La Crise de la Biodiversité: L’Urgeance de Sauver l’Avenir de l’Humanité

La crise de la biodiversité est aussi préoccupante que le changement climatique, mais elle n’est pas aussi connue du grand public, regrette Gerardo Ceballos, professeur à l’Université nationale autonome du Mexique, et co-auteur de cette étude publiée dans la revue PNAS. Selon lui, il y a une urgence, car l’avenir de l’humanité est en jeu. De nombreuses études ont déjà été menées sur les disparitions d’espèces, mais cette étude se distingue en se penchant sur l’extinction de genres entiers. Le genre se situe entre l’espèce et la famille dans la classification des êtres vivants. Cette étude démontre la perte de branches entières de l’arbre de la vie, selon Robert Cowie, biologiste à l’Université d’Hawaï qui n’a pas participé à l’étude.

Les chercheurs se sont appuyés sur les listes d’espèces éteintes de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) pour mener cette étude. Ils ont principalement étudié les espèces de vertébrés (à l’exception des poissons) pour lesquels il existe davantage de données. Sur environ 5 400 genres, comprenant 34 600 espèces, ils ont conclu que 73 d’entre eux s’étaient éteints au cours des 500 dernières années, la plupart au cours des deux derniers siècles. Les oiseaux étaient les plus touchés, suivis des mammifères, des amphibiens et des reptiles. En comparant ces chiffres aux taux d’extinction estimés grâce aux traces fossiles sur le long terme, les chercheurs ont constaté que le rythme actuel d’extinction est bien supérieur à la normale.

La cause de ces extinctions est principalement liée aux activités humaines, telles que la destruction des habitats naturels pour l’agriculture, les infrastructures et d’autres besoins, ainsi que la surexploitation des ressources naturelles. La perte d’un genre peut avoir des conséquences sur tout l’écosystème, voire conduire à l’effondrement de la civilisation, selon Gerardo Ceballos. Il compare cela à retirer des briques d’un mur, soulignant que si on en retire de nombreuses autres, le mur finira par s’effondrer.

Gerardo Ceballos affirme qu’il s’agit d’une sixième extinction de masse, bien que certains experts débattent encore de savoir si elle a déjà commencé. La dernière extinction de masse remonte à 66 millions d’années, avec la disparition des dinosaures suite à l’impact d’un astéroïde. Si les espèces continuent de s’éteindre au rythme actuel, cela pourrait déclencher la sixième extinction de masse. La particularité de celle-ci est qu’elle est causée par l’humain, qui a également le pouvoir d’agir pour y remédier.

Gerardo Ceballos met en garde contre la fermeture imminente de la fenêtre d’action, mais estime qu’il est encore temps de sauver de nombreux genres. La priorité est de mettre fin à la destruction des habitats naturels et de restaurer ceux qui ont été perdus. Il espère une prise de conscience rapide de la part des gouvernements, des entreprises et de la population sur cette situation et ses conséquences.