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Transition énergétique en Suisse : les Alpes sont conquises

Transition énergétique en Suisse : les Alpes sont conquises

2024-03-17 13:32:56

Romed Aschwanden est historien et directeur général du WWF Zoug.

Une fois de plus, les hommes politiques suisses pensaient que la solution au problème énergétique du pays résidait dans Alpes. À l’automne 2022, le Parlement s’est prononcé sur ce que l’on appelle l’express solaire. Une loi qui facilite la construction de systèmes photovoltaïques à grande échelle en montagne. Sans de longues procédures de planification, deux térawattheures d’énergie solaire devraient être ajoutés rapidement et avec le moins de bureaucratie possible et le déficit énergétique hivernal imminent devrait être comblé. À cela s’ajoutaient de nombreuses subventions et une atmosphère de ruée vers l’or se répandait parmi les compagnies d’électricité.

Mais le solaire express est au point mort. Dans les communes de montagne les unes après les autres, notamment à Surses dans le canton des Grisons, les électeurs ont rejeté de nombreux projets d’énergie solaire au cours des dernières semaines et des derniers mois. Comment ça se fait?

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Une thèse courante est la suivante : les régions de montagne se défendent contre les projets « néocoloniaux » à grande échelle des géants de l’énergie des plaines, contre BKW, EWZ, Axpo et Cie. Cela semble convaincant, car des entreprises locales comme Graubünden Repower réussissent d’avance à Laax ou à Energia Alpina à Tujetsch à faire passer leurs projets sans résistance lors des réunions communautaires.

Cependant, le récit Unter contre Oberland omet certains aspects importants. Pour comprendre pourquoi la construction de grandes installations photovoltaïques est difficilement acceptée par les locaux, il faut remonter aux années 1970. Après la fin de « l’âge d’or de la construction de barrages », comme l’appelait un jour l’historien genevois François Walter, presque toutes les vallées alpines propices furent inondées par un réservoir. Dans le même temps, la valeur paysagère des vallées alpines restantes, peu utilisées et sous-exploitées, a reçu une importance beaucoup plus grande.

En 1970 déjà, Erich Schwabe, rédacteur au Département du patrimoine suisse, ne tarissait pas d’éloges sur la façon dont les plans d’eau artificiels d’un réservoir perfectionneraient un paysage de montagne. Il importait désormais de préserver ces paysages imparfaits. Une large alliance a empêché de nombreux projets de centrales hydroélectriques, par exemple sur le plateau de Greina dans les Grisons.

Depuis lors, aucun projet énergétique majeur n’a été construit dans les Alpes suisses. Mais pas non plus de projets de protection de la nature. Les électeurs de Zernez ont empêché l’agrandissement du Parc national suisse en 2000. Un sort similaire est arrivé au Parc Adula, qui était destiné à créer un deuxième parc national. En 2016, le projet a été rejeté par de nombreuses collectivités locales.

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L’attitude négative des montagnards à l’égard des grandes idées s’explique par une idée largement partagée : les Alpes ont été conquises. Là où pouvait se trouver un hôtel panoramique, il existe désormais un hôtel panoramique ; Là où il y a de la place pour une zone protégée, celle-ci est supprimée ; Là où une vallée se prête à l’hydroélectricité, il y a maintenant un barrage.



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