L’Ukraine s’efforçait dimanche de rétablir l’électricité dans tout le pays à la suite d’une attaque russe contre des infrastructures critiques, alors que l’emprise de Moscou sur la région du sud de Kherson s’affaiblissait.
Près de 1,5 million d’Ukrainiens se sont retrouvés sans électricité après que la Russie a lancé une volée de missiles de croisière samedi, la dernière salve d’une campagne visant à priver le pays de chaleur et de lumière à l’approche de l’hiver.
Les responsables à Kyiv affirment que les récentes attaques, qui ont endommagé près d’un tiers de l’infrastructure énergétique du pays, cherchent à saper la volonté des Ukrainiens de se battre et de provoquer une crise humanitaire. Il y a eu des coupures de courant dans plus de 10 régions d’Ukraine à la suite de l’attaque de samedi, qui, selon l’opérateur de réseau énergétique Ukrenergo, était l’une des plus destructrices à ce jour.
Dans son discours du soir, le président Volodymyr Zelensky a déclaré que les Ukrainiens ne seraient pas dissuadés. “Les propagandistes russes mentent lorsqu’ils disent que cette terreur contre nos infrastructures et notre peuple peut en quelque sorte ralentir les actions actives de notre armée”, a-t-il déclaré.
L’Ukraine a exhorté les habitants à limiter leur consommation d’électricité pour réduire la pression sur le réseau, tout en appelant les partenaires occidentaux à accélérer la livraison de systèmes d’armes pour protéger son ciel.
Seize drones de fabrication iranienne ont été abattus par la défense aérienne ukrainienne dans la nuit, selon le commandement de l’armée de l’air du pays, dont 11 au-dessus de la ville portuaire méridionale de Mykolaïv.
La récente évolution vers le ciblage des infrastructures ukrainiennes avec des missiles de croisière et des drones intervient alors que les forces russes luttent sur le champ de bataille, suscitant des critiques sur l’approche de Moscou face à la guerre.
Après des mois de frappes contre les lignes d’approvisionnement russes dans la région occupée de Kherson, la stratégie de Kyiv consistant à écraser les forces d’invasion prend progressivement effet.
Les forces armées ukrainiennes ont déclaré samedi que les troupes russes avaient abandonné les villages de Charivne et Chkalove dans la région de Kherson, tandis que des officiers et du personnel médical ont également été évacués de la ville de Beryslav.
Dans une rare vision pessimiste de l’effort de guerre, le commandant des forces armées russes en Ukraine a reconnu la semaine dernière que la position de Moscou dans la région méridionale de Kherson était précaire. Il a dit que des “décisions difficiles” pourraient devoir être prises, sans donner plus de détails.
Le général récemment nommé Sergei Surovikin a déclaré que l’Ukraine avait endommagé le pont principal utilisé pour approvisionner les forces russes à Kherson et un passage au-dessus d’un barrage au nord-est. La priorité est maintenant de préserver les civils et le personnel militaire, a-t-il déclaré.
Après avoir donné aux civils la possibilité de partir cette semaine, les autorités installées par la Russie à Kherson ont dit samedi aux habitants de quitter la ville immédiatement “en raison de la situation tendue sur la ligne de front”.
Moscou a envoyé des milliers de soldats, dont certaines de ses meilleures unités, pour renforcer ses défenses dans la région de Kherson. L’Ukraine a entravé la capacité du Kremlin à maintenir l’approvisionnement de ces troupes en utilisant des roquettes à longue portée fournies par les États-Unis pour faire sauter des ponts, des décharges de munitions et des centres logistiques.
Si l’armée russe est forcée d’abandonner la ville – la seule capitale provinciale ukrainienne capturée depuis son invasion du pays en février – ce serait un coup dur pour le Kremlin. Le président russe Vladimir Poutine a célébré Kherson comme nouveau territoire russe lors d’une cérémonie à Moscou il y a moins d’un mois à la suite d’un vote organisé sur l’annexion illégale de la région.
Une avancée ukrainienne majeure sur le front sud démontrerait également la capacité des forces de Kyiv à prendre des positions russes même bien enracinées.
L’Institut pour l’étude de la guerre, basé à Washington, a déclaré que les forces russes se préparaient probablement à détruire le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka afin d’inonder et d’élargir le fleuve Dnipro afin de retarder toute avancée ukrainienne.
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