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Le Nigeria va voter, les opérations ralentissent et la colère éclate

Le Nigeria va voter, les opérations ralentissent et la colère éclate

AGI – Le Nigeria se rend aux urnes pour élire le nouveau chef de l’Etat. De nombreux analystes le définissent comme le jour de la vérité. Le défi est important et tout le monde espère que la violence ne l’emportera pas sur le vote, même si les craintes sont fortes. Le pays a, ces dernières années, perdu une grande partie de son élan qui en a fait l’une des plus grandes économies du continent. Il doit maintenant régler tous les problèmes non résolus, et dans bien des cas, que les gouvernants qui se sont succédé ces dernières années n’ont pas voulu régler.

Pendant ce temps, aujourd’hui à Lagos, les responsables de la commission électorale nationale indépendante (Inec) ne se sont pas encore présentés aux urnes. La plupart des électeurs dans la file d’attente, comme le rapporte la BBC, affirment être arrivés à l’heure précise d’ouverture du vote, à 8h, mais à 12h40 àAucun des scrutateurs n’était encore arrivé. Malgré l’enthousiasme généralisé de la population pour le vote, il y a eu des problèmes techniques dans plusieurs domaines. Les responsables de la Commission électorale se sont présentés avec des heures de retard dans plusieurs bureaux de vote et ne sont toujours pas arrivés dans d’autres. Selon certaines informations, la technologie de reconnaissance des empreintes digitales et faciale utilisée pour enregistrer les électeurs a échoué dans plusieurs bureaux de vote. À Lagos, fief du parti au pouvoir APC, des violences et des tensions ont été signalées. Le vote devrait se terminer à 14h30, bien que toute personne ayant fait la queue avant cette heure soit autorisée à voter, ce qui pourrait signifier des millions

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La première économie du continent doit faire face à une chute sans précédent du produit intérieur brut, les analystes prédisent que ce n’est que cette année que nous verrons une reprise, avec un PIB de 3%, grâce à la demande mondiale croissante de pétrole. La guerre en Ukraine et la diversification progressive des approvisionnements en gaz et pétrole russes pourraient accroître la demande de ces produits en provenance du continent.

Mais, il faut le souligner, tout cela ne résout pas les problèmes d’un pays où 133 millions de personnes, soit 63 % de la population, souffrent de pauvreté et 91 millions d’entre elles vivent dans des conditions d’extrême pauvreté – selon le National Bureau des statistiques – dont la plupart sont jeunes.

La croissance vertigineuse entre 2000 et 2014

Le Nigéria a connu une croissance entre 2000 et 2014 à un taux annuel moyen de 7,7 %, mais les années suivantes, en raison précisément de la chute du prix du pétrole, elle subit un ralentissement qui frôle la récession. Le principal nœud critique est le manque de diversification de l’économie fondée, pour la majorité du PIB, précisément sur l’exportation des produits pétroliers.

Et, bien que le Nigeria soit le plus grand producteur de pétrole brut d’Afrique subsaharienne, il importe 80 % de ses besoins en carburant. Il y a eu peu d’investissements, et souvent insignifiants, dans le social et les infrastructures et pour faire les nécessaires, il faudrait investir environ 3 000 milliards de dollars d’ici 2050. Une somme énorme.

La pandémie et maintenant la guerre en Ukraine ont encore aggravé la situation. La pénurie de produits de première nécessité et la hausse des prix ont conduit, fin 2022, à une inflation supérieure à 21 %. Insoutenable pour la grande majorité de la population. Le chômage a atteint 33,3% en 2022, soit dix points de plus qu’en 2018. A tout cela s’ajoute une corruption profondément enracinée, on peut dire endémique. Mais pas seulement. Pas une semaine ne se passe, pas un jour sans attentats ou actions de groupes criminels, qu’ils soient djihadistes ou séparatistes, qui tentent de faire plier et de jeter dans le chaos le géant de l’Afrique de l’Ouest, l’un des pays les plus dynamiques du continent.

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L’ancien putschiste, le général Muhammadu Buhari, élu démocratiquement en 2015 et 2019 pour mettre fin à l’insécurité, ne s’est pas présenté à la présidence après deux mandats marqués par une recrudescence des violences, notamment dans sa région d’origine, le nord-ouest. Dans le nord du pays la situation est terrible : si le président Buhari et son armée ont réussi à reconquérir certains territoires aux mains des djihadistes de Boko Haram et de l’État islamique (Iswap), ce conflit dure depuis 13 ans et a causé plus de 40 000 morts et 2 millions de déplacés – c’est loin d’être fini.

La situation s’est encore aggravée et ces dernières années, un nouveau front s’est ouvert : dans le nord-ouest et dans le centre, des gangs criminels, qui utilisent astucieusement un conflit jamais latent entre bergers et agriculteurs, opèrent en toute impunité dans les zones rurales, attaquant des villages mais , également citoyens qui circulent sur les routes de ces régions. Le tableau économique est sombre, la situation sécuritaire est alarmante.

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Et les candidats à la présidence nigérians devront se débattre avec ces problèmes. Les élections de demain s’annoncent donc très serrées entre les trois principaux candidats : Bola Tinubu du parti au pouvoir (APC), Atiku Abubakar du principal parti d’opposition (Pdp) et Peter Obi, l’outsider vu comme le candidat des jeunes ( LP).

Les candidats promettent de mettre fin à la violence

Les trois promettent de mettre fin à la violence et au terrorisme, le même mantra du président sortant Buhari, un objectif pourtant qu’il n’a pas atteint. Mais la menace de violences généralisées pèse aussi sur le déroulement du scrutin, au cours duquel environ 94 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, pour élire le président, les députés et les sénateurs. Les analystes portent également une attention particulière à la période post-vote, “les groupes criminels augmentent le risque de manifestations post-électorales qui pourraient même s’intensifier”, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG).

Selon le groupe d’observation électorale Yiaga Africa, la tenue des élections est mise à mal dans six États et 14 circonscriptions locales, en raison de l’insécurité ou de la présence de groupes armés. Pour le think tank Icg, “les perspectives post-électorales sont sombres”. Au Nigeria, les résultats ont presque toujours été contestés, et le risque de violence, à cette occasion, est d’autant plus grand que le pays pourrait être appelé, pour la première fois de son histoire, à un second tour de scrutin si aucun des candidats devrait être élu au premier tour, allongeant ainsi la période électorale et avec elle le risque de violences et de troubles.

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