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Réflexions sur 20 ans de “Tout le monde en parle” et l’étoile du match

Réflexions sur 20 ans de “Tout le monde en parle” et l’étoile du match

Tout le monde en parle, dont on célèbre dimanche le 20e anniversaire sur ICI Télé, est alors parmi les émissions les plus regardées. Et chaque fois que j’écris sur l’émission, le nombre de clics explose.

En entrevue, Dany Turcotte dit un peu partout que les journalistes couvrent l’émission comme les commentateurs sportifs le font avec le hockey. Je décide donc de prendre l’idée au vol et d’attribuer chaque semaine une étoile du match à l’invité qui s’est démarqué le plus à l’émission.

Pas à la personne avec laquelle je suis le plus d’accord ou qui partage mes valeurs, mais celle qui a offert la meilleure performance, qui m’a ému ou inspiré ou fait rire, ou tout ça à la fois.

Je me souviens que l’idée a fait boule de neige et suscité aussitôt la curiosité. Véronique Cloutier l’a même évoquée dans un segment complètement délirant de l’émission.

Dès la publication de l’étoile du match en fin de soirée, les lecteurs approuvent ou contestent mon choix. Je deviens alors trop gauchiste, trop péquiste, trop libéral. Si j’en attribuais encore aujourd’hui, on me dirait sans doute trop réveillé.

Dany Laferrière et Patrick Lagacé sont ceux à qui je l’ai décernée le plus souvent : trois fois. Michel Jean, Normand Brathwaite, Farah Alibay, Gabriel Nadeau-Dubois, Michèle Ouimet, Jean Cournoyer, Isabelle Richer, Gregory Charles, Kim Thúy, Jean Leloup, Monic Néron, Paul Arcand, Marie-Maude Denis, David Saint-Jacques, Dany Turcotte et mon cher Paul Houde sont parmi ceux qui l’ont reçue deux fois, de même que Ron Fournier, le tout premier à qui je l’ai attribuée.

Richard Martineau et Patrick Lagacé à la spéciale 20e anniversaire de <i>Tout le monde en parle</i>. Lagacé a reçu l’étoile du match à trois reprises.” src=” width=”1440″ height=”0″ loading=”lazy”/></picture><figcaption><p class=Richard Martineau et Patrick Lagacé à la spéciale 20e anniversaire de Tout le monde en parle. Lagacé a reçu l’étoile du match à trois reprises. (Karine Dufour)

La question qu’on m’a assurément le plus posée durant toutes ces années : mais pourquoi faites-vous un résumé de Tout le monde en parle chaque semaine ? Le Soleil vous paie-t-il pour être le perroquet de Guy A. Lepage ?

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Ma réponse a toujours été la même : parce que les lecteurs le demandent. De tout ce que j’écrivais, le compte rendu de Tout le monde en parle était de loin mon papier le plus lu de la semaine, et celui qui arrivait en tête dans toute la section des Arts. Peu importe le dossier fouillé ou le scoop que je pouvais sortir cette semaine-là.

En vérité, seule la critique du Bye Bye pouvait battre ça, c’est vous dire.

Les pires commentaires provenaient très souvent de détracteurs de l’émission, qui l’avaient manifestement regardée quand même. Ils aimaient haïr Tout le monde en parle mais la suivaient sans relâche pour dire tout le mal qu’ils pensaient des cartons de Guy A. et des gags du fou du roi.

Je n’ai jamais compris. Quand on déteste quelque chose, on l’ignore plutôt que de se l’infliger chaque semaine. Mais non, ces masos de salon préféraient cultiver leur haine à l’endroit de l’émission plutôt que d’aller voir ailleurs. Allez comprendre.

En important la formule de Tout le monde en parle chez le diffuseur public à l’automne 2004, Mario Clément allait créer une petite révolution. Il fallait un certain courage pour mettre la hache dans Les beaux dimanchesqui faisait partie des meubles. Assurément, on allait parler de sacrilège. Comment Radio-Canada peut-elle sacrifier un haut-lieu de culture sur l’autel des cotes d’écoute?

