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La gestion de quinze migrants expulsés d’un logement divise près de Nantes.

La gestion de quinze migrants expulsés d’un logement divise près de Nantes.

Des associations et habitants de Rezé s’inquiètent du sort «catastrophique» de ces Saoudiens et Tchadiens, relogés par la préfecture de Loire-Atlantique, qui pour la plupart ont un titre de séjour et travaillent.

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Publié le 16/04/2023 à 12:00

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Mercredi soir, un rassemblement a eu lieu devant un bâtiment inoccupé à Rezé en soutien aux quinze migrants expulsés. RD

Le Figaro Nantes

Le 4 avril, peu après la fin de la trêve hivernalequinze migrants ont été expulsés d’un logement qu’ils occupaient depuis un an à Rezéune commune limitrophe de Nantes. «Ils étaient en bonne entente avec leurs voisins, leurs papiers étaient régularisés, ils avaient trouvé un travail et commençaient à reconstruire leur vie»indique dans un communiqué un collectif d’associations, d’élus locaux et de citoyens soucieux de leur devenir. Ces Tchadiens et Saoudiens occupaient une maison inhabitée, propriété d’un promoteur, qui a décidé de faire exercer son droit à la récupérer.

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«Ni la mairie ni les collectifs n’avaient signalé la situation aux services de la DDETS (Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités, NDLR). La demande de l’huissier pour exécution de l’ordonnance judiciaire a fait état d’un bâtiment occupé par deux personnes»rapporte au Figarola préfecture de Loire-Atlantique. Si l’expulsion est légale, ce sont davantage les conditions dans lesquelles elle s’est déroulée qui sont contestées. «Il a fallu de longues négociations, et l’appui d’élus, pour qu’ils puissent récupérer leurs affaires»fustige un membre du collectif qui critique le «manque d’humanité» en la matière.

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Première nuit dans un squat

Après une première nuit dans un autre squat de Rezé, une solution d’hébergement a été proposée par les services de la préfecture via le service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO). Dix jours plus tard, la plupart s’y trouvent toujours. «Sur les 14 situations présentes [l’un des migrants est resté dans un squat de Rezé depuis l’expulsion, NDLR], quatre personnes ont délibérément quitté l’hébergement ou ne se sont pas présentées. Deux personnes ont été réorientées vers les dispositifs d’insertion ou d’accueil de demandeurs d’asile. Huit autres personnes sont toujours prises en charge sur l’hébergement d’urgence proposé»énumère la préfecture.

Si la solution temporaire des services de l’État avait pour date butoir le 14 avril, la prise en charge des migrants par les services de l’État «ira au-delà»tient à rassurer Loïc Chusseau, premier adjoint à la mairie de Rezé qui suit le dossier. «La préfecture dit chercher une solution plus pérenne et un hébergement plus adéquat. Elle sait qu’en l’état actuel des choses cela ne correspond pas aux besoins de personnes qui ont un travail»ajoute-t-il. En attendant, pour lui, il est essentiel que les migrants expulsés restent dans le «droit commun» pour être accompagnés par «d’autres dispositifs sociaux».

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Travailler ou être logés

Pour le collectif de soutien aux migrants expulsés, la vision des choses diffère. Dénonçant une «situation humaine catastrophique»il regrette que le groupe «qui fonctionnait beaucoup sur l’entraide se retrouve dispatché aux quatre coins de Loire-Atlantique». En outre, selon le collectif, la plupart des migrants «n’ont plus la possibilité de se rendre à leur travail» car ils sont «déplacés à plus de deux heures de route de leur emploi». Pour illustrer “l’aberration” en cours qui rend la vie des migrants “impossible”, l’un des membres du collectif prend pour exemple le cas d’un agent de sécurité d’une grande surface de l’agglomération nantaise qui finit son service après la fermeture du centre où il est hébergé.

«Ils doivent donc choisir entre être logés ou travailler. S’ils choisissent le logement, ils doivent attendre dehors toute la journée dans des quartiers qui ne leur sont pas familiers et se débrouiller pour manger dehors, puisque les bâtiments du 115 ne sont pas toujours équipés de cuisine»pointe le collectif. Au sujet de l’alimentation, un membre du collectif indique une autre problématique actuelle : «Tous sont musulmans et font le ramadan. Au moment de rompre le jeûne, ils sont dans les centres où ils ne peuvent se faire à manger.»

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Convention d’occupation précaire

En raison de cette litanie de griefs, le collectif presse la préfecture de faire mieux. «Nous demandons à l’État de prendre ses responsabilités et de protéger les personnes qui vivent sur son territoire»écrit le collectif. Mercredi soir, plusieurs de ses membres se sont retrouvés devant l’hôtel du Cheval Blanc, un bâtiment inoccupé à Rezé. Un «symbole» selon l’interlocuteur avec lequel Le Figaro s’est entretenu. L’occasion d’interpeller la mairie sur «les bâtiments vides» de la commune qui pourraient faire l’objet d’une potentielle «convention d’occupation précaire» comme cela a déjà été fait par le passé sur ce site précis.

«Nous n’avons plus de logements d’urgence disponible. Ils sont déjà occupés, depuis 2018 pour l’un et 2020 pour l’autre, par des personnes exilées ou des migrants d’Europe de l’Est»indique Loïc Chusseau qui signale que la Ville de Rezé a déjà pour habitude de travailler avec les propriétaires ou promoteurs de bâtiments inoccupés pour «optimiser l’utilisation des logements». Dans le cas des quinze migrants expulsés, il ne souscrit pas à cette solution : «Cette façon de faire n’est pas toujours bénéfique car les individus risquent de ne pas être dans le radar des services sociaux.» Il renvoie vers la préfecture qui de son côté dit vouloir une «réorientation adaptée vers du logement d’insertion au regard des profils des personnes».

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