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La Bibliothèque invisible : À la découverte du rouleau d’Herculanum

La Bibliothèque invisible : À la découverte du rouleau d’Herculanum

Ce matin, je vous emmène à Pompéi. Plus précisément à Herculanum, la ville romaine antique détruite, comme Pompéi, par l’éruption du Vésuve en l’an 79 de notre ère. Après le cultissime Jurassic Park de Spielberg, je vous invite au non moins palpitant Calligraphic Park !

Au 17ᵉ siècle, on découvre dans une riche villa d’Herculanum un vieux rouleau de papyrus carbonisé et conservé depuis 2000 ans dans la lave volcanique refroidie. Le roi de Naples l’offre à Napoléon en 1802, et il est depuis conservé à l’Institut de France à Paris.

Dans la “bibliothèque invisible”

Depuis la fin des années 1990, un chercheur en informatique américain, Brent Seales, consacre ses recherches au décryptage d’antiques manuscrits rendus illisibles par les ravages du temps et de l’histoire. Son projet porte un nom saisissant : “La Bibliothèque invisible”.

2019 : Brent Seales se rend à Oxford et fait scanner le rouleau carbonisé d’Herculanum à l’aide de rayons X très intenses issus d’un accélérateur de particules unique en son genre. Il en repart avec des images numérisées de très haute précision du rouleau d’Herculanum. Il parvient alors, avec son équipe, à dérouler virtuellement le rouleau carbonisé, un peu comme on déplierait les cernes concentriques d’un tronc d’arbre.

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Problème : la densité du papyrus et celle de l’encre utilisée sont quasiment identiques. À peine quelques infimes craquelures les distinguent, illisibles à l’œil nu. Un entrepreneur de la Silicon Valley lui conseille alors de créer un concours d’intelligence artificielle ouvert aux chercheurs du monde entier pour faire parler ces mots invisibles : le Vesuvius Challenge est annoncé en mars 2023.

Puis tout s’accélère : un premier mot écrit en grec il y a 2000 ans nous parvient : πορφύρα/porphýra, qui signifie pourpre ! Une équipe composée d’un américain, d’un Egyptien et d’un Suisse remportent le Grand Prix d’un million de dollars et décryptent les pages du papyrus soumises à la compétition. Un traité de philosophie épicurienne.

Il y a bien ici quelque chose du vertige de Jurassic Park, dans la possibilité d’accéder à nos consciences des pensées couchées par écrit il y a plusieurs milliers d’années, puis longtemps demeurées inaccessibles. Les 280 autres rouleaux d’Herculanum, et d’innombrables autres volumes de la Bibliothèque invisible disséminés sur le globe terrestre sont désormais à portée de notre regard !

Au-delà de sa valeur propre, cet exploit permet d’affronter avec plus de force les défis du monde numérique actuel, qui parfois nous sidèrent. Il y a 6000 ans, nous, les homos sapiens, avons inventé les premiers systèmes d’écritures : la possibilité jusqu’alors inédite d’externaliser un contenu mental explicite depuis notre cerveau vers un support externe sous la forme d’un code symbolique. Date de naissance de l’Histoire avec un grand H, il s’agit surtout de la révolution culturelle la plus importante de l’humanité.

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6000 ans plus tard, nous sommes, depuis quelques décennies, entourés d’une quantité sans cesse croissante d’objets numériques dont les technologies sous-jacentes, la variété et surtout l’ultra-modernité concourt à nous les rendre subjectivement étrangers et extérieurs à notre condition de vieux hominidés : internet, smartphones, format html, fichiers pdf, clés USB-c, liens hypertextes, identité numérique dématérialisée, réseaux sociaux, intelligence artificielle, etc.

Mais en réalité, le simple fait que des algorithmes de Deep Learning puissent rendre lisibles ces textes illisibles permet de renouer avec nos origines : nous sommes, par nature, une espèce qui ne cesse de créer des artefacts culturels symboliques. L’écriture fait partie de ces artefacts, et nous écrivons et lisons, il y a 6000 ans comme aujourd’hui.

L’utilisation de codes symboliques externalisés pour représenter nos pensées n’est pas l’apanage des geeks du XXIᵉ siècle, mais bien le fondement de notre rapport au langage écrit.

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Et il y a ici comme par une sorte d’hommage aux anciens : les derniers rejetons de nos technologies de l’écriture nous donnent un coup de main pour relire leurs prédécesseurs. Autrement dit, des papyrus d’Herculanum à notre société numérique, il y a bien une complexification de nos artefacts culturels, mais nullement une différence de nature !

Le Cours de l’histoire

51 minutes

dans un article qui peut être bien référencé dans Google.
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