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Or, il faut bien l’admettre, Tout le monde en parle a fait sortir au théâtre et au cinéma beaucoup plus de téléspectateurs que le faisaient depuis bien longtemps Les beaux dimanches.

Une pièce comme L’Odyssée avait attiré moins de 200 000 téléspectateurs un dimanche soir à Radio-Canada, en plus de coûter près du million de dollars. L’automne venu, Tout le monde en parle allait parfois dépasser les 2 millions d’adeptes, en recevant régulièrement des romanciers et des acteurs de théâtre et de cinéma aux heures de grande écoute.

On peut déplorer que la culture ait encore trop peu de place dans Le téléjournal et dans les autres créneaux horaires de Radio-Canada, mais il reste que Tout le monde en parle a aidé la culture plus qu’on veut l’admettre.

Vingt ans plus tard, l’émission n’est plus la foire des tout débuts. L’épisode Raël serait impossible aujourd’hui. Et on a eu la preuve, avec certains gags inoffensifs de Dany Turcotte qui n’ont pas passé, que nous sommes devenus bien sensibles.

L’émission attire moins d’auditoire, mais tourne encore régulièrement autour du million de téléspectateurs dans les données confirmées de Numeris. Pour vous donner une idée, la moyenne de 2012 était de 940 000. On est pas mal dans les mêmes chiffres aujourd’hui.

Depuis la saison 2, je reçois des courriels de lecteurs qui réclament la disparition de l’émission «dont on a fait le tour», écrivent-ils. Ça m’a toujours fait sourire, parce qu’on n’aura jamais fait le tour de l’actualité. Il n’y a bien qu’au Québec qu’on souhaite déploguer une émission aussi rapidement. Ailleurs, des émissions qui durent 20 ans, il y en a des tonnes.

Bien sûr, il y a eu des soirs moins bons à Tout le monde en parle mais l’équipe de Guy A. Lepage a une très bonne moyenne au bâton, particulièrement cette saison, où on assiste à des discussions plus corsées. J’ai d’ailleurs toujours envié le je-m’en-foutisme de l’ex-RBO, qui envoie promener les plaignards qui pensent l’insulter. Vous perdez votre temps.

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Kim Thúy et Fred Pellerin dans un éclat de rire, dimanche à <i>Tout le monde en parle</i>.” src=” width=”1440″ height=”0″ chargement=”lazy”/></picture><figcaption><p class=Kim Thúy et Fred Pellerin dans un éclat de rire, dimanche à Tout le monde en parle. (Karine Dufour)

Même si j’y reviens occasionnellement, j’ai cessé de rédiger chaque semaine le compte rendu de Tout le monde en parle ; des collègues des Coops de l’information le font désormais en alternance. J’ai arrêté, pas parce que je n’aimais plus l’émission, mais parce que j’avais donné et que j’avais envie de faire autre chose de mes fins de soirée.

Parmi les souvenirs qui m’ont marqué le plus, il y a cette entrevue que Louise Cousineau avait accordée au moment de sa retraite de La Presse et dont on a montré un extrait à son décès récemment. Ma mentore avait alors plaint ses jeunes collègues d’avoir à composer avec la satanée convergence.

«Aujourd’hui, t’es considéré par un des empires comme l’ennemi», avait-elle souligné, à une époque où les tensions étaient palpables entre collègues de différents médias.

Heureusement, les choses ont changé. De nos jours, tous les médias font face aux mêmes défis et sont en mode survie ; ces chicanes d’une autre époque nous paraissent bien futiles et puériles.

Pour résumer ces 500 émissions, l’équipe de TLMEP a accompli un travail colossal dont vous verrez le résultat dimanche à 20 h, une émission à laquelle j’ai d’ailleurs été invité. Bien sûr, il sera question de Raël, de Guy Fournier, de Nelly Arcan, du «phony baloney» de Richard Martineau, mais aussi de trésors qu’on redécouvre avec nos yeux d’aujourd’hui.

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