Les Québécois délaissent la Floride pour la République dominicaine

PUNTA CANA | La Floride perd des plumes auprès des snowbirds québécois qui sont plus nombreux que jamais à se tourner vers la République dominicaine, notamment pour sa chaleur tropicale à longueur d’année, le coût de la vie qui y est plus abordable, son peuple accueillant et son aspect sécuritaire.

Le Journal s’est rendu sur cette île caribéenne en novembre pour prendre la mesure de ce phénomène en pleine effervescence, qui a même donné naissance à l’expression «Punta Canada».

Ce qui est frappant dès qu’on y met les pieds, c’est qu’au-delà des rythmes caliente de la célèbre bachata, on y entend parler français de Punta Cana à Puerto Plata, en passant par Cabarete et Las Terrenas, où une grande communauté francophone s’est établie.

C’est d’ailleurs précisément pour cette raison que Daniel Michaud, retraité du milieu de la construction à Montréal, a choisi de s’établir à Las Terrenas, dans la péninsule de Samana, il y a trois ans. «Je suis venu en découverte et je suis tombé en amour, d’autant plus que je ne parle pas l’espagnol», dit celui qui a, depuis, ouvert un restaurant en bord de mer.

• Écoutez l’entrevue avec Elisa Cloutier, journaliste au Journal de Québec et une des récipiendaires de la Bourse QMI à l’émission d’Alexandre Dubé via Radio QUB :

L’immobilier en plein essor

À Punta Cana, un important boom immobilier attire de plus en plus de Québécois, qui souhaitent vivre l’expérience dominicaine hors des tout inclus.

Ils sont nombreux à vouloir profiter des terrains de golf, des plages, des restaurants, mais aussi des centres commerciaux de cette ville, située à l’extrémité est de l’île.

«Comme chez nous, sans avoir besoin de pelleter!»

«C’est une place merveilleuse. On a la chaleur, la mer, de très belles plages, l’épicerie. On est comme chez nous, sans avoir besoin de pelleter!» lance le retraité de Montréal, Pierre Scullion, âgé de 76 ans.

Pour d’autres, c’est Cabarete qui l’emporte, pour ses sports aquatiques et ses nombreux bars et restaurants situés directement sur la plage.

C’est le cas, entre autres, de Michel Tougas, qui apprécie la proximité des services dans ce petit village. «On avait comme plan d’aller passer nos hivers en Floride, mais le coût de la vie est trop cher. Nous préférons de loin venir ici, puisqu’on peut tout faire à pied», décrit le sexagénaire originaire de Saint-Jérôme.

D’autres snowbirds préfèrent quant à eux l’ambiance plus typique et familiale de Puerto Plata.

Selon des Québécois établis dans cette ville du nord depuis longtemps, le nombre de snowbirds a plus que doublé dans les deux dernières années. «On voit beaucoup de nouveaux visages. Il y a un vent de changement», affirme pour sa part Jean-François Baulne, propriétaire du restaurant Le Petit François de Puerto Plata, véritable repaire pour les Québécois.

En sécurité et bien soignés

Les nombreux Québécois rencontrés en République dominicaine ont aussi affirmé se sentir en sécurité, que ce soit au restaurant, à la plage, ou lors de leurs déplacements, et ce, du nord au sud de l’île. La grande présence policière touristique contribue aussi à favoriser ce fort sentiment de sécurité, nous dit-on.

Par ailleurs, la qualité des hôpitaux a aussi impressionné bon nombre de snowbirds rencontrés par Le Journal, dont certains ont eu recours aux soins de santé. «C’est très bien, le service est très bon, je n’ai rien à dire», affirme notamment Maurice Richard, 68 ans, originaire de Terrebonne.

Au revoir la Floride

C’est notamment pour échapper aux importantes hausses de prix et au taux de change défavorable en Floride que plusieurs snowbirds migrent vers la République dominicaine cet hiver, où l’on bat d’ailleurs tous les records en tourisme.

Sa facilité d’accès par vol direct et ses températures avoisinant les 30°C pendant les mois d’hiver rendent notamment ce pays très attirant pour les Québécois désireux de fuir l’hiver.

Poutine sur la plage

Et, signe que le Québec y est de plus en plus présent, il est même facile d’y déguster une traditionnelle poutine ou encore une assiette de viande fuméeles deux pieds dans le sable, et ce, du nord au sud de l’île.

Un Québécois y produit lui-même son fromage en grains et sa viande fumée, fournissant même plusieurs restaurants, question de rendre l’expérience gastronomique digne de nos plus grands casse-croûte.

2023, année record pour les touristes québécois

De toute son histoire, la République dominicaine n’a jamais accueilli autant de Québécois que l’an dernier. C’est ce qu’a affirmé le ministre du Tourisme du pays, David Collado, lors d’une entrevue exclusive réalisée avec Le Journal à l’automne.

En à peine un an, le nombre de touristes québécois en République dominicaine a augmenté d’au moins 66%. Du «jamais-vu», affirme-t-il.

Selon les chiffres les plus récents fournis par le ministère du Tourisme, près de 300 000 Québécois avaient choisi cette destination, en date de septembre dernier, soit bien avant l’arrivée des snowbirds.

«Un marché qui explose»

À l’automne, le ministre du Tourisme du pays prévoyait recevoir plus d’un million de touristes canadiens pour l’année 2023. En date d’octobre dernier, 834 000 Canadiens avaient déjà visité l’île caribéenne.

« Le marché canadien est le plus élevé que nous avons eu cette année, de toute l’histoire du tourisme de la République dominicaine »

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– David Collado, Ministre du Tourisme en République Dominicaine

Photo MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

«Vague» de Québécois

«Nous avons entre 2,7 et 3 millions de touristes américains chaque année. Mais, au Canada, c’est plus de 1,1 million de touristes cette année jusqu’à maintenant [en octobre 2023]. Si nous prenons ce chiffre par habitant, le Canada est de loin le pays numéro un pour la République dominicaine », affirme M. Collado.

Selon le ministre, plus de 40% de l’économie de la République dominicaine est soutenue par le tourisme.

Plus de passagers vers la République

« Pour l’hiver en cours, nous avons environ 15% de plus de sièges que l’an dernier, nécessitant de plus gros avions pour cette destination »

– Christophe Hennebelle, vice-président aux communications de Air Canada

Photo TIRÉE DE LINKEDIN

Le son de cloche est le même chez Sunwing. La directrice générale, Lyne Chayer, affirme par ailleurs observer un engouement pour la destination de Puerto Plata, le berceau touristique de la République dominicaine, qui s’est grandement «dynamisée» dans les deux dernières années.

Ce reportage a été réalisé grâce à la Bourse de reportage international de l’Agence QMI