La succession tumultueuse de Joël Robuchon: une enquête révèle des malversations

Six ans après la mort du chef multi-étoilé, sa fille dénonce une gestion calamiteuse de sa succession. Sa plainte, qui va conduire à l’ouverture d’une instruction au tribunal de Paris ces prochains jours, vise plusieurs professionnels du droit, suspectés d’avoir englouti des sommes colossales en honoraires.

Joël Robuchon était aussi jovial à la télé que pudique sur sa réussite. Chef aux 32 étoiles Michelin, celui qui s’invitait dans la salle à manger des Français avec son bonhomme mais diablement efficace «Bon appétit bien sûr !» s’est éteint en août 2018, à 73 ans. Prescripteur aux fourneaux, Robuchon a aussi été un businessman affûté, premier de sa génération en tout cas à réussir le fond de sauce entre la poularde et le benchmark. Son amour des produits, ses astuces et sa gestuelle ciselée ont ainsi été déclinés au fil du temps dans une arborescence de marques et de sociétés. Ces entités avaient vocation à parachever la légende Robuchon, dans des pays où le cuistot s’était élevé au rang d’idole, notamment en Chine et au Japon. Sauf qu’une fois disparu, ses héritiers ont dû composer avec un empire dont ils ignoraient les ramifications et la valorisation globale, éparpillée en de multiples biens immobiliers, licences et liquidités. Comme le révèle Libération aujourd’hui, sa succession s’est ensuite violemment envenimée, lorsque des professionnels du droit, suspectés d’une escroquerie au cynisme rare, ont englouti des millions d’euros d’honoraires.

En effet, près de six ans après le décès de Joël Robuchon, rien, ou presque, n’a été réglé. D’ici quelques jours, les errements de la succession vont même faire l’objet d’une instruction du tribunal judiciaire