L’industrie de la faillite et du profit, quotidien Junge Welt, 28 mars 2024

L’industrie solaire allemande est une nouvelle fois en crise et peine à s’affirmer face à la concurrence chinoise qui propose des prix moins chers. À Freiberg, en Saxe, cela a conduit l’entreprise suisse Meyer Burger Technology AG à fermer ses portes pour s’installer derrière les murs des douanes américaines. De l’autre côté de l’Atlantique, le Parlement et le gouvernement tentent d’exclure les systèmes solaires chinois en imposant des taxes élevées.

A Freiberg, 500 salariés ont été licenciés mercredi, a annoncé Meyer Burger. L’entreprise avait enregistré des pertes l’année précédente et espérait bénéficier du soi-disant bonus de résilience, grâce auquel le gouvernement fédéral, dans le cadre d’accords internes à l’UE, pourrait soutenir les entreprises considérées comme importantes face à la concurrence internationale. Le ministre des Finances Christian Lindner (FDP) a toutefois refusé cette subvention. Le ministère fédéral de l’Environnement a toutefois déclaré qu’il continuerait à rechercher des fonds pour le site de Freiberg. 400 salariés ont perdu leur emploi.

En revanche, il y a de bonnes nouvelles du côté du fabricant d’onduleurs SMA Solar Technology AG, qui a quadruplé ses bénéfices, comme l’a annoncé l’entreprise dans son rapport annuel publié mercredi. Les onduleurs convertissent l’énergie continue des systèmes solaires en tension alternative afin qu’elle puisse être injectée dans le réseau. SMA profite donc largement du boom solaire local. En 2023, des systèmes solaires d’une capacité de 15 gigawatts (GW) ont été mis en service en Allemagne. Cela représente presque le double du précédent record d’expansion de 2012. Avec ces 15 GW, 15 milliards de kilowattheures d’électricité peuvent être produits sur les 1 000 heures à pleine charge possibles dans ce pays, soit l’équivalent d’une grande centrale nucléaire et demie. Selon l’Institut Fraunhofer pour les systèmes d’énergie solaire, au mois de mars, près de 85 GW de puissance avaient été installés dans les systèmes solaires. En 2023, les systèmes solaires couvraient 11,7 % de la consommation électrique.

Cette forte expansion est rendue possible notamment par le fait que les prix de gros des systèmes solaires ont chuté d’environ 50 pour cent l’année dernière et continuent de baisser. Outre l’augmentation de la productivité, cela s’explique par une expansion significative des capacités de production en Chine, qui entraîne désormais une surcapacité dans ce pays malgré une demande intérieure considérablement accrue. Cela entraîne à son tour une guerre des prix entre les fabricants chinois, locaux et nord-américains. Cela réduit les bénéfices, comme le pensait Meyer Burger, mais augmente considérablement les ventes, ce qui a créé l’année dernière des centaines de milliers d’emplois dans le monde entier et profite également à des entreprises comme SMA. En conséquence, l’industrie solaire, tant dans l’UE qu’aux États-Unis, est divisée sur la question des droits de douane sur les systèmes chinois. Dans ce pays, les défenseurs des tarifs douaniers n’ont pas réussi jusqu’à présent à obtenir gain de cause.

Par ailleurs, l’expansion des centrales solaires et éoliennes a considérablement augmenté à l’échelle internationale l’année dernière, mais elle est encore loin d’être au niveau requis. C’est ce qu’a récemment déclaré l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA). Lors de la dernière conférence des Nations Unies sur le climat l’année dernière, les gouvernements ont convenu de doubler la capacité mondiale de production d’énergie solaire, éolienne, etc. d’ici 2030, mais la planète est encore loin d’y parvenir. Ils sont actuellement de 3 900 GW et devraient donc être portés à 15 600 GW dans les six prochaines années. Cependant, seuls 473 GW ont été ajoutés l’année dernière, dont environ la moitié rien qu’en Chine.