Hausse inattendue d’infections liées à Mycoplasma pneumoniae en France

Paris, le 26 décembre 2023 – Une hausse inattendue d’infections
respiratoires liées à Mycoplasma pneumoniae a été
constatée en France depuis la fin de l’été 2023, atteignant son pic
début novembre. Dans ce contexte, les médecins de ville se voient
proposer une stratégie diagnostique et thérapeutique claire dans
une fiche d’orientation publiée par la HAS (Haute autorité de
santé).

Dans celle-ci, les médecins sont incités à considérer
Mycoplasma pneumoniae comme une cause potentielle de
pneumonie, en particulier devant un tableau de pneumonie aiguë
communautaire d’installation progressive, parfois accompagnée de
signes extra-respiratoires et en cas d’échec de l’antibiothérapie
par amoxicilline ou amoxicilline-acide clavulanique à 48h-72h.

En cas de forte suspicion clinique, une antibiothérapie
probabiliste par macrolides doit être initiée sans attendre les
résultats de la radiographie de thorax. La sérologie est jugée
inutile pour le diagnostic à la phase aiguë et une radiographie de
thorax de face est recommandée pour étayer le diagnostic et
rechercher d’éventuelles complications.

L’évolution sous antibiothérapie doit être favorable dans les
48h-72h, et en cas contraire, une réévaluation du patient est
nécessaire. Les critères d’hospitalisation restent les mêmes que
pour toute pneumonie aiguë communautaire. De plus, en période
épidémique, le port du masque chirurgical par les malades et les
professionnels de santé est considéré comme essentiel.

Sur le plan épidémiologique, Santé publique France a publié un
nouveau point de situation au 26 décembre.

Le pic semble dépassé

L’Agence rapporte une augmentation du recours aux soins
d’urgence pour pneumopathie (tous types confondus) mise en évidence
début octobre 2023 par la surveillance syndromique SurSaUD, que ce
soit en ville lors des visites et consultations du réseau SOS
Médecins, ou à l’hôpital dans les services d’urgences du réseau
Oscour.

Cette hausse a été plus marquée depuis début novembre (S44) et
s’est poursuivie jusqu’en S48 tandis qu’une tendance à la
stabilisation s’est amorcée sur les deux semaines suivantes début
décembre (S49 et S50), avec des disparités selon l’âge. Chez les
5-14 ans et les 15-44 ans, ces augmentations étaient plus marquées,
jusqu’à des niveaux atteints très supérieurs à ceux de l’année 2019
avant la pandémie. Chez les 5-14 ans, les indicateurs ont poursuivi
leur hausse jusqu’en semaine 49 puis semblaient amorcer une
diminution en S50, tandis que l’augmentation se poursuivait chez
les 15-44 ans.

Bien que la part attribuable au Mycoplasma pneumoniae
est difficile à connaître, SPF note à l’hôpital que le nombre de
détections par PCR de Mycoplasma pneumoniae a
progressivement augmenté depuis fin juillet puis de façon plus
marquée courant octobre 2023, avec un taux de positivité qui a
doublé entre le début et la fin du mois d’octobre, évoluant de 1,7
% (S40) à 4,0 % (S44).

Cette hausse s’est poursuivie jusqu’à atteindre, fin novembre,
un taux de positivité près de 4 fois supérieur à celui observé à la
même période en 2019 (soit 7,4 % en S47/23 vs 1,7 % en S47/19). Une
diminution s’est amorcée à partir de la semaine 48, et ceci
jusqu’en semaine 49. Une augmentation du taux de positivité est à
nouveau observée en semaine 50, mais ces dernières données ne sont
pas encore consolidées.

En ville, les premières analyses d’une partie des données
sérologiques du réseau 3Labos montrent que le taux de positivité
des tests IgM à Mycoplasma pneumoniae réalisés dans les
laboratoires de biologie médicale de ville, tous âges confondus, a
augmenté dans le courant de l’été 2023. Une nette augmentation
était ensuite observée à partir de début octobre, jusqu’à atteindre
fin novembre (S47) un niveau très supérieur à celui de 2019 à la
même période. Cette hausse était particulièrement marquée chez les
enfants âgés de 5 à 14 ans, sachant que ces tendances seront à
confirmer à la suite de l’intégration de l’ensemble des données du
réseau 3Labos (Eurofins-Biomnis et Cerba).

SPF observe également attentivement les résistances aux
macrolides (traitement de 1^ère intention contre cette
bactérie sans paroi et non sensible aux béta-lactamines). Quatre
souches résistantes ont été mises en évidence par PCR parmi les 112
prélèvements amplifiés depuis la S28 (3,6 %).

FH