GENÈVE (13 avril 2023) – Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, s’est alarmé jeudi de la situation précaire des demandeurs d’asile et des migrants qui tentent de traverser la Méditerranée centrale, et a appelé à des efforts concertés pour assurer leur sauvetage rapide et un traitement digne, efficace et approfondi dans un lieu sûr .
Depuis 2014, plus de 26 000 personnes sont mortes ou ont disparu en traversant la Méditerranée, dont plus de 20 000 le long de la route de la Méditerranée centrale, considérée comme l’une des routes migratoires les plus meurtrières au monde.
“Nous assistons à une forte augmentation du nombre de personnes désespérées qui mettent leur vie en danger”, a déclaré le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. « Nous ne pouvons pas nous permettre de tergiverser et de nous laisser entraîner dans un autre débat sur qui est responsable. Des vies humaines sont en jeu. »
Türk a exhorté les États à ouvrir des canaux de migration plus réguliers, à renforcer le partage des responsabilités, à garantir des arrangements pour le débarquement sûr et rapide de toutes les personnes secourues en mer, ainsi qu’un suivi et une surveillance indépendants des politiques et pratiques liées à la migration.
Le Haut-commissaire a applaudi les efforts des garde-côtes italiens qui ont secouru quelque 2 000 personnes depuis vendredi. On estime que 400 personnes seraient toujours en mer, attendant de l’aide. Au moins quatre personnes sont mortes et plus de 20 autres sont toujours portées disparues après le naufrage de deux bateaux de migrants au large de la Tunisie samedi.
L’Italie rapporte que quelque 31 300 migrants y sont arrivés jusqu’à présent en 2023, contre environ 7 900 à la même période l’année dernière. Les sauveteurs disent que la plupart des migrants sont partis de Libye et de Tunisie, et sont originaires de Côte d’Ivoire, de Guinée, du Bangladesh, de Tunisie et du Pakistan.
“Le moment est venu de la solidarité avec l’Italie et d’une coopération renforcée pour garantir la protection des droits humains de toutes les personnes en déplacement”, a déclaré Türk, appelant les États membres de l’UE à se coordonner en matière de gouvernance des migrations.
L’Italie a décidé mardi d’imposer l’état d’urgence pour gérer la situation. “Toute nouvelle politique dans le cadre de l’état d’urgence doit être conforme aux obligations de l’Italie en matière de droits humains”, a déclaré Türk.
« Il est impossible de déroger aux protections des droits de l’homme, telles que le droit à la vie et l’interdiction du refoulement, même pendant ces périodes.
“L’expérience nous enseigne qu’adopter une ligne plus dure pour freiner la migration irrégulière n’empêchera pas les départs, mais entraînera plutôt davantage de souffrances humaines et de décès en mer. Au lieu de cela, il serait bien préférable que les pays fournissent des voies de migration sûres et régulières et évitent les décès inutiles.
Le Haut-Commissaire a imploré le gouvernement italien d’abandonner sa nouvelle loi sévère adoptée plus tôt cette année, qui limite les opérations civiles de recherche et de sauvetage, et de s’abstenir de criminaliser les personnes impliquées dans la fourniture d’une assistance vitale.
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