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“Je n’aime pas ça non plus”

“Je n’aime pas ça non plus”

Paris Emmanuel Macron a choisi un cadre inhabituel pour ses premières déclarations publiques sur la décision controversée de faire passer sa réforme des retraites malgré des protestations massives et l’absence de vote parlementaire. Au lieu de l’habituel discours à la nation aux heures de grande écoute le soir, le président français s’est expliqué dans une interview télévisée à l’heure du déjeuner. Macron y a clairement fait savoir mercredi qu’il s’en tiendrait à la loi – et qu’il voulait poursuivre son cours de réforme pour le pays même sans majorité claire.

“Est-ce que vous trouvez que j’aime faire cette réforme ?”, a demandé le président aux animateurs des deux grandes chaînes TF1 et France 2. “Non !” abordable dans une société vieillissante.

Macron utilise cet argument depuis des mois pour promouvoir la réforme, considérée comme le projet de politique intérieure le plus important de son second mandat. Lors de son premier mandat, le président avait déjà tenté de réformer les retraites, mais l’avait abandonné au printemps 2020 après des manifestations et sur fond d’apparition de la crise du coronavirus. Désormais, il ne laissait aucun doute : la loi entrera en vigueur “d’ici la fin de l’année”.

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“Entre les sondages à court terme et l’intérêt général du pays, je choisis l’intérêt général”, a déclaré Macron. Son comportement rappelait quelque peu la détermination provocante de la politique de Basta, avec laquelle le chancelier du SPD Gerhard Schröder a fait passer les réformes sociales de l’Agenda 2010 malgré les protestations et la résistance de son propre parti.

Macron: „Non, je ne regrette rien“

Macron a déclaré dans l’interview qu’il n’avait aucun regret – peut-être juste qu’il n’avait pas clairement expliqué la nécessité de cette réforme. Ses prédécesseurs auraient repoussé la question sensible.

“Et plus on attend, plus ça s’aggrave.” Les alternatives seraient de baisser les retraites, d’augmenter les cotisations de sécurité sociale ou d’augmenter la dette publique déjà élevée.

Selon les sondages, les Français rejettent à une nette majorité le relèvement de l’âge de la retraite. Dans le baromètre politique de l’institut de recherche d’opinion Ifop, la popularité de Macron est tombée à 28% – la valeur la plus basse depuis les manifestations du gilet jaune il y a quatre ans. Des grèves paralysent le pays depuis janvier et des millions de personnes sont descendues dans la rue lors des journées nationales de protestation.

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A l’Assemblée nationale, où l’alliance du centre de Macron n’a plus sa propre majorité depuis les élections législatives de juin 2022, la loi avait menacé d’échouer. Macron a donc décidé de faire passer la réforme controversée sans vote des députés.

Jeudi dernier, la Première ministre Élisabeth Borne a invoqué une procuration spéciale prévue à l’article 49.3 de la Constitution. L’opposition a alors déposé un vote de défiance au gouvernement, qui a échoué de peu lundi soir. Depuis, la loi a été formellement adoptée – même si le Conseil constitutionnel français doit encore examiner définitivement sa légalité.

Des centaines de personnes arrêtées lors de manifestations

Les protestations se sont intensifiées ces derniers jours. Des poubelles et des barricades ont brûlé dans plusieurs villes, et la police a utilisé des gaz lacrymogènes. Des centaines de personnes ont été arrêtées.

Manifestations à Marseille

Des dockers se tiennent devant une barricade en feu au port de Marseille. En France, des milliers de personnes ont de nouveau manifesté contre la réforme des retraites du gouvernement.


(Photo: dpa)

Macron a déclaré dans l’interview que les manifestations contre la réforme sont légitimes. Cependant, le président a critiqué “l’extrême violence” qui était également dirigée contre les représentants de l’État et les parlementaires. Plus récemment, des bureaux de circonscription ont été attaqués par des députés et une mairie de Lyon a été prise d’assaut.

Selon les médias français, le président a déclaré mardi soir lors d’une réunion avec des députés de son alliance du centre que la “foule” dans les rues n’avait aucune “légitimité démocratique”. Macron a expliqué mercredi la déclaration, que ses opposants ont citée comme une preuve supplémentaire de la distance du chef de l’État : la loi sur les retraites passe par les institutions comme le prescrit la constitution – et l’échec du vote de défiance a montré qu’il n’y avait pas d’alternative majorité au parlement.

>> Lire ici : Le gouvernement Macron survit à un vote de défiance – mais les protestations contre la réforme des retraites se poursuivent

Les syndicats ont appelé à une nouvelle journée nationale de manifestations jeudi. L’entretien n’a pas apaisé les opposants à la réforme des retraites, bien au contraire. Macron “a versé encore plus d’huile sur le feu”, a déclaré le chef du parti socialiste Olivier Faure.

Macron veut continuer à être le président réformateur

Macron a proposé aux syndicats un dialogue sur la manière dont les travailleurs âgés pourraient être soutenus – par exemple, en recyclant les personnes dans des emplois physiquement exigeants. Il a également proposé une règle obligeant les entreprises très rentables à partager les bénéfices avec leurs employés, plutôt que de simplement racheter des actions.

“Il y a un sentiment d’injustice et j’entends cela”, a déclaré Macron. Le président a expliqué qu’il ne voulait pas rester immobile pendant les quatre années restantes et qu’il voulait mener de nouvelles réformes – dans les écoles, dans le système de santé, dans le cadre économique.

Le gouvernement a reporté le projet de loi de réforme de la loi sur l’immigration, qui devait être débattu la semaine prochaine, au vu de l’ambiance houleuse au parlement.

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