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Hausse inquiétante des infections graves au streptocoque de groupe A au Japon

Hausse inquiétante des infections graves au streptocoque de groupe A au Japon

Le Japon enregistre depuis 2023, et plus encore depuis le début de l’année 2024, une hausse des infections graves dues au streptocoque de groupe A, mortelles dans environ un tiers des cas. Une situation qui inquiète les voyageurs à l’étranger, en pleine saison touristique.

En pleine saison du Hanami, celle des cerisiers en fleurs, la bactérie “mangeuse de chair” se répand au Japon et inquiète à l’étranger. Une inquiétude couplée à une crainte de voir émerger une nouvelle pandémie, quatre ans après l’apparition du Covid-19 en Chine, reflétées par la couverture médiatique internationale de la situation sanitaire dans ce pays. Et pour cause, le syndrome de choc toxique streptococcique (SCTS), une forme d’infection sévère causée par des streptocoques du groupe A (SGA), est mortelle dans un cas sur trois, selon le gouvernement métropolitain de Tokyo. De début janvier à fin mars, 556 cas d’infection sévère ont été enregistrés dans l’ensemble du pays, soit plus de la moitié des cas recensés sur toute l’année 2023 qui comptabilisait déjà un record de contaminations (941).

Alors que plus de la moitié des départements sont en alerte rouge au Japon, plusieurs pays étrangers ont mis en garde les voyageurs en cette période touristique. Il convient de respecter les règles générales d’hygiène, de suivre les recommandations générales pour prévenir la propagation des infections et de consulter rapidement un médecin en cas d’apparition de symptômes”, mettait en garde, fin mars sur son site le ministère français des Affaires étrangères, appelant ses ressortissants à se tenir informés de l’évolution de la situation.

Les autorités nippones se veulent pourtant mesurées : elles affirment que le Japon n’est ni le premier, ni le seul pays à connaître une recrudescence des infections. Dans un avis publié le 29 mars sur son site le ministère japonais de la Santé déclare qu’il n’est “pas nécessaire” pour les touristes “d’annuler leurs projets de voyage en raison de l’épidémie de cette maladie”, mais leur conseille néanmoins de porter des masques et de maintenir une bonne hygiène.

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Des complications rares, mais souvent mortellesLe streptocoque du groupe A (Streptococcus Pyogenes) est une bactérie qui se transmet par voie aérienne ou par contact avec des patients atteints de lésions cutanées, et se transmet uniquement d’humain à humain.

“Entre 10 à 20 % des personnes ont cette bactérie sur elles de façon asymptomatique”, explique à France 24 Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l’Université de Montpellier. Dans la plupart des cas, ces bactéries sont transmises par contact direct et gouttelettes, et sont dans 80 % des cas responsables d’infections bénignes – traitées avec des antibiotiques – comme l’angine, la pharyngite, l’amygdalite, la scarlatine et d’infections de la peau comme l’impetigo. Mais dans de rares cas, le SGA est à l’origine d’infections invasives sévères (IISGA), souvent mortelles. Pour des raisons qui ne sont pas encore tout à fait claires, “la bactérie arrive parfois à se reproduire dans le sang et à produire une toxine – la streptolysine – provoquant un choc toxique extrêmement grave”, détaille Mircea Sofonea. Le SCTS, qui conduit à la défaillance de certains organes, est mortel dans 30 % des cas. Parmi les autres formes graves, la méningite, une inflammation des membranes qui protègent le cerveau et la moelle épinière, est mortelle dans 50 % des cas, et la fasciite nécrosante qui, selon Santé publique France conduit à “la destruction complète des tissus mous, d’où son surnom de ‘bactérie mangeuse de chair'”. Celle-ci affiche un taux de létalité variant de 20 à 45 %.

