Le Premier ministre israélien Yair Lapid a félicité Benjamin Netanyahu pour sa victoire électorale, les résultats finaux confirmant le retour triomphal de l’ancien Premier ministre à la tête d’une alliance résolument de droite.
Points clés:
- M. Netanyahu et ses alliés ultranationalistes et ultra-orthodoxes ont remporté 64 des 120 sièges au parlement israélien
- Le nouveau gouvernement de coalition devrait modifier les lois pour atténuer les déboires juridiques de M. Netanyahu, qui a été accusé de fraude, d’abus de confiance et d’acceptation de pots-de-vin
- Alors que les partis de droite ont pris le pouvoir, des groupes comme le parti anti-occupation Meretz semblent se diriger vers l’exil politique
La victoire de M. Netanyahu devrait mettre fin à une impasse sans précédent en Israël après cinq élections en moins de quatre ans.
Cette fois-ci, M. Netanyahu, l’homme politique israélien dominant de sa génération, a remporté une nette majorité parlementaire, renforcée par des partis ultranationalistes et religieux.
Le scrutin de mardi a vu le centriste M. Lapid et sa rare alliance de conservateurs, de libéraux et de politiciens arabes qui, pendant plus de 18 mois au pouvoir, ont fait des incursions diplomatiques avec la Turquie et le Liban et ont maintenu l’économie en marche.
Mais avec la recrudescence du conflit avec les Palestiniens et l’éclatement des tensions judéo-arabes en Israël, M. Netanyahu et ses alliés ultranationalistes et ultra-orthodoxes ont remporté 64 sièges au parlement israélien de 120 sièges, ou Knesset.
Ses adversaires dans la coalition actuelle, dirigée par M. Lapid, ont remporté 51 sièges, le reste étant détenu par un petit parti arabe non affilié.
M. Netanyahu doit encore être officiellement chargé par le président de former un gouvernement, un processus qui pourrait prendre des semaines.
Le Premier ministre Yair Lapid a félicité M. Netanyahu et a chargé son équipe de préparer une transition organisée du pouvoir, a indiqué son bureau.
“L’Etat d’Israël passe avant toute considération politique”, a déclaré M. Lapid.
“Je souhaite le succès à Netanyahu, pour le bien du peuple d’Israël et de l’Etat d’Israël.”
L’extrême droite veut contrôler la police et l’armée
En Cisjordanie, des soldats ont tué un militant du Jihad islamique et un homme de 45 ans lors d’un autre incident, ont indiqué des médecins.
Interrogée sur cette dernière mort, l’armée a déclaré avoir ouvert le feu lorsque des Palestiniens les ont attaqués avec des pierres et des cocktails Molotov.
“Le temps est venu d’imposer l’ordre ici. Le temps est venu qu’il y ait un propriétaire”, a tweeté Itamar Ben-Gvir du parti d’extrême droite Sionisme religieux, probable partenaire principal du Likud.
Il répondait à un coup de couteau signalé par la police de Jérusalem.
Un colon de Cisjordanie et ancien membre de Kach, un groupe militant juif sur les listes de surveillance des terroristes israéliens et américains, M. Ben-Gvir, est un disciple d’un rabbin raciste anti-arabe.
M. Ben-Gvir a déclaré qu’il voulait mettre fin à l’autonomie palestinienne dans certaines parties de la Cisjordanie et jusqu’à récemment, il avait accroché une photo dans sa maison de Baruch Goldstein, un américano-israélien qui a tué 29 Palestiniens lors d’une fusillade en Cisjordanie en 1994.
M. Ben-Gvir, qui cherche à expulser des hommes politiques arabes, a déclaré qu’il souhaitait être nommé à la tête de la police nationale.
Son parti, le sionisme religieux, a promis de promulguer des changements à la loi israélienne qui pourraient faire disparaître les problèmes juridiques de M. Netanyahu et, avec d’autres alliés nationalistes, ils veulent affaiblir l’indépendance du pouvoir judiciaire et concentrer davantage de pouvoir entre les mains des politiciens.
Le chef du parti, Bezalel Smotrich, un colon de Cisjordanie qui a tenu des propos anti-arabes, a les yeux rivés sur le ministère de la Défense.
Cela ferait de lui le surveillant de l’armée et de l’occupation militaire israélienne en Cisjordanie.
Alors que les pourparlers de formation de la coalition n’ont pas encore officiellement commencé, on ne sait toujours pas quelle position M. Ben-Gvir pourrait occuper dans un futur gouvernement.
Depuis l’élection, lui et M. Netanyahu se sont engagés à servir tous les citoyens.
Mais l’ascendant de M. Ben-Gvir a semé l’inquiétude parmi les 21 % de la minorité arabe et les juifs de centre-gauche – et en particulier parmi les Palestiniens dont les pourparlers sur la création d’un État parrainés par les États-Unis avec Israël ont échoué en 2014.
Le parti anti-occupation échoue
La montée en puissance de l’aile droite d’Israël s’est faite aux dépens de son flanc gauche.
Le parti travailliste, autrefois un élément dominant de la politique israélienne et qui soutient la création d’un État palestinien, vacillait juste au-dessus du seuil électoral.
Le parti anti-occupation Meretz semble se diriger vers l’exil politique pour la première fois depuis sa création dans les années 1990.
Le chef du Meretz, Zehava Galon, a concédé que le parti ne serait pas au prochain parlement.
“C’est une catastrophe pour le Meretz, une catastrophe pour le pays et oui, une catastrophe pour moi”, a-t-elle déclaré.
Après l’annonce officielle des résultats, le président de cérémonie d’Israël sélectionne un candidat, qui sera M. Netanyahu, pour former un gouvernement.
Il aura alors quatre semaines pour le faire.
M. Netanyahu est susceptible de conclure les pourparlers dans ce délai, mais le sionisme religieux devrait mener une négociation difficile pour son soutien.
Le polarisant M. Netanyahu, le plus ancien dirigeant d’Israël, a été évincé en 2021 après 12 années consécutives au pouvoir par une coalition idéologiquement diversifiée qui comprenait pour la première fois dans l’histoire d’Israël un petit parti arabe.
La coalition s’est effondrée au printemps à cause de luttes intestines.
M. Netanyahu a été accusé de fraude, d’abus de confiance et d’acceptation de pots-de-vin dans une série de scandales impliquant de riches associés et des magnats des médias.
Il nie tout acte répréhensible, voyant son procès comme une chasse aux sorcières contre lui orchestrée par des médias hostiles et un système judiciaire biaisé.
Reuters/AP/ABC