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Les casinos du Congo et la législation des jeux d’argent

Au Congo l’absence d’encadrement des jeux d’argent est à l’origine depuis plusieurs années d’une série de problèmes de société. Ceux-ci allant du blanchiment d’argent au surendettement des joueurs en passant par la fraude fiscale. Une situation que le député Papy Niango Monshemvula (PPRD) alors fraîchement intronisé ministre des Sports et Loisirs en 2017 avait annoncé vouloir prendre à bras le corps. Des annonces portant notamment sur la possible création d’un fichier national des jeux, un suivi et une traçabilité des machines à sous importées dans le pays, et une refonte du système fiscal congolais relatif aux jeux d’argent. En effet, sur ce dernier point, jusqu’alors le montant de l’impôt était prélevé à la source et surtout le montant déclaré était déterminé par les casinos eux-mêmes. Un énorme chantier en perspective donc. Le niveau de l’évasion fiscale au Congo est estimé à plusieurs centaines de millions de dollars. 

Alors que de nombreux pays en voie de développement misent sur les casinos et les loteries pour renflouer les caisses de l’état, et que l’économie digitale est un formidable levier pour une véritable transformation structurelle du pays, le Congo est encore sujet à des risques liés à l’absence d’une législation claire et au manque de régulation des jeux d’argent. Toutefois, la création d’un Ministère du numérique dans le pays pourrait changer la donne. Le point dans cet article.

Paris sportifs, eSports et casinos en ligne en plein essor

Comme un peu partout dans le monde avec le développement du marché du digital, les États africains n’ont pas été épargnés par l’engouement général pour les jeux en ligne : jeux vidéos, paris sportifs, eSport, jeux de casino connaissent au Congo un essor certain. Accessibles sur téléphone mobile, et pouvant parfois prendre la forme d’une addiction, les jeux d’argent en ligne posent évidemment eux aussi des questions liées à la fuite des capitaux et à l’addiction. Marché trop difficile à réguler, il fait pourtant le bonheur des joueurs chanceux, comme ce jeune sud-africain en 2021 qui, en pleine pandémie, a décroché un jackpot 2,7 millions de rands (environ 155.826 euros) pour une mise modique de 5 rands aux machines à sous. Les jeux d’argent en ligne sont d’autant plus appréciés par les joueurs qu’ils échappent à tout contrôle religieux également, puisqu’en terre musulmane il s’agit d’un débat sensible.  Au Congo toutefois, on voit changer l’ambiance avec des initiatives et des congrès soutenus par le gouvernement, comme l’African Digital Story ou le Kinshasa Digital Week et autres hubs technologiques.

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L’offre en termes de jeux au Congopullman casino hotel

Le continent africain compte quelque 170 casinos, des loteries nationales dans chaque état et huit hippodromes. De fait l’Afrique est un peu devenu l’Eldorado d’investisseurs étrangers, tels que Francis Perez, alias “le roi des machines à sous dans le monde et des loteries en Afrique”. Cet homme d’affaires français estime qu’en Afrique, le potentiel des jeux d’argent pourrait être multiplié par cent, comme il l’affirme dans une interview accordée au magazine économique Entreprendre

Le Congo a vu naître à ce jour (officiellement) 7 casinos dont 6 se situent dans la capitale Kinshasa. L’un des plus importants est le Casino Royal de Kinshasa situé en bordure du fleuve Congo dans le quartier de Gombe. L’établissement est particulièrement apprécié pour ses machines à sous ainsi que ses structures d’accueil et sa politique de fidélité. L’autre établissement incontournable de la capitale est le Casino International & Pullman Kinshasa Grand Hotel (situé dans l’hôtel du même nom). Proposant des spectacles et musiques traditionnelles, le casino dispose également d’une dizaine de tables et une centaine de machines à sous. L’établissement est également renommé pour une poker room de grande qualité. Enfin pour compléter cette liste (non exhaustive) voici le seul casino (officiel) ne se situant pas dans la capitale. Il s’agit du Casino Salut situé à Lubumbashi (ville de 2 millions d’habitants). L’établissement propose une des offres les plus riches du pays en matière de jeux avec machines à sous, des jackpots, des tables de Poker et de Blackjack ainsi que des roulettes électroniques et de la roulette américaine.

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On est loin des tripots au nom moins glorieux et au statut peu clair que l’on trouve dans les banlieues, où l’on boit et on parie allègrement dans une ambiance un peu glauque. Et pourtant ces “casinos des pauvres” comme on les appelle ici, sont plus ou moins clandestins et drainent des sommes colossales qui échappent à tout contrôle. Lieux de perdition pour des familles déjà gangrenées par la misère, il est difficile d’obtenir des chiffres précis alors que corruption et autres malversations nimbent ce marché d’une aura inquiétante.  

Quel bilan près de 5 ans plus tard?

Presque 5 ans après les déclarations de Papy Niango, il semble que la situation n’ait guère bougé au Congo. Les raisons d’un tel échec sont apparues de façon assez évidente à l’occasion  d’un Forum sur le thème « la lutte contre les flux financiers illicites, le blanchiment d’argent et le rôle du système financier », se tenant le 8 décembre 2021. Lors de l’événement le Ministre de la Communication et Médias, Patrick Muyaya a clairement énoncé le problème et a reconnu que le gouvernement en avait pleinement conscience en déclarant:  « Pour nous, dans le cadre de notre Gouvernement, il y a une volonté politique claire de lutter contre la corruption qui est même un pilier de la stratégie du Gouvernement. Je crois qu’on peut partir d’un constat de diagnostic car vous ne pouvez pas sortir d’une situation si vous n’en avez pas conscience. On connaît le diagnostic, on connaît le problème, on travaille pour y répondre. Ça va prendre du temps parce qu’il faut outiller les services. Ça va prendre du temps parce qu’il faut changer les habitudes. C’est pour cela que nous parlons du changement de narratif parce que justement les mauvaises habitudes se sont enracinées.»

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Une déclaration suivie de nouvelles annonces comme le renforcement de l’Inspection Générale des Finances (IGF), de l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption (APLC) ainsi que celle de la Cellule Nationale des Renseignements Financiers (CENAREF). Reste donc maintenant à voir s’il ne s’agit là encore comme en 2017 que d’un coup d’épée dans l’eau ou d’une vraie prise de conscience qui sera suivie d’effets.

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