Nouvelles Du Monde

« La reine de la cocaïne colombienne : le destin flamboyant et effrayant de Griselda Blanco »

« La reine de la cocaïne colombienne : le destin flamboyant et effrayant de Griselda Blanco »

Baronne colombienne de la drogue, aussi terrifiante que flamboyante, elle a semé la terreur toute sa vie et inspire une série Netflix. Retour sur son destin stupéfiant.

“Le seul homme dont j’ai jamais eu peur était une femme baptisée Griselda Blanco.” Ces mots de Pablo Escobar donnent le ton dès le prégénérique de la série Netflix Griselda. Membre important du cartel de Medellín, cette narcotrafiquante colombienne fut, pendant deux décennies, l’une des figures du crime les plus redoutées de tout le continent américain. Pourtant, malgré ses «faits d’armes», sa puissance, un téléfilm avec Catherine Zeta-Jones sur sa vie (Marraine de la cocaïne 2017) et un morceau du rappeur Booba lui rendant hommage, son histoire reste méconnue face à celle des célèbres barons de la drogue, Escobar ou El Chapo. C’était compter sans les créateurs de Narcos qui, sous l’impulsion de l’actrice et productrice Sofía Vergara, consacrent une minisérie à marraine (marraine en espagnol). Les six épisodes se concentrent majoritairement sur la création et la gestion de son empire à Miami, dans les années 1970 et 1980, mais la vie entière de cette femme déterminée et sanguinaire aurait mérité d’être racontée.

Un destin tout tracé

Née le 15 février 1943, dans la zone portuaire de Carthagène des Indes, Griselda déménage trois ans plus tard avec sa mère dans les bidonvilles de Medellín et grandit dans un contexte de violence tel qu’il conditionnera ses choix dès son plus jeune âge. La légende raconte qu’à 11 ans, pour obtenir une rançon, elle kidnappe un jeune et riche garçon qu’elle abat froidement, faute de réponse des parents. À 14 ans, elle fuit la maison de sa mère abusive, se prostitue, vole. Très vite, elle se marie avec un proxénète et faussaire qui lui donne trois fils… avant qu’elle ne le fasse tuer. Son destin bascule alors : au début des années 1970, elle épouse Alberto Bravo, narcotrafiquant, avec qui elle émigre pour conquérir un nouveau marché : les États-Unis. Il lui apprend tout, l’initie aux ficelles du métier et en fait son bras droit. Griselda excelle et développe cette filière pionnière du trafic de cocaïne sur le sol américain.

Lire aussi  Spécifications de la station d'idées musicales mobiles SEQTRAK

Elle engage des «mules» parmi ses anciennes amies prostituées, en Colombie, pour transporter la drogue cachée dans la doublure de leurs soutiens-gorge qu’elle fait fabriquer spécialement. Elle amasse une fortune, acquiert de la puissance à mesure que son réseau grandit. Depuis sa base new-yorkaise, le couple rend les Américains accros, et Griselda, elle-même, devient dépendante au bazooka, la pâte de cocaïne. La DEA (la brigade des stupéfiants américaine) à ses trousses, elle s’enfuit pour la Colombie avec son jet privé au milieu des années 1970. Elle rejoint son époux qui, ayant détourné des fonds, subit alors son létal courroux : une fois encore, la Veuve noire assassine son mari. C’est d’ailleurs sur ce meurtre conjugal que démarre la série.

L’intraitable narcotrafiquante

1978 marque un tournant dans la vie de l’impitoyable narcotrafiquante : accompagnée de son troisième mari, Dario Sepúlveda, elle s’envole pour Miami. Physiquement métamorphosée par sa toxicomanie, visage bouffi, corps empâté, elle passe incognito, rétablit son empire et finit par diriger un monde d’hommes qui ne voulait pas d’elle. Au sommet de sa «gloire», 1 500 kg de drogue sont écoulés chaque mois par un réseau de 1 500 dealers. Elle dépense sa fortune, estimée à 1,4 milliard d’euros, en villas et rivières de diamants, organise des fêtes orgiaques pour les barons du milieu. Son amour du luxe n’a d’égal que son appétit féroce de sang. On lui prête plus de deux cents meurtres, dont de nombreuses expéditions punitives. Parmi ses victimes : des voyous, des concurrents, mais aussi des civils tués de sang-froid par ses hommes de main, des femmes, des enfants.

Lire aussi  Filmographie et relations avec les acteurs d'Helmut Schreiber

Griselda finit par utiliser les mêmes tactiques que les hommes ont utilisées contre elle, et cela scelle son destin, explique Eric Newman, créateur et producteur exécutif de la série Netflix. Certaines femmes sont si fortement façonnées par la société contre laquelle elles se révoltent que même dans leur tentative d’émancipation, elles reproduisent les schémas qu’elles veulent abolir. Sans pitié, la «reine de la coca» ne recule devant rien pour asseoir son pouvoir : elle est la cheffe de file des Cocaine Cowboys qui, dès 1979 et durant une décennie, opposent les forces de la police en Floride aux narcotrafiquants. Les massacres sont alors si fréquents que les morgues, faute de place, auraient loué des camions frigorifiques à… Burger King.

À 1983, elle élimine son troisième mari, Dario, après qu’il a fui les États-Unis — et Griselda — pour rejoindre la Colombie avec leur fils Michael Corleone, baptisé ainsi en référence au héros du Parrain. Dès l’année suivante, les relations de la «reine de la coca» avec le cartel de Medellín se dégradent : ses addictions accentuent sa paranoïa, et les meurtres qu’elle commandite au moindre désaccord fâchent les barons, notamment les puissants frères Ochoa, décidés à venger l’assassinat de leur nièce. Griselda fuit la Floride pour Los Angeles mais, après des années de traque, la DEA finit par l’arrêter. En 1985, elle est condamnée à dix ans de prison mais continue à gérer ses affaires depuis sa cellule. Malgré trois nouvelles inculpations de meurtres au second degré pendant son incarcération, dont celui d’un enfant de 2 ans, elle échappe de peu à la peine de mort, suite à un vice de forme, mais voit sa peine alourdie. Libérée en 2004, mais expulsée des États-Unis, elle retourne à Medellín et se met à l’écart. Non seulement le cartel n’est plus, mais elle préfère jouir de son pactole discrètement pour ne pas subir le même sort que ses fils, assassinés dès leur arrivée en Colombie. Son passé la rattrape fatalement en 2012. Alors qu’elle sort d’une boucherie, des hommes à moto lui tirent deux balles dans la tête en pleine rue. Ironie du sort : ce mode opératoire, qu’elle créa selon la légende, était son préféré pour éliminer ses ennemis.

Lire aussi  Handball : Kretzschmar – « J’avais depuis quelques années des traits de connard majeurs en termes de sport et de vie privée »

Griselda, d’Eric Newman, avec Sofía Vergara et Karol G, à partir du 25 janvier sur Netflix.
#Leffroyable #fascinante #histoire #Griselda #Blanco #baronne #cocaïne #qui #tué #tous #ses #maris
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT