Première cause de décès chez les hommes, la deuxième chez les femmes (derrière les maladies cardiovasculaires), la hausse “réelle et notable” selon le professeur Ifrah, n’est pas négligeable. Pire, en prenant en compte la courbe depuis 1990, on observe un doublement du nombre de cas, 98 % de plus chez les patients, 104 % de plus chez les patientes.
De quoi tout expliquer et se rassurer ? Pas vraiment. L’INCa explique 78 % de l’augmentation des cas chez les hommes par ces facteurs, mais seulement 57 % de ceux déclarés chez les femmes. Pour ces dernières, la différence est largement due aux changements dans le mode de vie, avec un coupable désigné : “Le facteur majeur est la consommation de tabac qui a augmenté dans la génération des femmes, après celle des hommes. Les effets apparaissent maintenant avec un décalage dans le temps”, explique la docteure Florence Molinié, spécialiste de santé publique et présidente du Réseau français des registres de cancers. En effet, l’année 2021 a vu le tabagisme repartir à la hausse après des années de baisse, notamment en raison du tabagisme féminin.
De quoi alerter l’ancienne ministre de la santé et ex-présidente de l’INCa, Agnès Buzyn, en décembre 2022, jugeant que les jeunes femmes “perçoivent la cigarette comme une forme de liberté et d’égalité, ce que l’on ne retrouve pas dans d’autres pays. On a toujours eu du mal à les convaincre d’arrêter car elles ont souvent peur de prendre du poids. Ce stress les empêche de se décider”, a-t-elle déclaré.
En effet, les principaux cancers en augmentation chez les femmes sont ceux des lèvres, de la bouche et du pharynx, ainsi que celui du poumon : +1,6 % pour les premiers et surtout 5 % pour le second, un chiffre inquiétant, qui rattrape même celui du cancer du sein, alerte Norbert Ifrah. De même, dans la catégorie des comportements à risque favorisant les cancers, la consommation d’alcool s’est démocratisée pour tous les genres, au point que les cancers du pancréas et du foie augmentent également chez les femmes. Un cas intéressant car en augmentation dans les deux sens : les mélanomes de la peau se multiplient, montrant un manque de protection de la peau contre le soleil.
Pour arrêter cette mécanique, l’INCa appelle à la mobilisation de tous les acteurs : “Nous devons intensifier nos actions en matière de prévention et de dépistage, investir dans la recherche, garantir à tous l’accès à l’innovation”, énumère Norbert Ifrah. Au-delà d’une démographie subie, les facteurs de risque (alcool, tabac, soleil, sédentarité, malbouffe…) peuvent être évités.
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