Les raisons pour lesquelles un patient développe une forme grave ne sont pas toujours évidentes à déceler. “On sait que pour les infections des tissus mous, cela peut être lié à une accumulation de bactéries dans le sang”, explique Mircea Sofonea, qui ajoute qu’à l’instar du Covid-19, certains facteurs de risques, comme l’âge ou les comorbidités, peuvent également intervenir.

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“On ne sait pas, à chaud, pourquoi il y a une augmentation”, ajoute le spécialiste des maladies infectieuses, précisant que cela est généralement connu ultérieurement à force d’études. À ce stade, la plupart des experts évoquent cependant une corrélation avec la levée des restrictions imposées pendant la pandémie de Covid-19.

Auprès du Gardien en mars dernier, Ken Kikuchi, professeur spécialiste des maladies infectieuses à la Tokyo Women’s Medical University, considérait en effet que la reclassification du Covid-19 (en infection de type 5, au même titre que la grippe saisonnière) était à l’origine de l’augmentation des infections au SGA. “Cela a conduit davantage de personnes à abandonner les mesures de base visant à prévenir les infections”, expliquait-il, évoquant également une baisse de l’immunité après la pandémie de coronavirus. “Le statut immunologique des personnes après s’être remises du Covid-19 pourrait modifier leur sensibilité à certains micro-organismes.”

Un “effet de loupe” sur le Japon, mais une situation qui n’a rien d’inéditMi-mars, en Corée du Sud, les médias tiraient la sonnette d’alarme pour mettre en garde la population contre les risques de contamination. La situation sanitaire a également valu à l’équipe japonaise de football l’annulation d’un match qualificatif pour le Mondial-2026 qui devait se tenir en Corée du Nord, le 26 mars.

Mircea Sofonea relativise le phénomène constaté chaque année consistant en “un effet de loupe sur des maladies déjà bien connues”. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’une infection ou un virus est désigné par des appellations spectaculaires telles que “bactérie mangeuse de chair”, ou “amibe mangeuse de cerveau” prend-il pour exemple, en référence à cette infection rarissime qui revient sur le devant de la scène médiatique chaque fois qu’un décès est enregistré.

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Lors d’un point presse, le porte-parole du gouvernement japonais, Yoshimasa Hayashi, a refusé de commenter la décision de Pyongyang d’annuler le match de qualification au Mondial-2026, mais a insisté sur le fait que le Japon n’était pas le seul pays à être concerné par le SCTS. Depuis la fin de la pandémie de Covid-19, “le nombre de patients atteints d’infections des voies respiratoires a augmenté dans divers pays, y compris au Japon”, affirmait-il.

En effet, si la situation nippone préoccupe, elle n’a pourtant rien d’inédit. Récemment, la France elle-même et d’autres pays européens (Royaume-Uni, Pays-Bas, Danemark) ont connu une augmentation des cas d’infections invasives à streptocoque du groupe A dans des proportions importantes sans que cela n’affole le monde. À la fin de l’année 2022, plusieurs alertes avaient été émises par les autorités sanitaires françaises. “Depuis septembre 2022, il est observé en France une augmentation des cas d’infections non invasives à streptocoque de groupe A comme les scarlatines, mais également des infections invasives, en particulier chez les enfants”, alertait le 15 décembre 2022 la Direction générale de la Santé (DGS), évoquant un phénomène “partagé à l’échelle européenne”. En mars 2023, Santé publique France notait par ailleurs que la fréquence des cas d’infections associés à un SCTS était en hausse, passant de 16,5 % sur la période 2017-2021 à 21 % en décembre 2022.

“Il existe des conditions plus ou moins favorables en fonction des contacts entre les humains”, explique Mircea Sofonea, qui évoque également l’existence de différentes souches, dont certaines sont parfois plus virulentes. En France, c’est le génotype “M1” qui prédomine. Le Japon indique quant à lui avoir détecté sur son sol la circulation de la lignée “M1UK”, d’origine britannique, une souche connue pour provoquer davantage d’infections invasives, et donc de décès.
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2024-04-12 13:51:04

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