Je reste profondément attristé d’apprendre le décès de Fali S Nariman, figure marquante de la fraternité juridique et défenseur des valeurs constitutionnelles et humaines. Il est décédé à l’âge de 95 ans, laissant derrière lui un héritage de réalisations remarquables et un profond impact sur le système judiciaire du pays.
Fali S Nariman était un juriste par excellence, un avocat principal à la Cour suprême depuis 1971 et un ancien président de l’Association du barreau indien de 1991 à 2010. Il a reçu le Padma Vibhushan, le prix Gruber pour la justice et un nomination au Rajya Sabha pour ses services distingués à la nation.
C’était un homme de principes, d’intégrité et de courage, qui a démissionné de son poste de solliciteur général supplémentaire de l’Inde pour protester contre l’état d’urgence en 1975. Il était passé maître dans l’art du plaidoyer et a défendu plusieurs affaires marquantes devant la Cour suprême, telles que comme le cas Kesavananda Bharati, le cas SP Gupta et le cas de la tragédie gazière de Bhopal. Il a été un mentor et une source d’inspiration pour des générations d’avocats, qui ont appris de sa sagesse, de son éloquence et de son humilité.
Il n’était pas seulement une sommité juridique, mais aussi un humanitaire, un philanthrope et un prêtre Parsi. C’était un mari aimant, un père fier et un grand-père dévoué. Il était un ami et un guide pour beaucoup, à qui sa présence et sa voix manqueront.
J’ai eu le privilège de connaître Fali personnellement et professionnellement pendant de nombreuses années. Je me souviens avec tendresse des nombreux déjeuners que j’ai partagés avec lui et mon aîné, M. Tehmtan Andhyajuna, un autre éminent défenseur, au India International Centre, où ils m’ont régalé de leurs anecdotes, de leurs idées et de leur humour. Ils ont toujours été généreux de leur temps et de leurs conseils, et n’ont jamais hésité à prêter main-forte à toute personne dans le besoin. Comme son ami, Fali était également un véritable « tehmtan », le terme parsi désignant une personne noble.
L’un des sujets dont nous avons souvent discuté concernait les aspects les plus subtils de la constitution indienne, dont Fali était un expert. Il avait une compréhension et une appréciation profondes des valeurs et des principes constitutionnels qui ont façonné la politique et la démocratie indiennes. Il était un ardent défenseur de la doctrine de la structure de base, qu’il a contribué à établir dans l’affaire Kesavananda Bharati, et qui protège les éléments essentiels de la constitution contre toute modification par le Parlement. Il a également vivement critiqué le système de nomination des juges, qui, selon lui, manquait de transparence et de responsabilité, et qu’il a contesté dans l’affaire SP Gupta.
Les contributions de Fali au droit indien sont immenses et inestimables. Il a enrichi la jurisprudence constitutionnelle et la profession juridique de son génie et de son intégrité. Il a défendu l’état de droit et la dignité de l’individu avec son courage et sa compassion. Il a illustré l’esprit de Tehmtan avec sa noblesse et sa générosité.
Un autre aspect de la personnalité de Fali que j’admirais était son amour pour la lecture. Il disait que la meilleure façon de tuer le temps était de lire. Il était un fervent lecteur de livres, journaux, magazines et revues, couvrant un large éventail de sujets et de genres. Il possédait une collection de livres vaste et variée dans sa bibliothèque, qu’il partageait généreusement avec ses amis et collègues. Il avait toujours envie d’apprendre de nouvelles choses et d’élargir ses horizons. Il croyait que la lecture n’était pas seulement une source de plaisir et de connaissances, mais aussi un moyen d’améliorer ses compétences et d’aiguiser son esprit. Il citait souvent ses auteurs et ses livres préférés et les suggérait à d’autres. Il aimait particulièrement les œuvres de Jawaharlal Nehru, Winston Churchill, Mahatma Gandhi et RK Narayan.
Fali a également apporté des contributions exceptionnelles à la Supreme Court Advocates-on-Record Association (SCAORA) pour laquelle il était l’avocat dans l’affaire Supreme Court Advocates-on-Record Association c. Union of India, 1993 (4) SCC 441, où il a contesté avec succès l’opinion majoritaire dans l’affaire SP Gupta et a établi la primauté du juge en chef de l’Inde dans les nominations judiciaires. Il a également été l’architecte de la contestation réussie de la SCAORA contre la Commission nationale des nominations judiciaires (NJAC) dans l’affaire intitulée Supreme Court Advocates-on-record Association & Anr. contre Union of India ((2016) 5 SCC 1), qui cherchait à remplacer le système collégial par un organe de six membres comprenant le juge en chef de l’Inde, deux juges les plus hauts placés de la Cour suprême, le ministre de la Justice et deux personnalités éminentes. Il était une force directrice pour la SCAORA et ses membres, qui l’admiraient pour son leadership et sa vision.
Je rends mon plus sincère hommage à Fali S Nariman, une légende du droit et un leader du barreau. J’exprime mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses collègues.
L’auteur est avocat à la Cour suprême de l’Inde et secrétaire de la Supreme Court Advocates-on-Record Association (SCAORA).
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