Les commerçants d’Uccle inquiets face aux prochains travaux sur la chaussée d’Alsemberg

Nous avons rencontré des commerçants préoccupés, voire mécontents à Uccle. Les travaux de la chaussée d’Alsemberg au niveau des arrêts Bourdon et Crématorium sont sur le point de commencer. Certaines barrières et conteneurs ont déjà été installés le long de la rue depuis quelques jours. À partir du 31 juillet, le tram 51 (futur 18) sera interrompu. Son terminus se situera au niveau de la station-service. La Stib prévoit de changer les rails et d’installer un tapis anti-vibrations. Les arrêts de tram seront rendus accessibles aux personnes à mobilité réduite. La voirie et les trottoirs seront refaits et 25 places de stationnement seront supprimées.

La société de transport aurait dû profiter de l’été pour commencer les travaux et ainsi limiter les nuisances à la rentrée, mais elle a été bloquée par la fermeture de la chaussée de Drogenbos (actuellement rouverte dans un sens et qui devrait être accessible dans les deux sens à la rentrée) et par des travaux sur le tronçon flamand de la chaussée qui débutent en août. La Stib n’a pas pu acheminer les rails, donc son intervention a été reportée à septembre. Cependant, les travaux préparatoires ont déjà commencé, au grand dam des commerçants.

Cet axe, normalement fréquenté en partie par des clients provenant de la périphérie bruxelloise, sera donc fermé à la circulation de septembre à décembre. Pour Mustapha, de la cordonnerie Calvoet, ce sont “les travaux de trop. Déjà la dernière fois qu’ils ont changé les rails, au moins quatre commerces ont dû fermer par la suite.” Cette fois-ci, c’est sa propre survie qu’il craint. “Je ne sais pas comment je vais passer l’hiver. Les quelques centaines d’euros de compensation ne changeront rien. Sans parler de la poussière.”

Juste en face, dans le salon de coiffure de Valérie qu’elle a repris de sa mère, le sentiment d’abandon remonte à plus loin. “C’était un quartier très commerçant, mais les expropriations pour la construction du ring dans les années 70 – finalement, il ne passe même pas par là – ont porté un coup dur.” La clientèle habituée du salon est bien sûr restée, “mais nous sommes loin des années de gloire de ma mère. Je serai la dernière ici.”

Pour elle, l’impact des travaux à venir sera surtout indirect. “Mes clientes viendront toujours au début. Le problème, c’est que l’affluence attire du monde. En bloquant ici, les gens changeront leurs habitudes. Un mois aurait été jouable, mais là il s’agit d’au moins cinq. Et pour Valérie, les travaux ne sont même pas complètement justifiés : “Le chantier est nécessaire pour les rails du tram, mais pourquoi supprimer des places de stationnement?”

Au début du tronçon qui se prépare pour sa transformation, Marco Pacitti, glacier historique de la chaussée et président de l’association des commerçants, est “épuisé”. Déjà la semaine dernière, les conteneurs se sont installés à quelques centimètres de l’entrée de son commerce “mais officiellement les travaux n’ont pas commencé, donc pas de compensation… Nous n’avons aucune visibilité, aucun calendrier clair. Avec ça, ma saison d’été se termine ce lundi. Comment vais-je faire pour livrer mes 45 restaurateurs ou accueillir mes clients ? Rien n’a été pensé pour nous. On est en train de tuer nos commerces de quartier. Le seul suivi que nous avons, c’est celui de Valentine Delwart (échevine libérale d’Uccle en charge du Commerce) et de son équipe. À la base, on nous avait dit que cela durerait trois mois, et finalement on apprend que c’est presque six. On nous avait dit que ça ne prendrait que l’été, mais ça gâche aussi ma saison des fêtes.” Marco a d’ailleurs décidé d’abandonner les festivités de fin d’année.

La commune, par le biais de son échevine du Commerce, a négocié avec le promoteur privé qui détient le terrain d’Illochroma, en face de la plaine du Bourdon, à quelques mètres du chantier. La Stib pourra y stocker du matériel et une soixantaine de places de parking seront ouvertes pendant les travaux pour les clients des commerces, les parents des élèves des écoles avoisinantes et les riverains.

“L’emplacement doit encore être sécurisé”, précise l’échevine, “mais le parking devrait être ouvert à la rentrée fin août.” Valentine Delwart indique également que la majeure partie des travaux sera terminée mi-décembre afin de laisser aux commerçants la possibilité de tourner au mieux pendant les fêtes.