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La reine danoise qui a traduit un livre sur Simone de Beauvoir | Culture

La reine danoise qui a traduit un livre sur Simone de Beauvoir |  Culture

2024-01-19 07:30:00

La reine Marguerite du Danemark, qui vient de céder le trône à son fils Frédéric, a traduit dans les années 1980 un roman de Simone de Beauvoir, Tous les hommes sont mortels. Peu de monarques actifs se sont consacrés à la traduction littéraire, dans le cas d’une écrivaine française surtout connue pour son essai Le deuxième sexe (1949), un livre qui reste extrêmement influent et cité. Cependant, Beauvoir était bien plus qu’une pionnière du féminisme.

Ses romans, comme Les mandarines, portrait impitoyable du Paris libéré avec lequel il remporte le Goncourt en 1954, sont extraordinaires. Mais son œuvre la plus marquante reste peut-être ses mémoires, que la Pléiade a rassemblés en 2018 en deux volumes. L’influence sur le canon littéraire européen de la collection de classiques de Gallimard est si écrasante que, lorsque ses romans y figuraient, Mario Vargas Llosa a déclaré que cela lui semblait aussi important que de remporter un prix Nobel, voire plus. Dans ce cas, il a sans aucun doute rendu justice à l’héritage littéraire de Beauvoir : ses albums dressent un portrait non seulement de sa vie, mais de toute son époque. Mémoires d’une jeune femme formelle (il existe une traduction espagnole chez Edhasa, qui a édité ses principaux textes) c’est un chef-d’œuvre d’adaptation et de rébellion dans lequel chaque nouvelle génération peut se redécouvrir.

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Le choix du titre traduit par la reine Marguerite est d’ailleurs très significatif. Tous les hommes sont mortels, Un roman existentialiste sur un prince toscan qui atteint l’immortalité, aborde un thème central de son œuvre, la mort. Beauvoir a écrit un livre court et impressionnant sur la maladie et la mort de sa mère, Une mort très douce, un volume qui dépasse à peine la centaine de pages, mais qui n’est jamais terminé. Même si c’est une mort qui fait partie de la vie, réfléchit Beauvoir, elle n’en reste pas moins douloureuse et brutale. C’est une chose à laquelle nous ne sommes jamais préparés, même si nous savons que cela va arriver. « On ne meurt pas de naissance, ni d’avoir vécu, ni de vieillesse. « Nous sommes morts de quelque chose », écrit-il. « Savoir que ma mère était proche de la mort en raison de son âge n’a pas atténué une horrible surprise : elle avait un cancer. “C’était aussi brutal et inattendu qu’un moteur d’avion qui s’arrête en plein vol.” Et un peu plus tard, dans les derniers mots du livre, il affirme : « Il n’y a pas de mort naturelle : rien de ce qui arrive à l’homme n’est naturel parce que sa présence interpelle le monde. “Tous les hommes sont mortels mais pour chacun leur mort est un accident et, même s’ils le savent et y consentent, une violence insolite.”

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La reine Marguerite du Danemark à Herning en 2022.Bo Amstrup (EFE)

Lorsqu’un proche décède, quelles que soient les circonstances, les souvenirs et les réflexions de Beauvoir aident beaucoup car ils cimentent le sentiment qu’il existe une douleur partagée par tous les êtres humains. Peu importe à quel point nous sommes mentalement préparés, quel que soit l’âge ou la maladie de la personne qui traverse la lagune, nous ne serons jamais préparés. La mère de Beauvoir lui a avoué lorsqu’elle a su que la fin était proche : “Je n’ai pas peur de la mort, ce que je crains, c’est le saut.”

Simone de Beauvoir a également écrit un autre livre impressionnant, La cérémonie d’adieu, à la mort de Jean-Paul Sartre, sa compagne de vie et autre géant littéraire dont l’ombre, ne serait-ce que pour polémiquer avec elle, continue de flotter sur le XXIe siècle. Elle se termine par ces mots : « Sa mort nous sépare. Ma mort ne nous réunira pas. C’est comme ça : c’est déjà assez beau pour que nos vies puissent s’accorder depuis si longtemps.»

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