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La situation critique du Credit Suisse déclenche une nouvelle journée de panique pour les banques

La situation critique du Credit Suisse déclenche une nouvelle journée de panique pour les banques

Pur mirage. Ce qui annonçait une journée de transition avant la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi s’est transformé en une nouvelle vague de chaos pour les marchés financiers. Les investisseurs s’expriment et ne veulent plus de hausses de taux, à un moment où la possibilité d’une crise bancaire mondiale se profile comme une menace plus proche que l’inflation elle-même.

La nervosité avant la réunion de l’instance monétaire se traduit par des chutes qui dépassent les 3,5% sur pratiquement toutes les bourses européennes. L’Ibex-35, principal indice de la Bourse espagnole, est le pire chômeur avec des chutes de 4,37% à la clôture, sa pire journée en 16 mois, jusqu’à 8.759 points.

Sans doute le poids d’Inditex, qui chute de plus de 5% après la publication de ses résultats, fait que ces pertes sont supérieures à celles des autres places boursières européennes. Mais la panique vendeuse se concentre à nouveau sur le secteur bancaire. Après la reprise d’hier, les six banques Ibex se sont de nouveau effondrées avec des pertes de 10,5% pour Sabadell, 9,6% pour BBVA, et près de 7% également à Santander, CaixaBank et Bankinter. Unicaja, pour sa part, perd 6% de sa valeur à la clôture.

La fuite des investisseurs a même fait suspendre la cotation de quatre banques européennes pour éviter de plus grands maux : la Société Générale française, les Italiens Monte dei Paschi, Unicredit et, bien sûr, l’entité qui a déclenché l’étincelle de l’effondrement : Credit Suisse, avec une baisse de 20 % au moment de sa suspension.

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La banque suisse a confirmé mercredi un secret de polichinelle depuis des mois : avoir détecté des “déficiences importantes” dans le contrôle des risques avec ses informations financières. Mais ce qui a vraiment surpris le marché, c’est une interview inattendue de Bloomberg par Ammar al Khudairy, président de la Banque nationale saoudienne, qui est le principal actionnaire de l’entité après avoir gagné 9,9 % de son capital l’an dernier.

Dans celle-ci, et contre toute logique d’en être justement le principal actionnaire, Khudairy explique qu’ils n’apporteront pas plus de capital au Credit Suisse, arguant qu’ils ne veulent pas dépasser 10% “pour différentes raisons”. Cette phrase a suffi à déclencher une autre débâcle sur le marché. “Il n’y a rien de plus rapide que l’argent quand la panique se propage”, explique Juan Abellán, directeur du master en marchés financiers et gestion d’actifs à l’IEB, qui rappelle que l’entité est considérée comme une banque systémique en Suisse, donc elle pourrait être secourue, bien que sa scission et la vente de différents domaines tels que la banque d’investissement soient également envisagées.

Avec l’étau qui se resserre autour de son cou, le Credit Suisse a été contraint de se tourner vers la Banque nationale suisse et le régulateur Finma pour obtenir de l’aide, demandant une démonstration publique de soutien. Au moment de mettre sous presse, aucune des deux institutions n’avait décidé d’intervenir publiquement.

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Le chaos est absolu. Et même si les banques européennes semblent loin de connaître des situations similaires, des sources financières reconnaissent une certaine inquiétude quant au risque de contagion. Comme ils l’expliquent, bien que le Credit Suisse soit une entité suisse, l’une de ses principales activités est d’agir en tant que dépositaire des liquidités de nombreux gestionnaires de fonds. Et là, la contagion serait déjà plus perceptible.

La situation difficile a contraint le président du gouvernement, Pedro Sánchez, à prendre la parole lors du sommet Espagne-Portugal. « L’Europe a un système de supervision renforcé qui a fait que les banques ont des ratios de liquidité et de solvabilité bien plus élevés qu’avant la crise. Et les Espagnols encore plus », a-t-il déclaré.

Le dilemme de la BCE

Craignant que les retraits de dépôts ne deviennent une tendance, tous les regards sont désormais braqués sur la réunion au cours de laquelle la BCE décidera jeudi l’une de ses décisions les plus compliquées de ces derniers temps : maintenir son plan de lutte contre l’inflation et relever les taux d’intérêt de 50 points de base. comme prévu ou céder à la pression du marché et craindre qu’une récession ne soit déjà une réalité.

L’incertitude des analystes est totale. En principe, on s’attend à ce que l’instance décide enfin de se conformer à son mandat de contrôle des prix, mais en adoucissant -et beaucoup- son discours sur l’avenir de la politique monétaire. Et même anticiper une pause dans les ascensions.

Le problème est que, dans l’environnement actuel de chaos financier, il est difficile d’anticiper la réaction du marché à l’un de ses mouvements. La hausse des taux ne sera pas bien accueillie par les investisseurs. Mais un arrêt soudain enverrait également le signal que les choses sont pires que prévu. Alors Christine Lagarde devra mesurer son discours au millimètre près.

“Nous sommes convaincus que les deux banques centrales -la BCE ce jeudi et la Fed la semaine prochaine- tenteront de minimiser la situation, donnant ainsi un important vote de confiance au secteur bancaire dans leurs régions respectives”, indiquent les analystes de Link Securities. “Ce qui, selon nous, va changer à partir de maintenant, c’est la communication, notamment celle de beaucoup de membres de ces comités, qui se sont montrés très agressifs en termes de tarifs”, insistent-ils.

En d’autres termes, Lagarde et Jerome Powell renforceront le mantra selon lequel, à partir de maintenant, les prochaines actions sur les taux d’intérêt dépendront entièrement des données publiées.

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