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Quand l’espoir olympique se bat contre la guerre : le témoignage du directeur technique du Comité olympique palestinien

Quand l’espoir olympique se bat contre la guerre : le témoignage du directeur technique du Comité olympique palestinien

Lorsqu’on lui demande comment il va, Nader Jayousi, le directeur technique du Comité olympique palestinien, reste à Gaza, peine à trouver les mots. « C’est difficile de dire qu’on va bien dans une vie aussi horrible », finit-il par répondre, dépité, entre deux coupures de la ligne. Depuis plus de deux mois, et la contre-offensive israélienne qui a suivi l’attaque du Hamas du 7 octobre, le Palestinien vit dans la peur constante. Et la crainte de ne pas pouvoir emmener ses athlètes aux Jeux olympiques de Paris.

Qu’est-ce que la guerre a changé dans votre préparation pour les Jeux olympiques ?

NADER JAYOUSI. On avait beaucoup d’espoir d’avoir des athlètes directement qualifiés pour les Jeux olympiques, ce qui aurait été historique. En temps normal, on passe par les invitations du Comité international pour avoir des athlètes aux JO. Mais cette fois, on espérait vraiment réaliser ce coup historique. Malheureusement, ce rêve est devenu presque impossible maintenant à cause de tout ce qui se passe dans notre pays. Nous avons un programme ici qui permet aux athlètes qui ont les capacités d’atteindre des performances sportives très hautes, dans des sports variés comme le judo, la lutte, le triathlon ou l’athlétisme, de s’entraîner. Mais avec tout ce qui se passe actuellement, tous nos programmes de préparation se sont arrêtés.

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Le directeur technique du Comité olympique palestinien, Nader Jayousi. Mineps VIIParticiper aux Jeux olympiques est-il toujours un objectif ?

Oui, à 100 %. On est candidat pour des invitations du CIO, et on ne perd pas espoir de se qualifier directement. On sait qu’on a besoin d’un miracle pour se qualifier, d’autant que les athlètes ne s’entraînent plus. Et tout le monde sait qu’arrêter de s’entraîner pendant deux mois affecte le niveau d’un athlète. Pour nos athlètes qui sont toujours à Gaza, on sera déjà très chanceux s’ils restent en vie. Ce n’est plus seulement une question de performance. Par exemple, notre haltérophile Mohammed Hamada, qui a décroché une médaille d’or mondiale à l’arraché chez les juniors en 2022, vit à Gaza et refuse d’évacuer, de quitter sa maison. Il tient à rester chez lui, dans son pays, avec sa famille. Et jusqu’ici, chaque fois qu’il a deux heures de calme, il s’entraîne. Mais c’est très instable, c’est loin d’être idéal, et sa vie est menacée constamment. Personne ne sort dans la rue parce que c’est trop dangereux. Donc il est impossible de s’entraîner, sauf chez soi.

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« Nous conservons notre identité en participant à ces JO, on représente une nation qui refuse de fuir »
Nader JayousiC’est important pour vous de participer à ces Jeux olympiques ?

Pour nous, les JO, ce ne sont pas juste des athlètes qui vont dans une ville et qui participent à une compétition. C’est un besoin national. On raconte notre histoire en étant aux Jeux olympiques. Nous conservons notre identité en participant à ces JO, on représente une nation qui refuse de fuir. Ce n’est pas que du sport, on veut prouver qu’on peut faire partie de cet événement qui réunit les meilleures nations du monde. On veut y délivrer un message de paix en étant là. On veut que les futures générations soient inspirées par ça.

Êtes-vous en contact avec les athlètes ?

Nous sommes en communication avec nos athlètes qui sont à l’étranger. Pour ceux qui sont restés à Gaza, on le fait quand on peut. Mais la majorité du temps, nous n’avons aucune information à propos d’eux. Nous avons perdu notre star du volley-ball, Ibrahim Qusaya, qui a été tué dans un bombardement. Jusqu’à maintenant, 47 athlètes sont décédés à Gaza. Et ce ne sont que les informations que nous avons, de nombreux corps dans les rues n’ont pas encore été identifiés. On a également perdu 17 officiels des différentes fédérations. Quatre salles d’entraînement aux arts martiaux ont été détruites, trois terrains de football aussi, l’un d’eux a été transformé en fosse commune pour enterrer les centaines de victimes. C’est vraiment une tragédie, c’est atroce, triste.
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