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Le ralentissement de la construction résidentielle pousse les entrepreneurs à prendre du recul

Le ralentissement de la construction résidentielle pousse les entrepreneurs à prendre du recul

La construction résidentielle continue de subir des reculs importants par rapport à son niveau d’activité précédent. La situation pousse certains entrepreneurs à ralentir. « Il faut savoir se retirer au bon moment », illustre Catherine Deschambault. L’entrepreneure générale et investisseuse immobilière de 38 ans s’occupe actuellement de son dernier chantier. En mars, elle a mis à pied les deux menuisiers qu’elle employait, ses deux derniers employés. « Il y avait un manque d’ouvrage », note l’entrepreneure. Dans moins d’un mois, elle va commencer sa nouvelle vie : direction les Bahamas en voilier avec son amoureux. «D’autres continuent à faire des rénovations et des conversions, mais moi, je ne voulais plus prendre ce risque. C’est dur d’être tout en tout le temps et de risquer tout perdre», dit-elle. Pendant 5 ans, elle a eu sa propre compagnie. Elle a mené une quarantaine de projets. Sa spécialité : acheter un quadruplex, le rénover de fond en comble et revendre les 4 propriétés individuellement. « Les propriétés valent trop cher, le marché est saturé. Le risque n’en valait plus la peine », raconte celle qui est partie de rien à 19 ans en achetant un terrain.

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Les dernières données de la Commission de la construction du Québec (CCQ) tendent à lui donner raison. Si le nombre d’heures travaillées a augmenté de 5,3% au premier trimestre de 2023 par rapport à celui de 2022, celui du sous-secteur de la construction résidentielle a diminué. Les heures travaillées ont chuté de 10% par rapport aux trois premiers mois de 2022. Et la tendance semble se maintenir : en juin, les travailleurs de la construction résidentielle ont enregistré 37,4 millions d’heures de travail, soit une baisse de 8% par rapport à juin 2022.

Mercredi, la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) a publié ses dernières statistiques sur la construction résidentielle. Des données qui, encore une fois, montrent une activité en forte décroissance, presque partout au Québec. En juillet, le nombre de chantiers de construction a diminué de 36% au Québec par rapport au même mois de l’année dernière. Le mois dernier, seule la Nouvelle-Écosse affichait un pire bilan, avec une chute de 41%.

Cette situation n’est pas nouvelle. Elle est apparue avec les hausses rapides du taux directeur par la Banque du Canada, rappelle Paul Cardinal, directeur du Service économique de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ). Les projets d’habitation (copropriété ou locatif) sont difficiles à vendre ou à financer depuis que la Banque du Canada tente de juguler l’inflation. De très nombreux chantiers ont été mis en pause au cours des derniers mois. Avec pour conséquence, dit M. Cardinal, d’amplifier encore davantage l’actuelle pénurie de logements.

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À la différence de Catherine Deschambault, le président de Construction Simdev, Luc Simard, demeure convaincu que la situation se rétablira rapidement. Pas question pour lui de jeter l’éponge : il travaille aux derniers détails d’un projet de plusieurs centaines d’unités en location, dont la construction pourrait débuter au printemps prochain. « Sans que ce ne soit la catastrophe, il est vrai que tout le monde dans l’industrie traverse une période difficile, explique M. Simard. La hausse des taux d’intérêt a considérablement compliqué le financement ; il faut s’ajuster. » Il observe aussi que les entreprises d’excavation, d’électricité et les autres sont aujourd’hui beaucoup plus disponibles qu’avant. « Une conséquence de ce ralentissement dans la construction résidentielle, j’imagine », lance-t-il.

L’industrie de la construction tourne tout de même « rondement » si l’on tient compte de l’activité dans le secteur institutionnel et commercial, précise l’Association Construction Québec (ACQ). « Les investissements dans le résidentiel sont en baisse de plus de 40% comparativement à l’an dernier », déplore son porte-parole, Guillaume Houle. Le moment est mal choisi, selon lui, alors que le Québec a besoin plus que jamais d’investir dans le logement « pour répondre aux besoins de la population et des entreprises qui souhaitent s’établir ici et qui ont besoin d’unités d’habitation pour loger leurs travailleurs ».

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Cela ne va pas empêcher Catherine Deschambault, qui a beaucoup aimé son métier d’entrepreneur général, d’aller voir si son bonheur est ailleurs. « J’y pensais avant, mais le manque d’ouvrage m’a confirmé que c’était le bon moment de partir », lâche-t-elle.
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