Erdogan affirme que le Hamas n’est pas une organisation terroriste

ANKARA, 25 octobre (Reuters) – Le président turc Tayyip Erdogan, dans ses commentaires les plus fermes à ce jour sur le conflit à Gaza, a déclaré mercredi que le groupe militant palestinien Hamas n’était pas une organisation terroriste mais un groupe de libération luttant pour protéger les terres et le peuple palestiniens.

La Turquie, membre de l’OTAN, a condamné les morts civiles causées par le déchaînement du Hamas le 7 octobre dans le sud d’Israël, mais a également exhorté les forces israéliennes à agir avec retenue. Alors que la violence et la crise humanitaire à Gaza s’aggravent, Ankara a vivement critiqué les bombardements israéliens sur le territoire.

“Le Hamas n’est pas une organisation terroriste, c’est un groupe de libération, des ‘moudjahidines’ qui mènent une bataille pour protéger leurs terres et leur peuple”, a-t-il déclaré aux députés de son parti, l’AKP, au pouvoir, en utilisant un mot arabe désignant ceux qui se battent pour leur foi.

Contrairement à nombre de ses alliés de l’OTAN et de l’Union européenne, la Turquie ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste et accueille des membres du groupe sur son territoire. Ankara soutient une solution à deux États au conflit israélo-palestinien vieux de plusieurs décennies.

Erdogan a également critiqué les puissances occidentales pour leur soutien aux bombardements israéliens sur Gaza et a appelé à un cessez-le-feu immédiat, à l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza et à ce que les pays musulmans travaillent ensemble pour mettre fin à la violence.

“Les auteurs du massacre et des destructions qui ont lieu à Gaza sont ceux qui apportent un soutien illimité à Israël”, a déclaré Erdogan. “Les attaques d’Israël contre Gaza, tant pour lui-même que pour ceux qui les soutiennent, s’apparentent à des meurtres et à des maladies mentales.”

Les propos d’Erdogan ont été rapidement réprimandés par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, qui les a qualifiés de “graves et dégoûtants et n’ayant pas contribué à la désescalade”. Il a exhorté le ministre italien des Affaires étrangères à déposer une protestation officielle auprès d’Ankara.

VISITE ANNULÉE

Les combats à Gaza surviennent à un moment où la Turquie s’efforce de rétablir ses liens avec Israël après des années d’acrimonie, en se concentrant sur l’énergie comme domaine de coopération.

Indiquant que ces efforts de normalisation étaient désormais suspendus, Erdogan a accusé Israël de profiter des « bonnes intentions » de la Turquie et a déclaré qu’il avait annulé une visite prévue en Israël.

“J’ai serré la main de cet homme nommé Netanyahu une fois dans ma vie”, a déclaré Erdogan, faisant référence à sa rencontre avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu en marge de l’Assemblée générale de l’ONU le mois dernier.

“S’il (Netanyahu) avait continué avec de bonnes intentions, nos relations auraient pu être différentes, mais maintenant malheureusement, cela n’arrivera pas non plus parce qu’ils ont profité de nos bonnes intentions”, a-t-il ajouté.

Erdogan a accusé l’Occident d’hypocrisie pour n’avoir pas répondu à ce qu’il a appelé le « massacre intentionnel » d’Israël à Gaza avec la même détermination qu’il l’a fait lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Plus tôt mercredi, le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré à Doha que l’invasion terrestre prévue de Gaza par Israël transformerait la violence en un « massacre », ajoutant que les pays soutenant Israël étaient « complices » de ses crimes.

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