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Quand le cinéma regarde les ados grandir

Quand le cinéma regarde les ados grandir

L’hypersensibilité, l’inadaptation au système scolaire, trouver sa place dans une famille, imposer son goût pour l’art quand on veut vous faire réparer des chaudières… Visiblement les réalisateurs James Gray et Jesse Eisenberg ont quelques comptes à régler avec leur adolescence. Avec ce passage délicat de la vie, où les rêves d’enfant se confrontent aux réalités du quotidien. Où l’insouciance pure se heurte à la mort d’un grand-père, aux doutes d’un père, à la froideur d’une mère exaspérée par son fils…

« C’est un film vraiment très personnel, confiait hier par vidéo, le réalisateur James Gray, juste avant la projection d‘Heure d’Armagedon. Je suis très heureux de le présenter à Deauville, festival qui a honoré mon premier long-métrage Petite Odessa en 1994. ” S’il pèche par un début un peu lent, ce film décrit avec une mise en scène sobre mais terriblement immersive le quotidien d’une famille dans le quartier du Queens à New York dans les années 1980.

Des cris d’alarme

Il y a du James Gray dans ce jeune Paul Graf, persuadé qu’il va devenir un artiste, un grand dessinateur. Un gamin écrasé dans son collège où l’on loue la réussite financière et politique. Avec son copain Johnny, rejeté pour sa couleur de peau, ils enchaînent les bêtises comme des cris d’alarmes.

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Pour son premier film en tant que réalisateur, l’acteur Jesse Eisenberg ( Le réseau social ) parle, lui aussi, d’un ton juste. Dans Quand tu auras fini de sauver le monde, il embarque le spectateur dans la vie de Ziggy (Finn Wolfhard, un des héros de la série Choses étranges), un lycéen un peu branque qui passe ses journées à jouer de la guitare devant son ordinateur où se rassemblent ses 20 000 fans.

Une vie dans une bulle artistique qui a le don de copieusement agacer sa mère (l’excellente Julianne Moore) activiste de gauche et directrice d’un centre qui accueille des femmes battues.

« Il y a bien sûr une part de moi dans ce film, confiait hier Jesse Eisenberg. Ma femme travaille dans le social, ma belle-mère aussi, je suis souvent entouré de gens très concernés par l’engagement politique et sociétal et moi je rentre le soir, à la fin d’une journée où j’ai joué sur un plateau de tournage. Alors je m’interroge et j’essaie de comprendre ce qui est le plus important, l’art ou l’action sociale… »

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À 38 ans et un physique d’adolescent, Jesse Eisenberg se pose beaucoup de questions, des tonnes de questions. Elles fusent dans sa tête aussi vite qu’il parle. Un débit de mitraillette qui dissimule une hypersensibilité. « Quand j’étais petit, je pleurais toute la journée en classe. Mes parents ne savaient plus comment faire avec moi. Aujourd’hui, je dirige une équipe de tournage, je mets en scène Julianne Moore, l’une des plus grandes actrices de notre époque. » Il n’en revient pas lui-même. Comme quoi, chers parents, il ne faut jamais désespérer…

« Je vais mourir ? »

Hier soir, à Deauville, Jesse Eisenberg a reçu un hommage pour sa carrière déjà conséquente. Comment le vit-il ? « J’ai l’impression que je vais mourir ! C’est un truc qu’on fait à des gens qui sont malades non ? » Il y a clairement une filiation assumée avec Woody Allen. Ce mélange de paranoïa et de référence à l’histoire et à la culture juive.

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Son prochain long-métrage est déjà écrit. Il en sera le réalisateur et l’acteur principal. « L’histoire de deux cousins que tout sépare qui vont se retrouver en Pologne pour un enterrement. Ils en profitent pour faire un voyage sur les traces de l’Holocauste. Ils vont confronter leurs souffrances personnelles à celles de tout un peuple… »

Le festival de Deauville se poursuit toute la semaine avec un hommage rendu mardi à l’actrice Thandiwe Newton, la diffusion jeudi de la Palme d’or cannoise en présence du réalisateur et la diffusion très attendue vendredi soir de Blond le film sur Marilyn Monroe avec, sur le tapis rouge, la délicieuse Ana de Armas.

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