bonne idée d’utiliser tel ou tel composant électronique ; il faut aussi s’assurer que le composant résistera à toutes les contraintes de l’environnement spatial.

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Vous avez aussi mis un pied dans le New Space ?

Oui, c’est un point important pour nous : nous avons fait un grand virage vers le New Space, qui complète et amplifie nos activités. Nous avions commencé avec Angels, le premier prototype de nanosatellite de la filière française, lancé en 2019, pour lequel nous avions développé et miniaturisé le module de distribution électrique PCDU (Power Conditioning and Distribution Unit), en utilisant des composants commerciaux et en qualifiant ces composants au rayonnement. Depuis lors, nous avons contracté tous les équipements de distribution d’énergie qui se trouvent à bord des 25 nanosatellites d’Hemeria pour la constellation Kineis Internet of Things. Aujourd’hui, nous commençons à toucher, je dirais, des constellations de taille moyenne. Cet été, nous avons été sélectionnés pour trois appels à projets sur les nouvelles technologies pour les petites constellations de nanosatellites, pour développer de nouvelles architectures pour le stockage de masse, l’électronique de proximité des capteurs vidéo haute résolution et les technologies de distribution d’énergie.

Alors votre R&D est un atout ?

Sûrement. Lors de la dernière conférence SmallSat à Logan, l’une des questions soulevées était le problème de l’augmentation à venir des éruptions solaires dans les prochaines années, qui ne manquera pas de mettre en danger les instruments à bord des satellites si des précautions ne sont pas prises, notamment sur les nouvelles technologies spatiales. C’est là qu’Erems a vraiment une carte à jouer, car lors de nos conceptions, nous avons des experts en interne sur tout, de l’analyse électrique à l’analyse de fiabilité en passant par la radioprotection. Et nous avons la capacité, avec le soutien de partenaires locaux, de mener des recherches et des tests pour trouver les bons composants qui résisteront aux radiations. Dans tous les cas, il nous semble important que les acteurs traditionnels du spatial et les nouveaux entrants travaillent ensemble pour apporter des solutions innovantes au service des ambitions de l’espace européen.

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Le retour sur la Lune peut-il être une opportunité pour vous ?

Le programme Artemis représente bien sûr un enjeu certain pour nous. Depuis le début, nous avons toujours été impliqués dans des programmes d’exploration du système solaire et des vols habités : nous avons des équipements sur Mars, d’autres qui sont partis vers Mercure, certains qui orbitent autour du Soleil. La Lune nous intéresse donc à plusieurs titres : la partie station lunaire, sur laquelle travaille Thales Alenia Space, mais aussi le programme d’atterrisseur EL3 de l’ESA, sur lequel nous nous positionnerons clairement – sous réserve, bien sûr, des décisions de la réunion de novembre conférence ministérielle. En ce moment, nous avons des discussions sur plusieurs sujets pour des coopérations potentielles avec Sodern, avec TAS…

En attendant, vous avez des préoccupations très terre-à-terre…

Oui, nous allons commencer les travaux dans nos locaux en novembre. Il s’agit de réaménager le bâtiment actuel et de construire une nouvelle aile, en tenant compte des enjeux environnementaux, puisque nous disposerons d’une grande surface photovoltaïque pour nous alimenter en électricité. Cela nous permettra de mieux accueillir les 180 personnes qui travaillent aujourd’hui sur site (y compris l’assistance externe), mais aussi d’optimiser les flux, avec l’objectif d’augmenter fortement notre capacité de production actuelle, de continuer à répondre aux besoins de nos clients, aussi bien anciens et nouveau. Cela représente un investissement de plus de 5 M€, qui nous permettra d’avoir une surface d’un peu plus de 4 000 m2, avec une taille de salles blanches qui sera doublée (environ 500 m2).

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