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Julie Héraclès donne un visage à la « Tondue de Chartres » : « Je la connais depuis toute petite »

Julie Héraclès donne un visage à la « Tondue de Chartres » : « Je la connais depuis toute petite »

C’est l’une des « poules à boches », comme on les appelait à l’époque, tondue le 16 août 1944. À Chartres (Eure-et-Loir), onze femmes ont subi l’ire de la foule pour collaboration avec l’ennemi. L’une d’elles a été immortalisée par le célèbre photographe Robert Capa. Simone Touseau tient dans ses bras son bébé de trois mois, né de sa liaison avec un soldat allemand. Marquée au fer rouge, elle avance au milieu d’une foule haineuse.

Dans son premier roman, « Vous ne connaissez rien de moi » (Éditions JC Lattès), Julie Héraclès donne la parole à cette pronazie notoire, sur laquelle les historiens savent très peu. « J’ai arrêté de travailler pour ce projet. Je suis Chartraine, cette photo je la connais depuis toute petite et j’avais de la compassion pour cette femme que je pensais victime de l’épuration sauvage. Mais j’ai découvert qu’elle avait sciemment collaboré et qu’elle avait admiré le régime nazi. Ce qui m’intéressait, c’est d’essayer d’explorer le cheminement de cette femme. Pourquoi est-ce qu’elle en est arrivée là, quels sont les événements qui l’ont poussé à collaborer ? »

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Sur la couverture du livre, Simone Touseau tient dans ses bras son bébé de trois mois, né de sa liaison avec un soldat allemand : une scène saisie par le photographe Robert Capa. DR

La volonté de l’autrice est d’en faire un personnage libre au tempérament incandescent, sans jamais la dédouaner. Pour raconter, le destin de cette « putain de la nation », la Chartraine s’est éloignée de ses terres. C’est à la Réunion, à des milliers de kilomètres, que, pendant trois années, elle imagine le parcours de la « collabo ». « Si j’étais restée à Chartres, j’aurais été trop imprégnée par la ville. En étant éloignée, j’ai développé mon imaginaire et réinventé la ville de Chartres », reconnaît Julie Héraclès.

Une pronazie presque « sympathique »

Écrit à la première personne du singulier, le roman transporte son lecteur dans les pensées de cette femme amoureuse de l’ennemi. Volontairement, Julie Héraclès l’affuble d’un langage populaire, ancré dans la France des années 1940. Tout rappelle le Chartres de l’époque mais ce n’est qu’une impression. « Ce n’est absolument pas un roman historique‚c’est un roman avec des éléments ajoutés purement fictionnels », prévient l’écrivaine. Son livre se base sur la photo de Capa et ses souvenirs.

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Toute l’histoire ou presque est imaginée : son amie juive alors que Simone est foncièrement antisémite, sa main tendue à une résistante, sa première histoire d’amour, son sentiment de déclassement… une Simone presque sympathique sur les épaules de laquelle plane l’ombre nazie.

Depuis sa sortie, fin août, le livre est un succès. Encensé par la critique et les libraires, le roman a remporté le prix Stanislas, du meilleur premier roman. « Jamais j’aurais imaginé obtenir ce prix. Pour moi c’est une aventure extraordinaire qui dépasse tout ce que j’aurais pu penser, c’est incroyable, je n’ai plus de mots », réagit l’écrivaine de 44 ans. Les droits pour une adaptation au cinéma de l’ouvrage ont été achetés avant même la sortie du livre en librairie.

« Vous ne connaissez rien de moi » (Éditions JC Lattès). L’autrice, Julie Héraclès, dédicacera son roman à Chartres le samedi 16 septembre à la Librairie L’Esperluète, 10, rue Noël Ballay (17h30).

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2023-09-14 10:00:00
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