Un nouvel acteur émerge dans le monde du streaming et du jeu vidéo. À la façon des clubs de football rachetés par le Qatar ou l’Arabie saoudite, Kick n’hésite pas à occasionner des transferts de créateurs entre Twitch et sa plateforme contre des chèques de plusieurs dizaines de millions d’euros. Une stratégie qui vise à faire basculer l’audience entre les deux plateformes. Mais pourra-t-elle se frotter réellement au bébé d’Amazon, qui attire plus de 140 millions de visiteurs uniques par jour ?
Kick, c’est quoi ?
Kick.com est une plateforme de streaming vidéo en direct et de vidéo à la demande lancée en décembre 2022. Elle permet, comme sur Twitch, à des créateurs de diffuser gratuitement un flux en direct, puis disponible en revisionnage aux internautes. Ces derniers peuvent alors s’abonner aux créateurs de leur choix et participer aux émissions via le chat ou en bénéficiant de fonctionnalités premium nécessitant une souscription (un “sous”) à la chaîne souhaitée.
Cosmétiquement, Kick est pratiquement un copier-coller de Twitch, jusque dans son logo pixélisé. L’interface est identique avec des streams en vedette, des top catégories et un riche volet Parcourir qui permet de rechercher des “banderoles” selon des catégories de contenus spécifiques. Il se dit même que la plateforme aurait profité de la fuite du code source de Twitch pour assembler la sienne. Enfin, là aussi, la plateforme est largement dédiée au jeu vidéo.
En quoi est-ce différent de Twitch ?
Avec un tel portrait, on est en droit de se demander ce qui pourrait bien pousser les utilisateurs et “banderoles” à se tourner vers Kick plutôt que Twitch, d’autant que d’autres ont essayé avant lui de s’attaquer au mastodonte racheté en 2014 par Amazon. Propriété du groupe de casino en ligne Stake, Kick mise sur une politique plus permissive en matière de contenus. Ainsi, les jeux de hasard y sont autorisés, tandis que Twitch a décidé en septembre 2022 que la diffusion de certains jeux d’argent comme la roulette ou les machines à sous serait plus fortement contrôlée. Au contraire, ces activités sont totalement permises sur Kick, et même largement mises en avant dans les différents onglets de recherche.
Autre élément différenciant : la rétribution des streamers. Et c’est bien ainsi que Kick ambitionne d’attirer à lui une foule de vidéastes agacés par le partage des revenus de Twitch. La répartition y est de 95 % pour le streamer et 5 % pour la plateforme, bien loin des 50 à 70 % proposés par Twitch pour le créateur. La rémunération est donc pratiquement doublée pour les petits “banderoles”.
Enfin, un peu comme le Twitter d’Elon Musk diffère du Twitter de Jack Dorsey, la plateforme Kick semble bien plus permissive en matière de comportements. Ainsi, beaucoup de voix se sont élevées pour dénoncer les trop maigres moyens mis en matière de modération.
Pourquoi parle-t-on subitement de Kick ?
Kick utilise une stratégie financière très agressive pour tenter de faire passer les utilisateurs et streamers de Twitch sur Kick. Le 16 juin dernier, ce réseau social s’est félicité d’avoir enrôlé l’un des streamers les plus populaires de Twitch, le Canadien xQc, alias Félix Lengyel. Fort d’une communauté de 12 millions de personnes, le créateur a signé un contrat (non-exclusif) avec la plateforme contre la somme supposée de 100 millions de dollars (70 millions + bonus). Il se murmure les mêmes chiffres pour la streameuse Amouranth qui a lâché ses 6,2 millions d’abonnés sur Twitch contre un contrat d’exclusivité de deux ans chez Kick. D’autres noms devraient être annoncés dans les prochains jours. En France, on sait que le streamer ChowH1, 745 000 abonnés, s’est lui aussi lancé chez ce concurrent.
La stratégie semble fonctionner, du moins en croissance d’audience. Le 18 juin, Kick a déclaré qu’un million de personnes s’étaient inscrites sur sa plateforme en moins de 24 h. Reste que d’autres avant Kick se sont essayés à faire de l’ombre à Twitch. On se souvient ainsi de Mixer, la plateforme lancée en 2016 et qui avait séduit le streamer Ninja, avant de fermer en 2020, quatre ans après seulement.
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