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Essence of War, quotidien Junge Welt, 13 mai 2024

Essence of War, quotidien Junge Welt, 13 mai 2024

2024-05-13 01:00:00

Leonardo Fernández Viloria/Reuters

Guerre par des moyens économiques : bannière contre la politique de sanctions de Washington (Caracas, 9 mai 2024)

Les hommes politiques occidentaux et les grands journalistes ne se lassent jamais de présenter les sanctions comme un outil politiquement et économiquement efficace contre les États « autoritaires » qualifiés d’hostiles. L’historien Nicholas Mulder a examiné la question de l’évolution historique de la politique des sanctions dans son livre “The Economic Weapon”, en mettant l’accent sur la période entre les deux guerres mondiales. Dans le sous-titre, Mulder décrit les sanctions comme « un outil de guerre moderne ». Il confronte ensuite les lecteurs qui pensaient auparavant que les sanctions étaient une « alternative » à la guerre et un moyen de prévenir les guerres avec des faits qui réfutent cette idée.

Il critique l’efficacité des mesures de boycott économique. En fin de compte, conclut Mulder, la politique de sanctions n’a pas été en mesure de provoquer un « changement de régime ». Dans la plupart des cas, le boycott n’a pas fonctionné. Les sanctions n’ont eu globalement qu’un « effet limité ».

L’auteur commence son histoire de la politique des sanctions avec le début de la Première Guerre mondiale. Il souligne que les boycotts et blocus économiques faisaient partie intégrante de la guerre menée par l’Entente contre les puissances centrales. La Grande-Bretagne et la France créèrent des ministères du blocus dont les mesures étaient étroitement liées à la conduite générale de la guerre. Le but était de ruiner l’ennemi et d’affamer sa population. Les conditions préalables à un vaste boycott commercial étaient le contrôle des océans du monde par des navires de guerre, principalement britanniques et américains. Mulder considère la politique de sanctions comme le résultat du « navalisme » anglo-saxon : celui qui contrôlait les mers contrôlait les flux mondiaux de marchandises en temps de guerre.

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Mulder cite le président américain Woodrow Wilson, qui a déclaré en 1919 que les sanctions étaient « plus puissantes que la guerre » dans leurs effets. Parce qu’ils ont conduit les pays touchés dans un « isolement absolu ». La politique de sanctions est un moyen de pression auquel « aucune nation moderne ne peut résister ». Le blocus économique de la Première Guerre mondiale, qui s’est poursuivi après l’armistice, a coûté la vie à environ 300 000 à 400 000 personnes en Europe centrale à cause de la faim et de la maladie.

Le blocus et les sanctions furent étendus à la Russie soviétique en 1919. Un blocus fut même imposé à l’éphémère République soviétique et à la Hongrie en 1919. Mulder analyse que les sanctions ont joué un « rôle déstabilisateur » à l’époque et déclenché une « spirale d’escalade ». Elles visaient à « l’exclusion matérielle de l’économie mondiale » et étaient « de nature offensive ». Elles constituaient « l’essence d’une guerre totale ». Puisque les sanctions contre l’Allemagne faisaient « partie intégrante du Traité de Versailles », elles restèrent un moyen de compétition impérialiste même après 1919.

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Selon Mulder, un lobby se formait dans les pays anglo-saxons qui s’efforçait constamment d’affiner le concept de sanctions et de les rendre plus efficaces. Il s’agissait notamment d’intellectuels, de journalistes, d’économistes et d’avocats. Les partisans des sanctions cherchaient principalement à politiser des relations économiques auparavant non politisées. En fin de compte, ils se préoccupaient du contrôle de l’État sur les sociétés commerciales privées. On pourrait aussi parler d’une contradiction entre la stratégie impérialiste globale et les capitaux individuels.

Les controverses publiques autour des sanctions en Grande-Bretagne et aux États-Unis sont également évoquées. Le futur Premier ministre Winston Churchill, devenu ministre de la Guerre en 1919, s’est plaint lors d’un débat parlementaire que les sanctions contre l’Allemagne et la Russie affectaient « en particulier les femmes et les enfants, les personnes âgées, les faibles et les pauvres ». affamer tout le monde et le pousser au bolchevisme. » La citation montre que c’est la crainte d’ébranler le pouvoir de la classe bourgeoise qui a rendu Churchill sceptique à l’égard de la politique de sanctions.

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Mulder évoque seulement l’histoire de la politique de sanctions après la Seconde Guerre mondiale. Le fait qu’il ne prenne pas en compte la politique de sanctions et de boycott contre l’Union soviétique et les autres États socialistes après 1945 est une lacune importante de l’ouvrage, dont l’auteur se permet de souligner discrètement que le centre de décision s’est déplacé : avec la fondation des Nations Unies, il était prévu que le Conseil de sécurité décide à l’unanimité des sanctions contre les États. Mais dans la pratique, le Conseil de sécurité nationale américain prend de plus en plus de décisions. Concernant la perspective de nouvelles sanctions de la part des États-Unis et de leurs alliés, Mulder souligne que celles-ci ne sont possibles que tant que le dollar américain reste la base de l’économie mondiale en tant que monnaie de réserve.



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