2024-02-15 14:35:11
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En 2006, Luc Jacquet remporte l’Oscar du meilleur film documentaire avec « Le Voyage des Pingouins ». Vient désormais le troisième volet de la série avec « Retour au pays des pingouins ». Mais les fans devraient prêter une attention particulière au titre du film.
NLes documentaires sur la nature sont presque toujours une leçon d’humilité. L’homme se rend compte à quel point il est petit, au milieu des vastes océans, des déserts et des glaces éternelles. Et comme la nature peut être belle et impressionnante, mais aussi puissante et inconfortable. Vous le regardez chez vous, confortablement ancré dans la culture de votre canapé et en rêvant d’expéditions avec des casques coloniaux ou des bottes de neige. L’un des cinéastes documentaires les plus à succès vous invite à nouveau au cinéma. Luc Jacquet, le 2005 »Le voyage des pingouinsfilmé et oscarisé, repart après presque dix ans. « Le retour au pays des pingouins » est le nom de son nouveau film, qui est le troisième de la série après la première suite en 2015 (« Le voyage des pingouins 2 »). Jacquet se rend au pôle Sud via la Patagonie. Mais cette fois, quelque chose est différent.
Les amateurs des deux premiers films devraient faire attention au titre, sinon ils pourraient quitter le cinéma déçus. La nouvelle œuvre ne parle pas de la vie des pingouins, mais du voyage de Luc Jacquet. Et les hommes qui se sont aventurés avant lui dans des lieux encore inexplorés. Ceux qui furent les premiers à voyager en Antarctique. Ceux qui se trouvaient au bout du monde en Patagonie et voulaient passer à autre chose. Jacquet est assis dans la cabine d’un navire et feuillette les albums photos de ces hommes. A cette époque, ils ne se réchauffaient qu’avec des manteaux de laine ; certaines parties de leur visage semblent avoir été victimes du gel. Certains sont morts en chemin.
Mais il s’agit surtout de Jacquet lui-même, qui pense à la vie. Il les exprime dès le début dans des paysages en noir et blanc. On dirait les réflexions d’un aventurier en crise de sens. Il n’y a pas de place pour les rêveurs dans la société moderne, c’est pourquoi il veut sentir à nouveau le vent clarifiant de la Patagonie sur son visage, dit la voix sombre du documentariste, prononcée dans la version allemande par Ronald Zehrfeld. Jacquet écarte les bras, se demandant comment on pourrait décrire l’envergure d’un albatros. Le langage échoue à cause de la nature. Son visage – et c’est l’un des nombreux dispositifs stylistiques ennuyeux de ce film – n’est que brièvement et généralement flou. Les images sont floues sur les bords et uniquement nettes au milieu. Les paramètres de mise au point changent souvent comme si quelqu’un essayait de faire la mise au point de l’appareil photo. Mais cela échoue et l’image suivante arrive.
Beaucoup de questions, peu de réponses
Pour le spectateur, la question demeure : pourquoi ? Est-ce destiné à représenter le point de vue d’un chercheur qui se sent perdu dans le flou du monde ? Ou celle d’une personne corrompue par le monde du travail moderne qui n’arrive plus à se concentrer sur ce qui compte vraiment ? Sommes-nous ici en train de regarder à travers les yeux d’un pingouin ? Le noir et blanc symbolise-t-il le changement climatique, dans lequel le pôle Sud semble déjà faire partie du passé ? La réponse reste le secret du documentariste. Cela reste agaçant pour le spectateur. Le pôle Sud, en tant que vaste zone blanche, aurait offert le podium idéal pour une grande variété d’expositions lumineuses. Comment il scintille dans la neige et l’eau, ou scintille dans un délicat bleu jaune-rose derrière des bouffées de brume. Mais à un seul endroit, le film fait monter le filtre couleur et montre un bleu polaire incroyablement brillant qui brille entre les fissures de glace délavées dans la mer. Puis tout redevient gris. Quelle absurdité qu’un film sur la nature cache la beauté au spectateur.
Il faut attendre longtemps jusqu’à ce que les seules personnes que l’on souhaite voir en noir et blanc arrivent enfin. Les pingouins n’apparaissent que dans la seconde moitié du film. Ensuite, le navire perce la banquise arctique et lâche l’équipe de tournage sur la mer gelée. Jacquet parcourt péniblement des kilomètres de blanc intact tel un petit point noir étroitement compacté. Les traces de ses chaussures dans la neige sont rainurées comme un gaufrier. En ce moment, il se tient devant un groupe de pingouins devant des parois rocheuses vieilles de plusieurs milliards d’années. Les ailes bien serrées contre le corps et le bec pressé contre la poitrine pour les protéger du froid, ils se dandinent devant eux en colonne ou se jettent sur leur gros ventre pour glisser sur quelques mètres. Un groupe recule devant une fissure dans la glace lorsque la tête d’un phoque apparaît soudainement. Mais ils ne semblent pas avoir peur des gens du cinéma. Les gens transparaissent toujours dans le film comme une présence violente. Quand une fissure se produit, le navire perce la glace pour arriver dans cet endroit hostile à la vie pour lui.
Pendant que vous regardez, vous ne pouvez pas vous débarrasser du sentiment que Jacquet a placé ses vanités artistiques au-dessus du projet. Mais en fin de compte, ni l’histoire de l’aventurier en quête ni celle du pôle Sud ne sont racontées correctement. Chaque fois que la caméra se déplace au-dessus des paysages enneigés et que vous entendez le craquement et le craquement de la glace, ce sont des images puissantes et impressionnantes. On aurait aimé que le documentariste en fasse les personnages principaux.
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