Nouvelles de l’ONS•aujourd’hui, 08h50
André Meinema
Journaliste économique
André Meinema
Journaliste économique
L’inflation monte en flèche et reste pour l’instant très élevée, malgré les hausses de taux d’intérêt de la Banque centrale européenne. En octobre, l’inflation était de 16,8 %, en septembre de 17,1 %, s’est avéré lundi. Une diminution négligeable de la vie encore très chère.
De plus en plus de ménages connaissent des difficultés financières dues à une inflation élevée et sombrent dans la pauvreté. On estime que 640 000 ménages sont actuellement aux prises avec des dettes problématiques. C’est 20 000 de plus qu’il y a un an. Selon les économistes d’ABN Amro, 30 000 ménages supplémentaires seront ajoutés d’ici 2023.
Ces ménages réduisent leurs achats quotidiens et ne paient plus leurs factures d’énergie et d’assurance maladie. Des mesures de soutien spéciales telles que la surtaxe énergétique, la réduction sur la facture énergétique et l’augmentation de dix pour cent de la pension de l’État, des allocations et du salaire minimum n’aident que peu ces ménages.
La majeure partie de ces 640 000 ménages ont des dettes problématiques et des arriérés d’impôts liés à la crise corona et aux arrêts de paiement des autorités fiscales. Les dizaines de milliers de ménages qui se sont ajoutés au cours de l’année écoulée sont au premier rang des victimes de l’inflation, qui ont souvent d’importants arriérés de paiement.
Dette problématique
Cela ressort, entre autres, des chiffres de la agences de recouvrement. Au cours des neuf premiers mois de 2022, plus de 320 000 arriérés des assureurs maladie ont été transférés aux agences de recouvrement, soit une augmentation de 17 % par rapport à l’année précédente. “Les problèmes d’endettement commencent souvent par des arriérés de paiement auprès des assureurs maladie, car ces dettes semblent plus abstraites et plus conséquentes que, par exemple, les arriérés de loyer”, explique l’économiste Piet Rietman d’ABN Amro.
“Parce que nous ne nous attendons pas à ce que les dettes fiscales dues au corona soient remboursées rapidement, alors que le nombre de dettes auprès de l’assureur maladie augmente, le nombre de dettes problématiques sera d’environ 10 à 15 % supérieur au niveau de 2021 au début de l’année prochaine.”
L’inflation appauvrit les ménages, surtout avec l’hyperinflation actuelle. Pour un euro on gagne moins, le pouvoir d’achat diminue, et le livret de ménage est de plus en plus difficile à tenir. Pour les ménages qui vivent autour du minimum social, le montant minimum nécessaire pour vivre, donc avec une allocation, uniquement l’AOW ou un revenu faible et irrégulier, une forte inflation est encore plus difficile.
Les factures d’énergie représentent généralement une part beaucoup plus importante du revenu disponible pour les personnes à faible revenu et les minima sociaux que pour les ménages à revenu plus élevé. Dans le groupe de revenu le plus bas, le facture d’énergie 14 % du budget, pour les revenus moyens et supérieurs, il n’est que de 5 à 8 %.
“Nous ne savons pas non plus vraiment qui finit par s’endetter et comment, mais c’est généralement le cas : plus le revenu est faible, plus la dette est importante”, explique Rietman. “Soit dit en passant, tous les salariés à faible revenu n’ont pas des ennuis et il y a aussi des personnes à revenu moyen qui en ont.” Selon Rietman, le problème réside principalement dans les revenus structurellement bas. “Trop de ménages ont trop peu de graisse sur les os et ne peuvent pas faire face à l’adversité.”
Pieds froids
Pendant ce temps, le président du FMI et de la DNB, Klaas Knot, met en garde contre un soutien trop général et non ciblé. Leur pensée est que le montant important de l’argent de l’aide encourage les dépenses et les achats, et qu’une demande accrue fait monter les prix. Rietman appelle cette peur des pieds froids : “Le revenu des ménages n’a qu’une faible influence sur l’inflation, et c’est encore moins important pour les faibles revenus. L’inflation n’est pas tant une question de pouvoir d’achat et de revenu.”
Il fait référence à la discussion sur le danger de la spirale salaires-prix, des salaires plus élevés conduisant à des prix plus élevés. “En Belgique, ils connaissent depuis des années des compensations automatiques des prix, des salaires qui augmentent régulièrement en fonction de l’inflation, mais cela n’a jamais conduit à cette spirale des prix tant redoutée.”
Le plan de soutien devrait restaurer le pouvoir d’achat à partir de 2023, mais seulement d’un point de pourcentage, et c’est de la glace mince pour les ménages faibles. La forte baisse du pouvoir d’achat cette année, qui devrait être de 7 %, ne va pas non plus être inversée ou réparée ; les ménages s’appauvrissent et restent en déclin.