Pakistan : des milliers d’Afghans fuient peu avant l’expiration du délai de sortie

À 17h39 | Temps de lecture : 3 minutes

WQuelques heures avant l’expiration du délai de sortie pour 1,7 million de réfugiés afghans au Pakistan, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées mardi dans des files d’attente de plusieurs kilomètres aux postes frontières du pays voisin. Selon un responsable gouvernemental, 18 000 réfugiés attendaient dans des voitures et à l’arrière de camions à Torkham, dans le nord-ouest du Pakistan. 5 000 personnes attendraient au poste frontière de Chaman, dans la province du Baloutchistan.

Après avoir traversé la frontière, les gens doivent s’enregistrer auprès des autorités afghanes, ce qui crée un autre goulot d’étranglement. « Notre centre de transit est conçu pour accueillir jusqu’à 750 personnes par jour et nous en traitons désormais 7 000 », a déclaré Ziad Salih, coordinateur régional de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au poste frontière de Torkham. Le responsable de l’enregistrement, Samiullah Samoon, a parlé d’une « situation d’urgence » et a évoqué le manque d’eau et d’abris temporaires.

Le Pakistan avait donné jusqu’au 1er novembre aux Afghans qui, selon le gouvernement, vivent illégalement dans le pays, pour partir volontairement. Autrement, ils devraient s’attendre à une expulsion forcée et à un hébergement dans des centres nouvellement construits à cet effet.

Le gouvernement a invoqué la détérioration de la situation sécuritaire dans la région frontalière comme raison de cette expulsion, compte tenu de l’augmentation des attentats-suicides, qu’il impute aux combattants afghans. Depuis l’annonce de la date limite de départ, plus de 100 000 Afghans ont déjà quitté le pays.

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Dans un message vidéo, le ministre pakistanais de l’Intérieur, Sarfraz Bugti, a déclaré que le gouvernement commencerait des expulsions échelonnées à partir de jeudi. Seules les personnes se trouvant dans le pays « totalement illégalement » devraient quitter le Pakistan, a-t-il déclaré. Le gouvernement islamique radical des talibans de Kaboul avait précédemment qualifié l’ordre d’expulsion de « cruel et barbare ».

Les organisations de défense des droits humains ont critiqué les actions du gouvernement pakistanais et ont demandé que les personnes, dont certaines vivaient dans le pays depuis des décennies, aient plus de temps pour quitter le pays. La situation en Afghanistan reste dangereuse pour de nombreux réfugiés et leur expulsion les exposerait à des risques de sécurité importants, a déclaré Human Rights Watch.

“Nous n’aurons pas de vie là-bas.”

Certains Afghans ont tenté de rester au Pakistan malgré les menaces. Même s’ils n’ont pas de papiers, leur famille ne rentre pas chez elle, a déclaré une jeune fille de 14 ans à l’agence de presse AFP. Elle n’a pas pu poursuivre sa formation en Afghanistan. “Nous n’aurons pas de vie là-bas”, a-t-elle ajouté.

À la suite de décennies de conflit en Afghanistan, des millions d’habitants ont fui vers le Pakistan voisin. Selon les Nations Unies, environ 1,3 million de réfugiés enregistrés vivent au Pakistan et 880 000 autres personnes ont un statut de résident légal. Selon le gouvernement pakistanais, 1,7 million de migrants sont également entrés irrégulièrement dans le pays, dont des centaines de milliers qui ont traversé la frontière après l’arrivée au pouvoir des talibans islamiques radicaux en 2021.