Le chercheur sur les primates Frans de Waal est décédé

UParmi les milliers de vidéos d’animaux qui inondent les réseaux sociaux et racontent souvent des choses intéressantes sur le comportement animal, celle de la « Cucumber Grape Study » reste l’une des plus divertissantes et des plus étonnantes. Deux singes capucins dans des boîtes l’un à côté de l’autre, un scientifique les invite à faire une opération d’échange familière aux animaux : ils doivent lui remettre un jeton et en échange ils reçoivent chacun un morceau de concombre.

Tous deux y participent, même une seconde fois. Ensuite, un singe reçoit un raisin pour sa pierre, l’autre un concombre. Le raisin est mangé, le morceau de concombre – le mets le moins attrayant – s’envole hors de la cage, jeté, notre regard compréhensif ne peut pas l’interpréter autrement, colère frustrée face à l’injustice.

Le primatologue Frans de Waal, responsable d’une étude publiée en 2003, dont fait partie la vidéo, n’a pas interprété ce comportement de manière aussi totalement humanisante. Dans son étude des singes qui a duré des décennies, il n’est pas allé jusqu’à dire qu’ils avaient une conscience morale, mais il a dit qu’eux et certaines autres espèces animales possédaient des capacités cognitives nécessaires au développement de la moralité : l’empathie, un sentiment pour l’équité et pour la réciprocité.

Frans de Waal, né en 1948 à S’Hertogenbosch aux Pays-Bas comme Hieronymus Bosch qu’il admirait, fut un pionnier dans ce domaine ou, comme il l’écrit lui-même dans un livre, la grenouille des toilettes : quelqu’un qui, comme une grenouille assise dans les toilettes – comme il devrait y en avoir – maintenant obstinément sa position tandis que toutes sortes de choses peu recommandables l’envahissent.

Le fait que, alors que la recherche mettait l’accent sur le comportement agressif chez les animaux, il s’est tourné vers les stratégies utilisées par les chimpanzés et les bonobos pour résoudre les conflits, et qu’il a décrit leurs baisers et leurs câlins après des différences comme une « réconciliation », a provoqué une contradiction permanente. Beaucoup de ses résultats de recherche sont aujourd’hui confirmés : en éthologie, la différence entre l’homme et l’animal est de plus en plus considérée comme graduelle.

Même après sa retraite en tant que professeur de psychobiologie à l’Université Emory d’Atlanta, où il a également dirigé le Living Links Center for the Advanced Study of Ape and Human Evolution, il a fait connaître ses découvertes à un public plus large grâce à son amour caractéristique pour la narration. Beaucoup de ses livres sont des best-sellers. “J’ai rapproché les singes des gens, mais j’ai aussi fait descendre les gens un peu”, a-t-il déclaré dans sa nécrologie, citée par l’Université Emory. Comme cela a été annoncé ce week-end, Frans de Waal est décédé le 14 mars à l’âge de 75 ans.