Est-ce un tournant pour le droit de la grève en Belgique ? Selon l’enquête menée pour le podcast “Le Tournant”, il semble que oui, pour quatre raisons en particulier.
Tout d’abord, l’absence de balises précises dans la loi et la constitution pour ce “droit de grève” en Belgique a longtemps permis aux syndicats d’en défendre une acception assez large. Cependant, les cours et tribunaux délimitent aujourd’hui un périmètre assez restrictif à la grève. De plus, le modèle de concertation sociale à la belge est actuellement grippé. Les “fruits de la croissance” que patronat et syndicats se partageaient par le passé sont de plus en plus maigrelets, et les concurrences entre États, induites par le marché unique européen, ont conduit à un corsetage de plus en plus strict des salaires qui rend très compliqué désormais la conclusion d’accords interprofessionnels entre représentants des employeurs et des travailleurs.
En outre, la manière dont la grève est traitée dans les médias évolue également : la grève est de plus en plus traitée sous l’angle de ses conséquences pratiques, ce qui laisse souvent au second plan le fond des revendications qui ont conduit à l’action. Enfin, il existe aujourd’hui une différence d’échelle entre les grandes entreprises multinationales et les systèmes de concertation sociale qui restent eux construits à l’échelle des États. Les rapports de force sont alors modifiés et les syndicats ont moins d’influence dans le bras de fer entre capital et travail.
Malgré cela, il est important de souligner que cela change les équilibres de notre démocratie sociale à la belge. Pour en savoir plus sur le sujet, il est possible d’écouter le dernier épisode du podcast “Le Tournant”.
