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si le cloître m’était conté…

si le cloître m’était conté…

Nouveau volet de notre série viennoise “Histoire(s) de ma ville”. Celui-ci est consacré au cloître de Saint-André-le-Bas.

Françoise Puissanton

03 juin 2023 à 18:33

| mis à jour le 03 juin 2023 à 18:36

L’intéressante exposition Traces et trames qui se tient actuellement dans les salles jouxtant le cloître de Saint-André-le-Bas à Vienne [lire notre édition du lundi 22 mai] offre l’occasion d’évoquer ce monument du XIIe siècle, le seul cloître complet qui subsiste dans la ville.

Placé tout à côté d’une église ou d’une chapelle, le cloître est alors à la fois un lieu fermé et coupé du monde (c’est l’origine de son nom) et le centre de la vie communautaire, espace sur lequel donnent le réfectoire, la salle capitulaire, la sacristie, le chauffoir… C’est pour cela qu’un second cloître, plus petit, est généralement réservé aux abbés et aux dignitaires.

Il est bien difficile de dénombrer combien notre ville possédait de cloîtres. Assurément, un grand nombre, sans doute plusieurs dizaines, puisque chaque établissement monastique en possédait un, parfois deux. Nombreux étaient les cloîtres autour de la cathédrale Saint-Maurice.

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Le nom d’une artère reliant la rue Juiverie et la rue Calixte II (rue des Cloîtres, au pluriel) rappelle leur existence. Le cloître principal, celui de la primatiale (emplacement de l’actuelle place Saint-Paul), nous est connu par une gravure ancienne.


Le cloître avant 1935 (photo anonyme). Photo collection Amis de Vienne

Pillé, puis vendu

Le cloître de Saint-André-le-Bas, le seul restauré en l’état, connaît bien des vicissitudes, puisqu’il est pillé à plusieurs reprises, notamment par le tristement célèbre baron des Adrets. À la Révolution, les bâtiments de l’abbaye sont vendus aux plus offrants.

En 1801, les francs-maçons viennois installent leur loge dans le cloître, mais le mauvais état des lieux les pousse à s’installer ailleurs en 1814. Des travaux menés vers 1860 par une certaine Mme Guillemaud transforment l’ensemble en immeuble de rapport, en démontant une partie des colonnades.

Il faut attendre le XXe siècle et l’action décisive de la société Les Amis de Vienne, qui en accord avec la Ville rachète des bâtiments, pour permettre la remise en état des lieux, entre 1920 et 1935. Celle-ci est menée par Jules Formigé (1879-1960), architecte en chef des Monuments historiques, à qui l’on doit également la restauration du Théâtre antique. Les Amis de Vienne obtiennent que les colonnettes qui ont été démontées au XIX siècle soient restituées et remises en place.

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Un musée d’art chrétien est créé en 1938. Il sera fermé quarante ans plus tard et remplacé par des salles accueillant des expositions temporaires.

Petite chronologie du cloître de Saint-André-le-Bas

➤ VIIe siècle : fondation de l’abbaye par le duc Anselmond.

➤ IXe siècle : le monastère est chapelle des rois de Bourgogne.

➤Xe siècle : l’abbaye adopte la règle bénédictine.

➤ XIIe siècle : la construction du cloître.

➤ XIIIe siècle : l’abbaye est très florissante.

➤ XVIe siècle : pendant les guerres de Religion, l’abbaye est pillée et les bâtiments saccagés par les protestants.

➤ XVIIe siècle : le cloître subit des modifications.

➤ XVIIIèmee siècle : l’abbaye est en déclin.

➤ Révolution : les bâtiments sont vendus au plus offrant.

➤ 1801-1814 : une loge maçonnique occupe les lieux.

➤ 1860 : les bâtiments sont transformés en immeuble de rapport.

➤ 1928 : Les Amis de Vienne rachètent ce qui reste du cloître.

➤ 1928-1935 : restauration du cloître.

➤ 1938 : création du musée d’art chrétien.

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➤ 1954 : classement du cloître comme Monument historique.

➤ 1978 : fermeture du musée d’art chrétien.

➤ 2010 : nouvelle restauration du cloître.

Les cloîtres viennois aujourd’hui disparus


Gravure du XVIIIe siècle représentant le cloître de Saint-Maurice. Photo archives Le DL/jean-Yves Estre

D’autres cloîtres, il ne reste rien, comme le grand cloître de la primatiale Saint-Maurice ou celui de Notre-Dame de L’Isle, que nous ne connaissons que par une gravure datant de 1789. Il était magnifique, avec de somptueuses colonnettes de marbre blanc et fut entièrement détruit par un incendie en 1822.

Certains cloîtres sont encore partiellement visibles, transformés en cour intérieure, comme celui du couvent des Cordeliers à Sainte-Colombe, qui est aujourd’hui la cour d’honneur de l’institution Robin. Ou encore le cloître des Carmes, qui a retrouvé une partie de son aspect d’antan grâce à la famille propriétaire des lieux et qui accueille parfois des concerts.

Cela n’a pas été le cas pour tous. Celui de l’abbaye des dames nobles de Saint-André-le-Haut, où ont eu lieu des fouilles, abritait il n’y a pas si longtemps des garages, et aujourd’hui, il est toujours en attente d’une restauration.

2023-06-03 07:33:44
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