une nouvelle venue indésirable en France, on vous dit comment la gérer

La punaise de lit occupe le devant de la scène médiatique. Mais avec l’arrivée de l’automne, certains autres insectes envahissent l’intérieur des maisons. C’est le cas des punaises d’Asie, dites punaises diaboliques qui cherchent à hiverner. Mais attention rien à voir avec la punaise de lit.

“Y’en a partout… dès que tu lèves un objet” ! Dans la voiture, sur les murs de la maison… de nombreux internautes signalent la présence de la punaise dite diabolique.

Est-elle dangereuse pour l’Homme ? comment l’éradiquer ? Réponses avec Jean-Claude Streito, entomologiste, spécialiste de l’Halyomorpha halys, punaise d’Asie dite punaise diabolique à l’Déraisonnable (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement).

Depuis quand est observée cette punaise en France  ?

On a trouvé cette punaise d’origine asiatique pour la première fois en France en 2012 en Alsace. Précédemment, elle avait été observée à Zurich dans un jardin botanique. On pense qu’elle a été introduite par des poteries venues d’Asie. On a suivi son expansion grâce à une application de sciences participatives développé par l’Inrae, AGIRapplication dédiée aux insectes introduits ou espèces invasives ayant des répercussions fortes (ou susceptibles d’en avoir) sur la santé des végétaux, la santé publique, ou sur leurs proies ou leurs hôtes. Les gens nous envoient des photos et nous pouvons ainsi la suivre partout en France. Il n’y a guère que l’extrême ouest de la Bretagne où elle ne nous a pas été signalée. Par exemple dans le Tarn, elle est arrivée en 2018.

Qu’a t-elle de différent par rapport aux autres punaises ?

Elle n’a pas grand chose de différent.On la reconnaît à sa carapace un peu dure et mesure environ 12-17 mm. À l’automne, on a habituellement des espèces de punaises qui entrent dans les maisons pour hiverner, notamment une punaise verte (Nezara viridula) et une autre grise (Nezara viridula). Et s’ajoutent depuis une dizaine d’années, les punaises diaboliques. Celles-ci produisent des phéromones d’agrégation et quand elles trouvent un endroit qu’elles aiment bien, elles arrivent à plusieurs et cela peut être très gênant. Il y a des maisons qu’elles préférent, on ne sait pas pourquoi. On ne sait pas expliquer pourquoi certaines maisons sont envahies, celle d’à côté n’en a pas beaucoup, voire pas du tout. Elles ressortent du domicile dès qu’il refait chaud, sans s’être reproduites.

On la retrouve aussi dans les voitures ?

Ce n’est pas étonnant, car elles recherchent des endroits abrités. Cette espèce est surveillée au niveau mondial. Certaines zones sont encore préservées comme l’Australie. Le pays a renvoyé plusieurs bateaux contenant des voitures neuves car il y avait des punaises diaboliques à l’intérieur des véhicules. Cela a été le cas aussi en Nouvelle-Calédonie.

Ont-elles comme les punaises de lit des conséquences pour l’Homme ?

Elles sont sans danger pour l’Homme, contrairement aux punaises de lit, qui vivent dans les maisons toute l’année et se nourrissent de sang. Elles causent cependant des dégâts sur les arbres fruitiers, les pommes, les poires, les kiwis, les noisettes et les légumes. Ils seront tordus. Il n’y a aucun danger à les consommer, excepté qu’ils n’auront pas bon goût.

Que conseillez-vous aux particuliers qui se disent envahis ?

De les aspirer et de congeler le sac d’aspirateur pour les tuer avant de s’en débarrasser ou de vider le contenu de l’aspirateur dans un sac papier avant de le mettre aux ordures ménagères si elles sont incinérées. Il n’y a pas moyen de traiter la source car elles arrivent de différents endroits. On peut poser des moustiquaires ou les écraser sauf qu’elles ne se privent pas d’utiliser leurs glandes odorantes et ce n’est pas très agréable !

Allez-vous poursuivre sa surveillance ?

Nous allons sans doute bientôt l’arrêter car l’invasion est presque terminée.On a enregistré 5000 signalements sur l’application dont la moitié concerne la punaise diabolique partout en France. Il restera l’ application de sciences participative du  Muséum national d’Histoire naturelle, INPN espèces, qui permettra de continuer à la signaler. A l’Inrae, on va continuer à travailler dessus pour essayer d’enrayer les dégâts observés sur l’agriculture. Un programme de lutte biologique est en cours à l’aide d’une petite guêpe, nommée la “guêpe samouraï” qui pond dans les œufs de la punaise diabolique. Elle est élevée dans les centres Inrae d’Antibes.Il est prévu d’en faire un lâcher l’année prochaine. On espère que cet insecte régule les populations de punaises diaboliques et de revenir à un niveau plus bas.