La SNCF se prépare à attaquer le marché ferroviaire italien. C’est ce qu’a révélé “Le Parisien”, rapportant en avant-première le “Projet Allegro”: un plan sur lequel l’opérateur public français travaille depuis des mois, qui prévoit dès 2026 de faire son entrée sur deux lignes à grande vitesse. Dans le viseur du transporteur, les lignes Turin-Milan-Rome-Naples et Turin-Venise. Au total 13,5 allers-retours par jour, dont neuf sur la liaison Milan-Rome et quatre sur la liaison Turin-Venise, auxquels s’ajouteront deux liaisons Paris-Milan.
Une manière de répondre au concurrent Trenitalia, qui a débarqué fin 2021 sur les rails français avec son Frecciarossa reliant Paris à Milan via Lyon. Un document confidentiel indique que l’intention est de “limiter” la “capacité d’investissement” de Trenitalia en “réduisant effectivement ses perspectives de marge sur son marché domestique”. Par le passé, la SNCF était déjà présente sur le réseau ferré national avec une participation de 20 % dans Italo-Ntv, abandonnée en 2015.
Le modèle que la SNCF veut importer de l’autre côté des Alpes est celui du TGV low cost Ouigo : des prix extrêmement compétitifs, des billets vendus majoritairement en ligne, une fréquence de trajets élevée et une offre plébiscitée. Une stratégie agressive, qui n’a rien à voir avec les offres premium et qui commencera dans trois ans à augmenter progressivement d’ici 2028.
Le 26 avril, le projet devrait être présenté au comité d’entreprise européen (CEE), l’organe interne du groupe chargé de la stratégie d’expansion à l’étranger. Mais pour l’instant la confidentialité est maximale de la part de l’entreprise transalpine. “Pour le moment aucune décision n’a été prise et nous n’avons confirmé aucune information”, a réagi le journal parisien SNCF Voyageurs, qui a rappelé comment l’opérateur est déjà présent en Italie “avec la liaison Paris-Milan et rien n’a été décidé au-delà ceci”.
La SNCF poursuit ainsi son plan de développement à l’étranger. La compagnie s’est déjà implantée en Espagne, où, après avoir lancé ses Ouigos sur la ligne Madrid-Barcelone en 2021, elle a relié la capitale espagnole à Valence et prévoit également pour cette année d’ouvrir d’autres lignes vers Alicante et Séville.
Un modèle similaire à celui envisagé pour l’Italie. Dans la Presqu’île, le groupe peut s’appuyer sur la filiale SNCF Voyages Italia (SVI) qui gère le passage frontalier des trains entre Paris et Lyon et dispose déjà du certificat de sécurité unique nécessaire à l’exploitation. Mais pour le moment, il n’y a pas assez de “matériel roulant” pour pouvoir “circuler sur les itinéraires italiens”. Pour cette raison, la SNCF attend les 15 Tgv-M mis en service à Alstom l’été dernier pour 590 millions d’euros. Des trains de nouvelle génération, capables de transporter plus de personnes et de circuler avec des tensions électriques différentes, s’adaptant ainsi aux réseaux des différents pays. Idéal pour conquérir de nouveaux marchés, comme celui de l’Italie.
